Juuki retrouva Suna dans les coulisses. Le jeune homme, revêtu de son costume d'arbre, était entouré par une horde de furies déguisées en animaux, qui le gavaient de douceurs en tout genre : biscuits faits maisons, bonbons, chocolats... Les adolescentes, le visage illuminé par un sourire des plus faux et le regard brillant de convoitise, espéraient toutes faire la conquête du charmant Suna en se servant de son point faible : sa gourmandise. L'adolescent, indifférent à leurs cajoleries et autres minauderies, se contentait de s'empiffrer de leurs pâtisseries.
Juuki, face à ce spectacle des plus révoltants, laissa éclater sa jalousie. La lycéenne vêtue d'un costume de marguerite, la plus déterminée à séduire Suna, s'enflamma, sous les cris de ses camarades. L'une d'elle, plus intelligente sans doute, eut le réflexe de se jeter sur l'extincteur afin de sauver son amie des flammes.
Suna contemplait le feu rougeoyant d'un œil distrait, tenant serré contre lui, une boîte en plastique débordante de biscuits. Lorsqu'il releva la tête, il vit Juuki s'enfuir à toutes jambes de la loge. Leur professeur, alerté par les cris, arriva en trombe dans la loge.
— Bon sang ! Que se passe-t-il ici !? Je vous signale que nous allons entrer en scène d'ici dix minutes ! Kamiaku, que faites-vous !?
Suna s'apprêtait à sortir de la pièce. Son professeur s'avança vers lui.
— Puis-je savoir où vous comptez aller ?
Le jeune homme prit sa boîte de biscuits et la fourra dans les mains de son professeur.
— Pouvez-vous me garder ça ? J'ai un truc à régler...
Sans plus d'explications, il quitta la pièce. Le pauvre professeur s'avança dans le couloir.
— Kamiaku, revenez ! Si vous ne m'obéissez pas, vous serez collé jusqu'à la fin de l'année !
Suna ne se retourna pas, peu sensible à ces menaces. Et pour cause ! Il ne pouvait pas être puni, vu que les heures libres dans son emploi de temps jusqu'à la fin de sa scolarité était déjà réservées aux colles qu'il avait accumulées au cours de son année scolaire !
Juuki, loin de toute l'agitation qu'elle venait de provoquer, avait trouvé refuge dans une pièce exiguë, servant de réserve à costumes. Elle s'enveloppa dans une grande cape qu'elle trouva sur un porte-manteau et elle se dissimula derrière un costume de cheval. Le grincement de la porte lui fit relever la tête et elle vit des pieds se dessiner devant elle.
— Juu ? demanda une voix qu'elle ne connaissait que trop bien.
L'adolescente se recroquevilla sur elle-même et bloqua sa respiration afin que Suna ne la voie pas et s'en aille. Elle ne voulait qu'il la trouve ainsi, le visage ruisselant de larmes et en pleine crise de jalousie ! Comme Aisu, elle ne supportait pas de montrer ses faiblesses aux yeux des autres, et en particulier à l'homme qu'elle aimait, car elle savait que Suna lui, s'il avait été encore maudit, n'aurait jamais enseveli un rival sous une montagne de sable !
— Allez Juu, arrête de bouder et sors de ta cachette ! telle que je te connais, tu dois être en train de retenir ton souffle et tu dois être au bord de l'asphyxie ! Je ne tiens vraiment pas à rechercher un cadavre.
Suna aperçut les jambes de la jeune fille. Il esquissa un sourire amusé et s'agenouilla devant elle. Lentement, il écarta les déguisements poussiéreux et prit un air penaud en voyant les larmes de la maudite.
— Tu es fâchée ? s'enquit-il d'un ton triste, volontairement enfantin.
Juuki ne put retenir davantage sa respiration et expira avec fort peu d'élégance. Elle eut un éternuement et un peu de morve jaillit de son nez, qu'elle s'empressa de balayer de sa manche. Comme pour la consoler, le jeune homme sortit un cookie à moitié carbonisé de sa poche et le tendit à son amie.
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Majinai
Paranormal" Sang maudit. Ta véritable nature. Ta malédiction." Kijin Akuma s'enfuit du manoir familial, les mains couvertes de sang et l'âme maudite. Après une longue errance, il trouve refuge chez Aisu Kamiaku et ses deux jeunes cousines. L'adolescent ne va...