Chapitre 15 : Les Enfants perdus

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Kijin et Mori arrivèrent au parc municipal. Main dans la main, ils remontèrent l'allée bordée de parterres de fleurs et de pierres. Ils longèrent un petit ruisseau où Mori s'agenouilla pour saluer les grenouilles et les poissons rouges avant de se promener du côté du kiosque. Mori parlait, détaillant à Kijin chaque fleur, chaque brin d'herbe et insecte qu'ils rencontraient sur leur route. Le jeune homme écoutait quant à lui, cet agréable bavardage qui l'éloignait de sa maussaderie et surtout de la présence désagréable de Majinai.

Ils continuèrent leur chemin jusqu'à ce que Mori, épuisée par son bavardage et cette marche, ne décide de prendre une pause. Ils s'arrêtèrent au coin réservé aux jeux et la jeune maudite s'installa sur une balançoire. Elle eut un petit geste de la main et invita Kijin à prendre place à ses côtés.

Tout en se balançant avec lenteur, elle recommença à parler :

— Tu sais l'autre soir, j'ai été triste de partir si vite. Ce n'était pas ma faute, tu sais...

Son visage s'assombrit. Elle n'avait alors plus rien de l'enfant enjouée que Kijin avait côtoyé quelques minutes auparavant.

— C'est Tsuki, le responsable...

— Tsuki ? Qui est-ce ?

— Un maudit que personne n'aime.

Elle leva le nez en l'air et contempla d'un air triste le soleil déclinant à l'horizon. Comme la plupart des maudits, elle n'avait guère de sympathie pour l'étrange Tsuki, cette  créature au regard si clair et à l'air sinistre. Peu nombreux étaient ceux connaissant les origines véritables de Tsuki. Il errait, tel un spectre malfaisant, dans les pièces du Manoir, prenant plaisir à se moquer et à ricaner de quiconque croisait son chemin. Tsuki ne semblait craindre personne, excepté le Maître qu'il suivait comme une ombre.

— Tsuki est le mouchard de Taiyou, le chef de famille, c'est pour ça qu'il n'est pas tellement aimé. Il est très souvent malade et c'est Raiu qui s'occupe de lui.

— Raiu... médecin..  grommela Kijin. J'ai du mal à le faire à cette idée...

— Il est vraiment médecin ! répliqua la jeune fille, mais il s'occupe seulement de notre famille, on lui interdit d'exercer hors du Manoir.

— Ah...

Mori le scruta longuement du regard.

— Dis Kijin, tu n'aimes pas beaucoup Rai-chan, pas vrai ?

Gêné d'être si facilement percé à jour, Kijin rougit et baissa la tête.

— Pas vraiment... Il ne m'inspire pas confiance...

— Toi non plus ! Il me l'a dit.

— Tu sembles être proche de lui, c'est ton frère ?

Un tendre sourire se dessina sur les lèvres de la jeune maudite.

— J'aimerais bien mais non, même s'il s'occupe de moi comme un frère, il ne l'est pas.

— Tu n'as pas de parents ?

Le regard de la jeune fille se voila de larmes. Kijin se traita intérieurement d'idiot, il souffrait d'un manque évident de tact !

— Désolé, marmonna-t-il d'un ton gêné. Je parle parfois sans réfléchir...

— Ce n'est pas grave... et toi, tu as des frères et des sœurs ?

— Seulement un frère aîné, grommela Kijin d'un air sombre.

Mori eut un sourire radieux.

— C'est vrai ! Tu en as de la chance ! Moi, je suis fille unique et ça me manque de ne pas avoir un frère ou une sœur. Je suis sûre que tu lui manques et à ta maman aussi ! Tu n'aurais pas dû t'en aller comme ça, sans leur dire !

MajinaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant