Chapitre 46 : Regrets

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Pendant ce temps-là, chez Aisu, Raiu se trouvait au chevet de Juuki. Après bien des protestations de la part de l'adolescente, le médecin avait enfin réussi à l'ausculter. La jeune maudite lui adressait des regards outrés tandis qu'il était en train d'examiner le fond de sa gorge.

— Ce n'est rien, déclara-t-il tout en ôtant l'instrument de torture de la bouche de Juuki. Simplement un mauvais rhume, avec deux jours de repos et des médicaments appropriés, ça devrait très vite rentrer dans l'ordre.

— Pas question que j'gobe tes potions, Raiu ! Tes trucs bizarres, ils me filent toujours des pustules !

— C'est pour ton bien Juuki, murmura le jeune homme tout en rangeant son matériel dans sa trousse médicale.

Juuki se dressa d'un bond, une gerbe de flammes apparut tout autour d'elle.

— Rien à foutre d'être malade à en crever ! J'avalerai pas tes médocs ! Faudra me les clouer de force dans le gosier !

D'un geste détaché, nullement effrayé par les flammes rougeoyantes, Raiu se saisit de la carafe d'eau qui se trouvait sur la table de chevet et toujours avec nonchalance, en versa le contenu sur les draps. Le feu poussa un gémissement plaintif avant de se  noyer sous l'eau froide.

— Juuki, sois raisonnable, reprit-il tout en reposant la carafe à sa place.

— Non ! déclara la jeune fille d'un ton catégorique tout en croisant les bras sur la poitrine.

Aisu, qui assistait à la scène, adossée contre la porte, se manifesta :

— Et si je demandais à Kijin de te les donner ? Ça passera mieux, tu crois ?

Juuki lui coula un mauvais regard avant de s'enfermer dans un mutisme buté. Raiu ne put réprimer un vague sourire.

— Juuki, accepte de te soigner. Tu seras très vite sur pied et je te garantis qu'aucun vilain bouton ne viendra ennuyer ce joli petit nez. 

— Tu le jures, Doc ?

Raiu tendit la main vers elle et lui pinça le bout du nez avec tendresse.

— Promis.

La jeune fille soupira et acquiesça avec docilité.

— Entendu, je prendrais tes médocs, Doc. Mais j'te préviens : si j'attrape un seul bouton, je te fais la peau !

Elle les avala et sous le regard amusé des deux adultes, se rallongea sous ses couvertures. Le médecin se releva, Aisu ouvrit la porte et tous deux sortirent dans le couloir.

Lorsqu'ils furent suffisamment loin de Juuki, Aisu se retourna vers son médecin favori, un sourire charmeur accroché aux lèvres.

— Désires-tu boire quelque chose ? 

La réponse du jeune homme, aussi tranchante que la lame de son scalpel, mit fin à sa tentative de séduction.

— Non, je dois retourner au Manoir, j'ai du travail. Les crises de Tsuki sont de plus en plus fréquentes et violentes. 

— Oh, je vois... murmura l'écrivain en prenant un ton plus grave. C'est bientôt la fin, n'est-ce pas ?

— Je le crains. 

Aisu demeura muette. Croyant la discussion terminée, Raiu lui adressa un petit signe de tête et s'apprêtait à s'éloigner lorsqu'il sentit la main de la maudite le retenir par la manche.

— Raiu !

Il se tourna et lui coula un œil surpris. Aisu se saisit de sa main droite et la garda prisonnière de ses doigts.

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