" Sang maudit. Ta véritable nature. Ta malédiction."
Kijin Akuma s'enfuit du manoir familial, les mains couvertes de sang et l'âme maudite.
Après une longue errance, il trouve refuge chez Aisu Kamiaku et ses deux jeunes cousines. L'adolescent ne va...
Loin du Manoir, au même instant, Juuki Kamiaku se réveilla en sursaut. Le cri terrifiant qu'elle poussa, tira Suna de son sommeil. Il se redressa et tourna la tête vers son amie. Celle-ci, pâle comme la mort, fixait d'un point qu'elle seule pouvait voir, les ongles de sa main gauche enfoncés dans son poignet droit.
— Juu, t'as fait un cauchemar ? demanda Suna d'une voix ensommeillée.
La jeune fille éclata en sanglots hystériques. Rien ne semblait pouvoir tarir les larmes jaillissant de ses paupières encore rouges de sommeil. De plus en plus inquiet, Suna entoura les épaules de Juuki de son bras et tenta de l'attirer contre lui. Il retira bien vite sa main, la peau de Juuki était comme consumée par des flammes !
Il vit son corps s'agiter de violents soubresauts et comprit ce qui lui arrivait.
Juuki poussa un second cri. Un feu incontrôlable lui dévorait les entrailles ! Ses larmes, sous l'effet de sa peau chaude comme une braise, se changèrent en vapeur. Sa chair se consumait littéralement ! Des flammes apparurent sur son crâne et se mêlèrent à ses courtes mèches brunes. Suna, assistait, impuissant, à ce spectacle aussi fascinant qu'effroyable !
— Fais quelque chose, Suna ! s'écria la jeune fille tout en se grattant la peau jusqu'au sang pour se débarrasser des flammes la léchant jusqu'aux os. Éteins ce feu !
Suna s'approcha de ce brasier humain et le serra contre sa poitrine, indifférent aux brûlures que ce simple contact infligeaient à son torse dénudé. Il enfouit son visage dans la chevelure en feu et peu sensible aux flammes lui brûlant les yeux, il chuchota d'une voix tendre pour apaiser sa compagne :
— N'aie crainte, tout se passera bien.
La torche humaine qu'était à présent Juuki, enfonça ce qui lui restait d'ongles dans la peau de son compagnon et tenta de se calmer. Elle faisait confiance à Suna et n'avait rien à craindre puisqu'il était là.
Tout d'un coup, la douleur disparut et sa poitrine s'ouvrit sur une profonde entaille. À la place du sang, coula un épais magma qui se répandit sur sa peau. Les flammes dans le corps de Juuki s'endormirent et elle retrouva un aspect humain.
— Encore un peu de patience, Juu, murmura Suna tout en déposant un baiser sur le front baigné de gouttes suintantes.
Le hennissement d'un cheval brisa le silence de la pièce. Surpris, les deux adolescents tournèrent la tête et virent avec stupeur que l'épais magma s'était changé en un cheval noir à la crinière faite de flammes tantôt rouges et jaunes, tantôt violettes. L'animal gratta le sol de son sabot enflammé, se cabra avant de partir au galop à travers la pièce.
Avant d'atteindre le mur, il se tourna une dernière fois vers le jeune couple enlacé, lui adressa un regard de sympathie, et disparut dans une gigantesque gerbe de flammes.
Le calme revint dans la pièce. Juuki eut un sourire à la fois triste et heureux.
— Nous sommes libres, Juuki, chuchota Suna comme pour affirmer ce miracle auquel elle n'osait croire. C'est fini, Juu, tu es libre.
La jeune fille nicha sa tête contre la poitrine de son amant et se mit à sangloter. Elle était libre. Elle se répéta ces quelques mots magiques : elle était libre. Son kami, sa malédiction, tout cela appartenait désormais au passé. Elle était libre de vivre et surtout, d'aimer.
— Suna... Pour nos prochaines vacances, j'aimerais bien aller au bord de la mer, tu m'apprendras à nager, dis ?
— Promis, chuchota-t-il tout en la saisissant par le menton avant d'unir leurs lèvres.
Juuki pressa son corps contre le sien et noua ses bras autour de son cou. Suna ne put réprimer un sourire taquin : leur nuit, contrairement à leur malédiction était loin d'être terminée...
♠♠♠
Tsuki contemplait Kijin endormi à ses côtés ; le kimono de la jeune fille recouvrait leurs deux corps enlacés. La maudite tendit la main vers le beau visage sur lequel flottait un sourire épanoui, et l'effleura d'une caresse. Elle fut prise d'un frisson et se serra contre Kijin afin de se réchauffer. Elle posa sa tête contre la poitrine accueillante et ferma les yeux pour mieux se laisser enivrer par le parfum de son amant. Dans les bras de Kijin, Tsuki se sentait en sécurité et redevenait une jeune fille presque comme les autres. Elle oubliait dans ces rares moments d'intimité, sa condition de maudite et la mort qui peu à peu, s'emparait de son pauvre corps...
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