Chapitre 13 : Sous les étoiles

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Alors que la nuit était déjà bien avancée, Kijin ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il tournait et virait dans son lit. Il pensait à son entretien avec son professeur, à sa nouvelle vie loin des siens, aux Kamiaku et surtout, à Raiu Kamiaku. L'attitude du médecin à son égard, l'avait plus qu'intrigué. Ce dernier lui avait lancé de temps à autre, de curieux regards, emplis de soupçons. Le jeune homme eut un frisson : était-il possible que Raiu ait découvert sa véritable nature et qu'il ne tarderait pas à faire part de ses doutes à Aisu ?

Le jeune homme rejeta ses draps et se leva. Le contact de ses pieds sur le parquet froid le fit frémir. Il se saisit de la veste qui traînait sur son lit, l'enfila avant de quitter la chambre. Le couloir conduisant à l'escalier était plongé dans l'obscurité ; à pas de loup, il s'avança dans le noir.

Quand il passa devant la chambre d'Aisu, il ne put s'empêcher de tendre l'oreille. Il crut percevoir un bruit de sanglots étouffés. Curieux, Kijin s'immobilisa et entrebâilla la porte afin de jeter un coup d'œil à l'intérieur de la pièce. Il vit que la lampe de chevet de l'écrivain était encore allumée et que celle-ci, n'était pas encore couchée. Ce qui le surprit le plus, fut de la voir telle qu'il la vit ce soir-là. Habillée d'une longue chemise de nuit immaculée, les cheveux nattés en tresse, Aisu Kamiaku paraissait plus jeune et fragile. Elle se tenait assise sur son lit, les genoux repliés sous le menton. Elle pleurait, la tête enfouie dans ses mains. Ses pleurs, pareils à ceux d'une enfant, semblaient intarissables. Kijin remarqua alors qu'une sorte de cercueil fait de glace s 'était formé autour de la maudite.

L'adolescent s'écarta de la porte et descendit précipitamment les escaliers, comme s'il craignait de violer l'intimité de son amie.

Kijin, après s'être servi un verre d'eau, s'apprêtait à remonter dans sa chambre, quand il aperçut une silhouette sur la terrasse. Un rayon de lune lui révéla le visage pensif de Juuki. Le jeune homme ouvrit la baie vitrée et prit place aux côtés de son amie.

— Toi aussi, tu n'arrives pas à dormir ? demanda-t-il tout en remontant le col de sa veste.

Pour toute réponse, la jeune fille leva l'index vers le ciel et désigna une constellation.

— Celle-ci, c'est Phoenix, ma préférée. Sais-tu ce qu'est un phénix ? C'est un oiseau légendaire, un oiseau fait de feu, capable de renaître éternellement de ses cendres.

— Et celle-ci ?

Juuki ne put réprimer un sourire.

— Je ne sais pas, je ne les connais pas toutes !

— Bien, fit Kijin en s'allongeant, bras croisés sous la nuque. Apprends-moi le nom de toutes celles que tu connais !

Juuki lui décrocha un regard surpris mais voyant qu'il était sérieux, elle accepta ce rôle tout nouveau pour elle, d'instructeur. Elle s'allongea à ses côtés et commença à lui décrire toutes les constellations et leurs histoires. Cette petite leçon improvisée fit rejaillir en elle, de nombreux souvenirs pas si éloignés que cela. Elle se revoyait enfant, puis jeune adolescente, écoutant avec intérêt les leçons d'astronomie de son père adoptif. Elle n'avait pas été la seule à profiter de cet enseignement. À ses côtés, le nez levé en l'air et le regard perdu dans les cieux, se tenait toujours un adolescent qui était le plus attentif des deux élèves.

Juuki s'interrompit un moment et faisant mine de reprendre son souffle, caressa furtivement ses lèvres de son index. Son souvenir la brûlait encore et lorsqu'elle regardait les étoiles, c'était avant tout un moyen pour elle de penser à lui, au jeune homme au regard couleur de sable. Transmettre un peu de ses connaissances à Kijin était également une manière pour elle, de maintenir vivant le souvenir de ce jeune homme.

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