Chapitre 81 : Âmes en peine (3)

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La chute de Majinai avait provoqué le réveil de Kijin. Le jeune homme ouvrit péniblement les yeux et entre les gouttes de sang lui glissant le long du visage, il aperçut deux silhouettes floues penchées au-dessus de lui.

— Taiyou... murmura-t-il en voulant se relever. Je dois aller tuer Taiyou...

Il vit alors une main ferme se poser sur son épaule pour l'empêcher de se redresser.

— Laisse-le, murmura une voix qu'il reconnut comme étant celle de son frère aîné. Un homme comme Taiyou Kamiaku ne mérite pas que l'on se rende criminel pour lui.

— Fous-moi la paix, Kishin ! s'écria le jeune homme en essayant de le repousser. Je dois...

— Kijin, ne fais pas ça, murmura une voix qui lui parut lointaine. Je ne veux pas que tu deviennes un meurtrier à cause de moi.

Kijin tourna la tête et aperçut Mori, la figure baignée de larmes et qui le fixait d'un regard apeuré.

— Je t'en prie, Kijin... ne meurs pas...

Kijin retira la main de Kishin de son épaule, se redressa et d'un pas titubant s'approcha de son amie. Il lui tendit les bras, Mori se jeta contre lui et il se mit à la bercer.

— C'est promis, chuchota-t-il en la serrant contre lui. Je ne le ferai pas.

À cet instant, Tsuki se réveilla. La vision de Kijin et de Mori enlacés lui fit ressentir une violente jalousie. Elle se hissa sur un coude et décrocha un regard sournois aux quatre personnes qui ne prêtaient pas attention à elle. Elle fut la seule à voir le regard complice qu'échangèrent l'exorciste qui avait osé s'interposer entre Mikazuki et Majinai, et la jeune femme aux courbes généreuses, qu'elle ne reconnut trop bien.

— Tiens, tiens, fit-elle en se relevant. La reine des traînées, Chii Kamiaku, se serait-elle trouvée un nouvel amant ?

Quand il entendit sa voix, Kijin se détacha de Mori et voulut s'approcher de Tsuki mais celle-ci se recula et lui décrocha un regard dégoûté.

— Toi, je t'interdis de me toucher ! hurla-t-elle d'un ton hystérique. Mikazuki a raison, tu es comme tous les autres hommes, seul compte ton désir ! Et tu es là, à te vautrer dans les bras de cette gamine, tu me répugnes !

— Tsuki...

— Restes-y donc avec tes traînées ! poursuivit la jeune fille tout en laissant ses yeux aller et venir entre Chii et Mori. Ces deux putains n'attendent que ça !

Chii ne put en supporter davantage et avant que Kijin ou Kishin ne puisse esquisser le moindre geste pour la retenir, elle se dirigea vers Tsuki et lui décrocha une gifle retentissante.

— Prononce encore une fois ce mot, Tsuki Kamiaku et je te jure de te faire bouffer ta maudite langue ! Quant à Kijin Akuma, n'espère pas l'attirer dans tes filets ! Il est bien trop intelligent pour s'abaisser à ton niveau, celui du petit chien fidèle à Taiyou !

Tsuki baissa la tête et massa sa joue endolorie. Kijin n'osa pas aller vers elle, de peur sans doute, de se voir repoussé une autre fois ou de provoquer la colère de Mikazuki. Sans compter  que Mori avait besoin d'être soignée.

— Et si on se tirait plutôt d'ici ? proposa Chii en se tournant vers Kijin et Mori. Ce foutu Manoir, je le rends par les yeux !

Kijin prit Mori dans ses bras. Sans accorder un seul regard à Tsuki, le visage couvert de sang, il tourna les talons et suivi de Chii et Kishin, quitta le Manoir.

La jeune fille s'avança de trois pas, tendit la main vers la silhouette de Kijin qui s'éloignait dans le couloir, avant de tomber à genoux, le corps secoué de sanglots. Des larmes d'impuissance creusaient de profonds sillons sur ses joues pâles et se mêlaient au sang dégoulinant sur son visage, uniques reliques du combat auquel s'était livré, une fois de plus, Mikazuki et Majinai.

Elle étreignit ses épaules et baissa la tête. Comment pourrait-elle lui faire comprendre qu'elle n'avait provoqué ce duel entre les deux démons que pour le protéger lui, de la colère de Taiyou ? Elle avait eu tellement peur qu'il ne s'en prenne en Maître et qu'il périsse, broyé par les griffes sanguinaires de ce monstre ! N'avait-il donc pas compris que Taiyou, possédé par Asahi, le grand rival de Majinai désirait sa perte ? Pourquoi ne voyait-il qu'en elle, le pantin de son kami ? N'avait-il pas encore compris à quel point, elle tenait à lui, même plus que sa propre vie ?

La jeune fille redressa la tête et un cri terrifiant jaillit de ses lèvres meurtries, un cri qui résonna longuement dans le couloir à présent vide et que seul Ishi Kamiaku, qui se tenait non loin de là, entendit.

La jeune fille redressa la tête et un cri terrifiant jaillit de ses lèvres meurtries, un cri qui résonna longuement dans le couloir à présent vide et que seul Ishi Kamiaku, qui se tenait non loin de là, entendit

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