Chapitre 94 : L'Amour d'un enfant (2)

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Le froid peu à peu s'emparait de son corps malade. Tsuki, dans un ultime soubresaut de vie tenta de se redresser mais ses membres engourdis se rebellèrent et un violent spasme lui déchira le bas-ventre en lui arrachant un gémissement plaintif. La neige s'infiltrait à travers le tissu trop fin de son kimono et imprégnait sa chair de sa mortelle morsure.

Peu importe le froid, la fatigue ou la douleur, Tsuki Kamiaku n'attendait qu'une chose : la mort. Sans Kijin à ses côtés, elle était comme privée de vie mais Majinai, ce cruel démon ne semblait pas prêter attention à ses cris ou prières qui le suppliaient d'en finir au plus vite avec sa pauvre existence ! Au contraire, le démon paraissait prendre plaisir à la voir souffrir. Il savourait sa tendre vengeance et ne la tuerait qu'en dernier, pour pleinement jouir de sa victoire sur Mikazuki. Alors, pour échapper à ce sort, Tsuki, malgré les menaces et supplications de son kami avait décidé de mourir à cet instant.

Une larme glissa de ses paupières rougies par le froid et roula sur sa joue avant de se figer au coin de ses lèvres.

Une nausée lui grimpa le long de l'estomac et la fit frémir de dégoût. Elle posa une main crispée sur son ventre gargouillant et de ses lèvres bleues, jaillit un liquide écarlate, mélange de sang et de glaires, qui vint souiller la neige immaculée. La jeune fille jeta un triste regard à cette neige qu'elle venait de tacher de sa malédiction. Elle se recroquevilla sur elle-même, en position du fœtus et se laissa emporter par un sommeil consolateur,  l'enveloppant de ses bras chaleureux, tel un cocon protecteur. Un sommeil dont elle ne voulait pas se réveiller...

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Tsuki poussa un gémissement et battit des paupières. Était-elle morte ? Il lui semblait que le froid avait quitté son corps, remplacé par une douce chaleur. La jeune fille peu à peu, retrouva ses sens, sa vue se fit de plus en plus nette.

Elle reconnut sans peine, la pièce dans laquelle elle se trouvait : sa chambre. Elle se mordit les lèvres pour ne pas fondre en larmes : ainsi, on lui refusait même le droit de mourir ! Pourquoi le Destin s'acharnait-il contre elle ? Majinai avait donc décidé d'être cruel jusqu'au bout avec elle et ne lui épargnerait aucune souffrance !

Une main se posa sur son front. Tsuki se tourna sur le flanc et voulut repousser les doigts de son sauveur mais les forces lui manquaient.

— Raiu... tu n'es qu'un idiot...

Le maudit rangea son stéthoscope dans la poche de son pantalon et caressa la joue fiévreuse d'une tendresse toute paternelle.

— Aurais-je dû te laisser mourir de froid, Tsuki ?

Une larme glissa le long de la joue cireuse et vint s'écraser sur les doigts du médecin.

— Kijin... il...

Raiu posa son index sur la bouche gercée par le froid afin de faire taire sa patiente.

— Tu dois économiser tes forces, Tsuki. Je suis au courant pour Kijin, Ishi m'a tout raconté...

Un curieux sourire illumina alors le visage habituellement austère du médecin.

— Ne t'inquiète plus pour Kijin, Tsuki. Tu dois avoir confiance en lui.

Majinai sera le plus fort, chuchota l'adolescente tout en repoussant l'index de ses lèvres. Kijin ne peut lutter contre lui... et puis, je lui ai menti, j'ai...

MajinaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant