Mizu et Juuki, en compagnie de Suna, attendaient leur ami dans le couloir. Tous les trois étaient adossés contre le mur, perdus dans leur pensées. Mizu, la contemplait ses doigts ; Juuki quant à elle, gardait un œil fixé sur Suna qui balançait sa tête au rythme de la musique diffusée par ses écouteurs accrochés à ses oreilles. Dès que la porte s'ouvrit, Juuki se redressa et se jeta sur Kijin.
- Eh bein ! s'écria-t-elle, les poings plantés sur les hanches. C'est pas trop tôt!
Elle aperçut alors Kishin. Son air courroucé laissa place à un regard ébahi.
- Qui c'est ce type !? Qu'est-ce que tu foutais avec lui dans les chiottes ?
Mizu releva la tête et eut un mouvement de surprise : cet homme ressemblait trait pour trait à Kijin ! Excepté pour le regard : celui de l'inconnu lui paraissait plus dur que celui de son ami. Les yeux noirs de Kijin vous enveloppaient d'une douceur protectrice alors que ceux de l'homme, semblaient percer tous vos secrets les plus intimes.
- Dis Kij', ça va ? s'enquit Suna tout en retirant ses écouteurs. Si le vieux t'a fait des propositions indécentes, j'suis partant pour lui régler son compte !
Le pervers en question lui décrocha un regard outré auquel Suna répondit par un clin d'œil charmeur. Kijin, malgré sa tristesse, ne put réprimer un sourire amusé.
- Suna, je ne suis pas sûr que mon frère apprécie de se faire traiter d'obsédé.
Il se retourna vers son aîné, son regard se fit plus glacial.
- Kishin, je te présente Juuki et Mizu Kamiaku, je vis avec elles. Quant au garçon, c'est leur cousin, Suna.
- Eh bah ! s'exclama Juuki, ravie de faire votre connaissance ! C'est Aisu qui va être bougrement contente d'accueillir un nouvel Akuma ! Vous êtes tous des bombes dans la famille ou quoi !? Si c'est le cas, faut tous nous les présenter ! Pas vrai, Mizu et Suna ?
La première ne répondit rien, le second en revanche, rentrant dans le jeu de sa sœur adoptive, se mit à contempler l'aîné des Akuma d'un regard faussement gourmand, imitant avec talent, celui d'Aisu.
- Moi, le nouveau, je le garderai bien pour moi! Les yukata, ça m'a toujours fait de l'effet.
Juuki lui décrocha un regard venimeux avant de lui écraser le pied.
- Quant à toi Don Juan, je te conseille de réfréner tes ardeurs si tu ne veux pas que je te les réchauffe !
- Oh, mais je me demande que ça, ma belle...
Juuki se tut, outrée par une telle indécence ! Elle se reprit bien et frapper son cousin en criant les pires injures. Kishin, stupéfait par une telle scène, - jamais il n'aurait cru qu'une jeune fille puisse connaître autant de mots grossiers-, posa un regard étonné sur Kijin qui lui répondit par un haussement d'épaules.
Les deux frères se fixèrent pendant quelques instants du regard avant qu'un même sourire amusé ne vienne se dessiner sur leurs lèvres semblables.
Mizu ne put réprimer un sourire à la vue de ce tableau fraternel : les deux Akuma possédaient les mêmes mimiques et les mêmes postures pourtant, un fossé d'incompréhension et de rancœur s'était creusé entre ces deux-là, si semblables dans leur façon d'être et de réagir. En voyant ce simple sourire échangé, Mizu crut qu'il serait possible de réconcilier ces deux-là, rien n'était irrémédiablement brisé entre eux. Son cœur se gorgea de chagrin. Contrairement à Kaze et elle.
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Les jeunes gens durent retourner en cours ; Kishin quitta discrètement le lycée et décida d' attendre Kijin dans le petit café faisant face à l'établissement scolaire. Installé à la terrasse, face à un thé noir bien fort, le jeune maître des Akuma sortit un long parchemin de son yukata ; ce qui lui attira de nombreux regards de la part des autres clients et de la serveuse, et commença à le parcourir du regard, sans tenir compte de ces yeux fureteurs.
Incapable de se concentrer, il n'acheva pas sa lecture et le menton posé au creux de sa paume, songea à son cadet. Kishin ne savait que penser. Même s'il sentait la présence invisible de Majinai en Kijin, il ne pouvait s'empêcher de le regarder comme un véritable être humain. Bien plus que les hommes de son clan qui avaient décidé de sa mort ! Et si les véritables monstres du clan Akuma n'était pas Kijin, mais eux ? Eux qui l'avaient rejeté, méprisé depuis sa naissance... peut-être que leur père, ce fou qui avait tenté de libérer son second fils de l'emprise du démon, le seul qui refusait ces lois ancestrales, était au final, le plus sensé des Akuma.
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Majinai
Übernatürliches" Sang maudit. Ta véritable nature. Ta malédiction." Kijin Akuma s'enfuit du manoir familial, les mains couvertes de sang et l'âme maudite. Après une longue errance, il trouve refuge chez Aisu Kamiaku et ses deux jeunes cousines. L'adolescent ne va...