Chapitre 69 : Obsession

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Elle. Toujours elle. Ses yeux lunaires. Son parfum indéfinissable. Sa peau pâle. Ses baisers aussi froids que le souffle de la Mort. Tout en elle le répugnait et l'attirait. Tout.

Kijin Akuma poussa un long soupir et appuya sa joue contre le carreau de la fenêtre. Ce voyage scolaire n'avait rien d'une distraction ! Dès leur arrivée, il s'était isolé de ses camarades, préférant rester seul, perdu dans ses pensées, plutôt que de devoir jouer un rôle qu'il ne parvenait plus à assumer : celui du petit ami de Mizu Kamiaku.

Depuis leurs retrouvailles mouvementées au Manoir, il ne cessait de penser à Tsuki Kamiaku. Depuis le jour où ils avaient échangé ce baiser derrière le buisson, Kijin, pendant ses moments de liberté, se rendait en catimini dans le Manoir et rejoignait Tsuki dans son jardin. Tous deux passaient de longs instants en tête à tête.

Aux côtés de Tsuki Kamiaku, Kijin se sentait bien, même si Majinai tentait de le détacher d'elle par des menaces et des furieux grognements. Le jeune homme ne prêtait guère attention aux paroles du démon, leur préférant celles de la maudite.

Les deux adolescents avaient même échange quelques confidences sur leurs mères. Tsuki lui avait ainsi révélé qu'elle avait perdue sa mère adorée, Kumiko, très jeune ; Kijin, lui, lui avait longuement parlé de ses parents, dont il était l'assassin. Cette blessure commune, la mort des êtres chers, les avaient davantage rapprochés.

Le jeune homme effleura ses lèvres de ses doigts. Qu'avaient-ils échangé tous les deux mis à part des confidences ? Des caresses et des baisers brûlants de désir. Ils n'étaient pas encore passé à l'acte... Au grand regret de Kijin désireux d'en savoir davantage sur ces choses secrètes, qui le feraient pénétrer dans le monde des adultes. Il voulait posséder Tsuki corps et âme, comme pour apaiser une soif lancinante devenant chaque jour de plus en plus intolérable.

Quand il se trouvait près d'elle, il devait se faire violence pour ne pas succomber à son désir. Quant à Tsuki... elle semblait l'avoir percé à jour et s'amusait de ses tourments : elle savait se faire prédatrice, s'ingéniant à imiter ces femmes qu'elle prétendait détester, pour mieux le séduire... mais dès que le jeu devenait un peu trop sérieux, elle le repoussait et redevenait aussi impénétrable qu'une nuit hivernale.

Depuis ses retrouvailles avec Tsuki, son plus beau cauchemar, Kijin se refermait dans la solitude. Délaissant les études et ses camarades, il redevenait le Kijin d'avant : méfiant et taciturne, qui ne prêtait guère attention aux autres. Tsuki, l'âme damnée de Taiyou Kamiaku, celle qui était possédée par Mikazuki, était devenue l'astre unique de son univers. Elle était la figure onirique peuplant chacun de ses songes ; sa complice et son plus farouche adversaire. Leur amour n'était que haine et passion. Amour Poison. Amour Prison. Amour Destruction. Un délicieux combat dont un seul pourrait sortir vainqueur et Kijin espérait bien faire déposer les armes à son ennemie...

— Kijin ?

Le jeune homme releva la tête. Face à lui se tenait Mizu qui l'observait d'un regard inquiet. Elle avait bien remarqué l'isolement de Kijin. Rien ne semblait l'intéresser : ni les excursions organisées, ni les repas où les lycéens se retrouvaient...

La jeune fille se pencha vers lui et voulut lui donner un baiser, mais Kijin esquiva ce geste de tendresse. Aisu avait raison. Il n'aimait pas Mizu et il ne l'aimerait jamais. Il ne la désirait pas comme il désirait Tsuki. Les tendres paroles de Mizu, bien différentes des mots fielleux de sa rivale ignorée, n'y changeraient rien ! Il ne voulait qu'une seule femme : Tsuki Kamiaku. Ce petit animal hideux et furieux, dont les colères étaient aussi passionnées que les déclarations d'amour. Il l'adorait à l'égale d'une déesse et la haïssait autant qu'un démon ! Elle lui appartenait, quoiqu'elle en dise ! Qu'elle le veuille ou non, il saurait la faire devenir cendres sous ses doigts...

— Fous-moi la paix, Mizu ! grommela le jeune homme d'un ton rageur avant de se redresser.

Étonnée par cette attitude, Mizu voulut l'attraper par le bras, mais une fois de plus, Kijin se déroba de son emprise.

— Je veux être seul, compris ! cria-t-il en lui coulant un regard si féroce qu'il la fit pâlir. Je veux être seul !

Les quelques camarades qui se trouvaient dans cette salle faisant office de réfectoire, se tournèrent vers le jeune couple. Tous les visages guettaient avec une certaine curiosité, les événements à venir : allaient-ils pouvoir se repaître d'une scène de ménage ou d'une rupture en direct ? Quelques-uns même, commençaient à prendre les paris. À leur grande déception, Kijin se contenta de pousser un grognement agacé et, sous les regards inquisiteurs de ses camarades, quitta la grande salle en claquant  la porte.

 À leur grande déception, Kijin se contenta de pousser un grognement agacé et, sous les regards inquisiteurs de ses camarades, quitta la grande salle en claquant  la porte

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MajinaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant