Chapitre 29 : Grain de sable

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Juuki en arrivant dans le vestibule, détacha son tablier et se dirigea en courant vers la porte d'entrée.

— Pas la peine de s'exciter ! grommela-t-elle, j'arrive !

Elle posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte d'entrée. Elle s'apprêtait à ouvrir la bouche pour pester contre Aisu mais ce n'était pas Aisu qui se tenait face à elle.

Un long frisson lui parcourut l'échine lorsqu'elle reconnut le jeune homme qui se tenait face à elle : il n'avait pas changé durant l'année écoulée. Il la dépassait toujours de quinze centimètres !

Suna Kamiaku, appuyé contre l'un des piliers entourant la porte d'entrée, lui adressa un sourire amusé. Juuki en resta coite de stupeur avant de proférer un simple « toi !? » ébahi. L'adolescent s'approcha d'elle. Ses yeux couleur de sable pétillaient de malice.

— Hello Juuki, murmura-t-il d'une voix qui avait mué.

Il se pencha vers elle. L'adolescente, dont le cœur cognait furieusement contre sa poitrine, pouvait sentir le souffle chaud de son cousin se mêler au sien.

— Tu m'as manqué, Juu, lui souffla-t-il tendrement au creux de l'oreille.

La jeune fille entrouvrit les lèvres, prête à recevoir ce baiser qu'elle attendait tant après cette longue année passée loin l'un de l'autre. Elle ferma les yeux pour mieux se rappeler de leur dernier et surtout, premier baiser avant qu'il ne s'en aille. Après une autre de leur violente dispute, qui leur était alors familière, elle s'était énervée plus que de raison avant de se jeter sur lui, et l'avait embrassé. Lorsqu'elle y songeait lors de certaines nuits d'insomnie, Juuki ne pouvait s'empêcher de frissonner tant ce souvenir brûlant était encore incrusté en elle !

Arrête ça immédiatement, Juuki Kamiaku, tu n'as pas le droit ! lui souffla une petite voix perçante à l'oreille. Une voix qui ressemblait étrangement à la sienne. Tu es maudite et lui aussi. Les sentiments que tu lui portes sont interdits. Pire, ils sont mauvais, pervers et malsains. Sale dépravée, laisse-le !

La jeune fille ouvrit les yeux et repoussa son cousin. Celui-ci s'apprêtait de à l'embrasser, lorsqu'il aperçut Mizu qui se tenait à présent derrière Juuki.

Suna se redressa, passa une main nerveuse dans sa tignasse décolorée avant de s'écarter avec précipitation de l'adolescente.

— Suna ! s'écria Mizu d'une voix enrouée par l'émotion. C'est bien toi ?

— Salut Mizu, répondit-il d'un ton neutre, en esquissant un vague geste de la main droite.

Il s'avança, écarta Juuki d'un coup d'épaule et pénétra dans le vestibule. Il retira, toujours en arborant un sourire un peu rêveur, son lourd manteau en cuir.

Juuki se retourna vers lui et ne put réprimer un mouvement de surprise : Suna avait gagné en musculature ! Son haut noir orné d'une tête de squelette fumant une curieuse cigarette, laissait deviner un torse musclé et qui ne manquerait sans doute pas de troubler quelques jeunes gens en fleur. Un pantalon de cuir retenu par une grosse ceinture et des bottes à semelles compensées complétaient la tenue de l'adolescent Kamiaku. Juuki remarqua également, le nouveau tatouage représentant un fennec que portait fièrement son jeune cousin au creux de son poignet droit.

Suna quant à lui, dévisageait Mizu avec attention. Il l'avait toujours trouvé ravissante, moins que Juuki évidemment ! Mais depuis toujours, il était fasciné par son regard bleu, si triste et si mélancolique, qui lui faisait songer à celui de Juu lorsqu'elle était plongée dans ses pensées et qu'il l'observait à la dérobée.

— Mizu, toujours aussi jolie, murmura-t-il une fois son observation terminée.

La timide adolescente piqua un fard, ce qui n'échappa guère à l'œil jaloux de Juuki ! Cette dernière était littéralement dévorée par l'envie ! Pourquoi Suna ne l'avait-il pas regardée de cette façon ? Pourquoi ne l'avait-il pas saluée par un compliment ? Pourquoi s'était-elle écartée lorsqu'il avait essayé de l'embrasser ?

Juuki dut se faire violence pour maîtriser le monstre de la jalousie qui lui brûlait les veines. Elle prit une profonde inspiration avant de se tourner vers le visiteur.

— Qu'est-ce que tu es venu foutre ici ? attaqua-t-elle.

Loin de s'en offusquer, Suna lui décrocha un sourire désarmant de gentillesse.

— Voir ma grande sœur adorée, pardi ! Et aussi pour manger. J'ai une de ces dalles, j'srais prêt à bouffer un cheval !

Il s'arrêta subitement et parut réfléchir quelques instants.

— Ou alors un bœuf au gingembre bien savoureux...

Juuki s'apprêtait à ouvrir la bouche mais à cet instant, Kijin fit son apparition, le visage et les vêtements dégoulinant de farine, de pâte et de chocolat.

— Mizu, murmura-t-il d'un ton penaud, je crois que...

Il s'immobilisa à la vue de Suna Kamiaku. Les deux adolescents se jaugèrent du regard, chacun des deux essayant de mesurer la force de l'autre, tels deux loups rivaux cherchant à savoir s'ils devaient se battre ou pas en duel. Un sourire amical apparut alors sur le visage du jeune Kamiaku, marquant ainsi la fin de leur lutte.

— Tu dois être Kijin Akuma, déclara-t-il tout en lui adressant un petit signe de tête. On parle beaucoup de toi au Manoir, j'suis ravi de faire ta connaissance, vieux !

Kijin continuait quant à lui, d'observer avec attention le nouvel arrivant. En dépit de son allure de petit dur amateur de métal, percé aux oreilles et aux deux arcades sourcilières, il se dégageait de lui, une certaine sérénité.

— Moi de même, répondit Kijin en esquissant un sourire.

Les deux hommes échangèrent un regard amical, comme un accord tacite entre eux deux. Ils se respectaient et aucun des deux n'essaierait de prendre la place de l'autre.

— Bon ! s'écria brusquement Juuki d'une voix perçante. Maintenant que les présentations sont faites, on pourrait peut-être manger un morceau vu qu'apparemment, monsieur Suna n'est venu que pour ça !

Le jeune maudit se tourna vers elle et lui décrocha un clin d'œil taquin.

— On f'rait mieux de lui obéir, sinon grande sœur risque de s'enflammer !

Juuki poussa un grognement indéchiffrable avant de baisser la tête : Le regard de Suna la troublait plus que de raison. Cette année passée loin de lui avait ravivé des sentiments qu'elle ne s'imaginaient pas aussi brûlants. Suna semblait l'avoir percé à jour et s'amusait à la provoquer par ses sourires et ses regards !

 Suna semblait l'avoir percé à jour et s'amusait à la provoquer par ses sourires et ses regards !

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