Chapitre 53 : L'Amour à la plage (1)

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L'après-midi, lorsque Kaze et Aisu furent à peu près dégrisés, les Kamiaku au complet et Kijin descendirent à la plage située en contrebas de la demeure. Le jeune Akuma observait avec appréhension, le vaste océan qui s'étendait face à lui. Suna pour l'encourager, passa derrière lui et le frappa  dans le dos.

— Allez vieux ! Fais pas ta Juuki ! Ce n'est que de la flotte !

Les deux jeunes hommes se retournèrent vers l'interpellée. Celle-ci, assise sur le sable, se cramponnait fermement à sa serviette de plage, craignant sans doute, d'être emportée par une vague. Elle leva le nez  et vit le regard moqueur que son cousin et Kijin posaient sur elle.

— Bande de crétins ! s'écria-t-elle, furieuse. J'voudrais bien vous y voir à ma place !

Mizu, telle Vénus jaillissant des flots, apparut à cet instant au milieu des vagues, la chevelure brillante d'eau salée.

— Allez viens, Kijin ! Les poissons ne vont pas te manger !

Les deux rivales se lancèrent un féroce regard. Les yeux de Suna allaient et venaient entre les deux cousines. La tension régnant entre Juuki et Mizu était plus que palpable, un rien semblait pouvoir mettre le feu aux poudres entre les jeunes filles !

Kijin s'écarta de Suna, prit son courage à deux mains et se jeta dans la mer. Mizu eut un rire ravi avant de le rejoindre d'une brasse parfaite. Juuki les observait avec envie : depuis sa naissance, on lui interdisait les bains de mer car une quantité trop importante d'eau risquait de la tuer. Plus les années passaient, et surtout en voyant les sourires de Mizu et Kijin s'éclaboussant joyeusement, plus l'adolescente regrettait de ne pas être née « normale ».

Suna venant de rejoindre Mizu et Kijin dans l'eau, surveillait la jeune fille du coin de l'œil. Depuis sa confrontation musclée avec Majinai, il s'était incliné devant les sentiments que Juuki semblait porter à Kijin. Il avait tenté de refouler sa jalousie et son amour blessé au plus profond de lui-même, mais malgré ses efforts et son amitié pour Kijin,  il ne parvenait pas l'oublier, souffrant de la voir si complice avec celui qui demeurait son rival.

Juuki releva la tête et vit le regard pensif de son cousin. Dans ces moments de rêverie, la bouche de Suna se plissait en une petite noue  adorable, qui le rendait encore plus charmant que lors de ces instants de veille !

Sentant le regard de Juuki posé sur lui, Suna pivota vers elle et lui décrocha un sourire qui valait tous les discours du monde.

Au souvenir du baiser qu'ils avaient failli échanger la matinée même, Juuki piqua un fard et baissa les yeux. Le magazine qui se trouvait à ses pieds, ne fut bientôt qu'un petit tas de cendres. La jeune fille mit son trouble soudain sur le compte d'un violent coup de soleil.

Suna s'était  parfaitement aperçu de son trouble. Un curieux sourire se dessina alors sur sa figure de petit ange. Il fit signe à Kijin d'approcher. L' adolescent le rejoignit d'une brasse maladroite et se plaça à ses côtés. Le jeune Kamiaku se pencha vers son ami-ennemi et lui chuchota quelques mots à l'oreille.

Les deux jeunes hommes sortirent de l'eau et d'un pas tranquille, le regard faussement innocent, s'approchèrent de Juuki. Le même sourire malicieux illuminait leurs figures.

— Alors ma Juu, tu ne t'ennuies pas trop, seule sur ton coin de sable ? s'enquit Suna d'une voix trop douce pour être totalement honnête.

La jeune fille le fusilla du regard.

— Pas du tout ! Tu ne peux savoir à quel point je m'amuse en regardant vos pitoyables exploits aquatiques !

Les deux garçons échangèrent un regard entendu et d'un geste vif, se saisirent de Juuki et la soulevèrent de sa serviette.

— Bande de crétins ! Reposez-moi tout de suite à terre ! cria-t-elle tout en leur balançant de furieux coups de poings.

La jeune maudite se débattait de toutes ses faibles forces pour échapper à ces deux ravisseurs mais, malheureusement pour elle, elle se retrouva bien vite lancée à la mer, telle une vulgaire bouée. Kijin et Suna, ravis de leur mauvais tour éclatèrent de rire avant de la rejoindre. Juuki, après avoir bu la tasse, se redressa en grelottant, vociférant comme une belle diablesse :

— Crétins ! Idiots ! Imbéciles ! Je...

Elle fut prise d'un malaise. Suna et Kijin s'en aperçurent. Le jeune Akuma voulut venir en aide à son amie mais Suna, plus vif que lui, l'écarta du revers de la main et se précipita aux côtés de sa cousine. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Kijin s'approcha d'eux :

— Tu as besoin d'aide ? Elle va bien ?

— C'est rien, grommela Suna, ça lui arrive quelquefois...

— Tu es sûr que...

— Nous n'avons besoin de personne !  Je peux très bien me débrouiller tout seul !

Il s'éloigna de Kijin, remonta sur la plage et déposa la jeune fille sur sa serviette. Il effleura sa joue d'une caresse et se pencha vers elle :

— Juu...

L'adolescente battit des paupières, peu à peu, elle reprit connaissance. Lorsqu'elle reconnut Suna, la jeune fille ne put réprimer un sourire amusé :

— Tel un prince charmant, Suna Kamiaku sera toujours là pour voler à mon secours. Stupide crétin, doublé d'un imbécile idiot.

— Que veux-tu, c'est dans ma nature.

Ils échangèrent un tendre regard. Juuki s'assit, Suna prit place à ses côtés. Encore affaiblie par sa mésaventure aquatique, Juuki oubliant la promesse faite à elle-même, laissa sa tête reposer contre l'épaule protectrice de son cousin. Suna ne la repoussa pas et plaça sa main autour de sa taille, la serrant un peu plus contre lui. Ainsi enlacés, ils observaient Mizu et Kijin qui venaient de reprendre leurs jeux de mer.

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