58: Survivant

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Luís

La fête est fini depuis deux bonnes heures, tout le monde est dans leur chambre mais j'en connais une qui va sortir de la sienne et allait se servir un verre d'eau.

- Putain. Chuchote une voix. C'est quoi ton problème Lila.

Et la voilà, elle passe devant moi sans même me voir et je me revois en elle il y a des années. Je sais pas exactement si il l'a violé ou il l'a touché mais dans les deux cas je comprends son comportement. Elle allume la lumière et ne me vois pas tout de suite, elle s'approche de l'évier et je tousse légèrement.

- Luís ? Elle sursaute et tire sur son sweat-shirt. Je... euh... désolé.

- T'excuses pas tu as rien fais.

Il y a que en parlant qu'elle avancera. Si elle garde tout pour elle, elle va y penser dès que quelqu'un est trop proche d'elle, elle va pas arrêter d'y penser. Elle sait que je le sais sinon elle serait parti dès que ses iris ont croisé les miennes.

- J'avais six ans. Je commence sur de moi. J'avais six ans quand ont m'a touché.

Elle entre ouvre la bouche mais ne dit rien. Elle se détend et laisse ses bras se remettre le long de son corps. Ses yeux ne sont plus si effrayés que ça mais elle ne me rejoins pas.

- Et huit quand il m'a violé.

Je lui passe les détails je pense qu'elle a pas envie de savoir ce qu'il c'est passé pendant trois ans. Et j'ai pas envie qu'elle sache, Alejandro, Asher et Félix savent mais pas tout. Juste les grosses lignes. Carlos lui sait tout, c'est lui qui m'a sauvé. C'est mon sauveur et il est mort dans les bras de sa fille, il voulait lui dire toute la vérité mais c'était trop tard.

- Je... hum. Elle baisse la tête et la relève les larmes aux yeux. Désolé. Elle marche lentement vers moi et s'assoit sur le canapé en face de moi. Tu le sais hein? Je hoche la tête. Lorenzo, il m'a touché. Il m'a dit que Alejandro allait faire du mal à ses enfants et je me suis laissé berner.

Ses yeux sont vide et sa voix si faible, elle est déconnectée du monde.

- Je suis trop conne. Une première larme. J'aurais dû crier quand il a enlevé mon haut, et j'aurais dû le frapper quand il a posé ses mains sur mes seins.

Elle frissonne un instant et je l'écoute me raconter la suite. Sans la juger juste en l'écoutant. Ce fils de pute est mort et il reviendra pas comme il est revenu lui. Il lui a touché ses seins, léché son coup et allait la violer mais il est parti avant pour une raison que j'ignore.

- Comment tu fais pour vivre sans? Enfin. Tu es tellement... heureux.

Je souris doucement et ne la quitte pas des yeux.

- Je vis avec tous les jours. J'étais jeune je comprenais pas encore que c'était un viol. Je savais que c'était mal mais j'étais jeune. Puis j'ai grandis et j'ai compris, quand j'ai compris j'ai pleuré énormément. Et après je me dégoûtais, j'arrivais plus à vivre. Mon cœur ses serre en repensant à tout ça. Mais on m'a sauvé, mon oncle m'a sauvé. C'était ma raison de vivre et de ne pas flancher. De pas faire ce que je me disais, de vivre la nuit, de vivre en déconnecté, de partir.

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