La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -

Chapitre 19 : Confusion

Les enfants jouaient dans l'impasse non loin des arcades des marchands : un ballon crevé et des caisses vides suffisaient à les occuper toute une après-midi durant. Après tout, ces petites choses étaient déjà un luxe pour les enfants des bas-fonds. La balle échappa à l'un des gardiens et roula jusque dans la ruelle perpendiculaire.

Au même moment, des éclats de voix détournèrent leur attention, elle venait d'un balcon au-dessus d'eux. Le bâtiment était délabré et la peinture s'écaillait depuis quelques années déjà, mais c'était le cas de toutes les habitations. L'entretien des espaces publics était bien la dernière préoccupation à des habitants de la ville souterraine.

Au deuxième étage de la bâtisse à moitié en ruine, une femme se querellait avec un homme, elle tentait de l'empêcher de retourner à l'intérieur. Leur dispute était tellement assourdissante qu'ils auraient pu alerter le quartier tout entier, leurs voix résonnaient contre les paroles abîmées des habitations, si elles avaient pu les faire trembler elles les auraient détruites.

-Tu ne peux pas m'empêcher de voir ma fille ! Hurla l'homme alors que la femme le tenait par le bras.

- Ce n'est pas ta fille, c'est la mienne ! Lui répondit-elle, tentant de l'empêcher d'entrer à l'intérieur.

- Alana soit raisonnable, tu n'as pas fait cette gamine toute seule !

L'homme finit par s'infiltrer à l'intérieur, il arpentait les couloirs de la maison close et ouvrait toutes les portes déverrouiller qu'il voyait. Alana était sur ses talons, inquiète, elle essayait tant bien que mal de le faire sortir de la maison close, mais c'était peine perdue.

- Kai, non attends !

L'homme ne se laissait pas raisonner, il avait énormément de qualité et encore plus de défaut. Il était borné et impulsif et surtout, il n'avait aucune raison d'écouter Alana. Après tout, elle avait balayé leur histoire d'un revers de la main dès qu'elle avait su qu'elle était enceinte : il n'avait pas eu son mot à dire pourtant, il avait toujours eu envie d'être père : privilège dont il avait été privé par la nymphe.

Il commença à monter au troisième étage, mais quelqu'un lui barra la route. La silhouette élancée et filiforme de la soeur d'Alana l'empêchait de poursuivre son ascension :

- Sors d'ici ! Si tu n'es pas un client, tu n'es pas le bienvenu !

- Ah, Asa...

Il se retourna vers Alana qui était restée en bas des escaliers, jaugeant la situation :

- Voilà pourquoi vous n'avez pas de chien de garde. Je viens voir ma fille, laisse-moi passer. Insista-t-il.

Asa descendit quelques marches et pointa son doigt vers lui jusqu'à celui-ci touche le pectoral gauche de l'homme aux cheveux de jais.

- Tout enfant née d'une nymphe est la sienne, les hommes n'ont pas leur place dans nos clans. Tu n'es qu'une nuisance pour ma nièce et ma sœur.

L'homme se retourna à nouveau vers la mère de son enfant :

- Tu vas la laisser faire ça ?

Alana se contenta de baisser ses grands yeux noirs, furieux, l'homme fit demi-tour, descendant les étages qui le menaient vers l'extérieur.

La jeune femme le suivait, elle hésitait : elle ne savait pas si elle devait le retenir, le rassurer ou le laisser partir en espérant qu'il ne revienne plus. Mais l'homme resta quelques secondes sur le parvis, devant la porte regardant la poussière s'élever après le passage des chariots des vendeurs itinérants.

Dans ce monde sans ciel, il n'y avait pas de justice, ni même de moralité. Les forts créaient des règles et les faibles devaient les suivre, ce jour-là il avait réalisé qu'il ne faisait pas parti des forts.