Chapitre 88 : Défiance

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- T/p est enceinte.


Si la foudre avait frappé le bureau à cet instant, le Major ne l'aurait même pas remarqué.

Sa première réaction, brève, était entravée de choc et de surprise, mais il se reprit rapidement. Et le visage à nouveau neutre, il tourna la tête vers moi un demi-sourire sur les lèvres.

Je déglutissais, l'esprit vide.

Pensait-il réellement que l'homme allait gober cette histoire ? Parce que...

- Eh bien... C'est... Félicitations, hésita le Major, à ma grande surprise avant de se lever de son fauteuil.

-Pas la peine de lui faire des courbettes, mais tu comprends bien qu'elle doit aller se faire ausculter rapidement, Major.

Le Caporal fut bref dans sa demande et balaya du regard et de la main le geste amical du supérieur envers moi. Le son de sa voix aurait pu geler un jour d'été.

- Le docteur peut s'en charger, s'interrogea Erwin, dubitatif.

- Il est occupé à préparer les caisses de soins pour la sortie et ce n'est pas sa spécialité...

Ne mêlez pas Gaël à votre mensonge !

- Je vois... Qu'est-ce que tu proposes ?

- La clinique de Caranes, celle où les soldates de l'Est accouchent.

Le major finit par accepter et à ce moment, ce n'était plus lui qui menait la conversation. Il semblait comprendre que son subordonné ne lui demandait pas l'autorisation. J'éprouvais un certain étonnement à le voir rendre les armes aussi facilement.

Ils savaient choisir leur bataille, eux, et je ne doutais pas de la confiance que le chef possédait envers lui, j'en avais eu la preuve. Cette confiance était dangereuse, il venait en abuser, et cela même s'il avait déjà prouvé son intégrité des centaines de fois alors pourquoi ? Pourquoi ainsi ? Et maintenant ?

Un mensonge qui n'avantageait personne, il m'avait doublé dans mon raisonnement, je m'étais reposée sur mes lauriers et si je continuais, il finirait par m'étouffer avec. En définitif, je ne pourrais que m'en prendre à moi-même.

« Manquer de vigilance, c'est mourir. » C'était ce qu'il répétait à ses soldats, et j'aurais dû le prendre pour moi aussi.

Après leur échange terminé et ma présence futile au milieu de la pièce, le Major nous a autorisa à partir.

Nous nous dirigeâmes vers la porte lorsque le chef interpella le caporal une dernière fois, ce dernier me laissa passer puis se retourna :

- Levi, félicitations...

Oh.

- "Félicitations ?" Ce serait donc moi le père de cet enfant ?

Etait-ce un sarcasme ou une plaisanterie ?

Mais qu'est-ce qu'il...

Et puis, dans son silence et face au le visage blafard du Major, je compris.

- Dans le fond, comment pourrais-je le savoir, hein, lança-t-il avant de refermer la porte dernière lui.

Je compris sa supercherie, l'ordure.

Il était vraiment le seul à pouvoir utiliser un tel ton face au chef.

Après avoir lâché la poignée de la grande porte, il se mura dans un silence non sans m'indiquer de le suivre.

Sortir d'ici, une très bonne idée.

Nous traversâmes le couloir en pierre , descendîmes les escaliers en bois et passâmes les lourdes portes d'entrées dans un silence pieux.

La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant