La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -

Chapitre 83 : Manigances

« Il faut déserter son cœur pour accéder au pouvoir .»

Voilà ce que m'avait dit Asa dès lors que je passais la porte de la taverne pour m'éloigner d'elle et du parfum d'Edward qui flottait dans l'atmosphère.

Le seigneur n'était pas loin, mais osais-je penser, tel un animal nocturne, il se planquait pour mieux observer sa proie.

***

- Ou alors ça a un rapport avec le fait que tu as été vu aux bains avec le Major Erwin ?

Mon sang se glaça, mes doigts se crispèrent sur le tissu de la taie d'oreiller et sa main disparue de ma hanche. Puis, la respiration quasi bloquée, je me relevais, m'assis dans le lit dos à lui, les genoux collés et les lèvres verrouillées.

« Et si un plongeon en eau trouble est dangereux, qu'en est-il d'un plongeon dans le vide ?»

Parce que j'étais en chute libre, je n'avais pas de réponse pour justifier mes actes, pour justifier ce qu'il avait entendu ou même pour justifier de ce qui avait pu sortir de la bouche du commandant.

Comme si elle pouvait me sauver de cette mauvaise passe, je m'accrochais à la couette qui reposait sur mes genoux.

- Tu penses que tu passes inaperçue ou quoi ? Les bains sont le lieu où il ne faut pas aller si tu ne veux pas alimenter les rumeurs.

S'il m'avait asséné des coups de couteau, il l'aurait fait plus délicatement.

Il se leva et partit dans la salle de bain, il laissa la porte ouverte. J'entendis la vieille robinetterie grincer et le bruit de l'eau frappant la porcelaine de l'évier. Le plus étonnant dans cette vieille caserne : c'était l'eau courante dans le bâtiment principal.

Après m'être décidé à me lever à mon tour, je l'observais et il se lavait frénétiquement les mains. Avec une boule dans le fond de la gorge, j'y voyais une métaphore de ce que je lui inspirais.

Si seulement je pouvais l'embobiner comme les autres, mais lui, je n'y arrivais pas. Pourquoi je n'y arrivais pas ?

« Immortels et résilient comme des démons. »

Prise une idée soudaine et suffisamment audacieuse pour le remettre à sa place, je fis barrière pour ne pas le laisser sortir de la pièce. L'inexpression de ses traits et le vide dans ses yeux clairs en disait long, mais je refusais de m'y résoudre :

-Vous n'avez qu'à vérifier ! Criais-je en tirant le tissu de ma chemise de nuit.

Il se figea pendant une fraction de seconde et alors que je pensais lui avoir coupé le sifflet, il me répondit :

- Ça te ferait trop plaisir.

Il me contourna et avant que je ne puisse attraper son épaule pour l'arrêter, je me retrouvais les quatre fers en l'air sur le lit.

Je chutais si violemment sur le dos que j'en perdais la maîtrise de mes jambes ce qui lui permis de se pencher sur moi.

J'essayai de me relever, mais avant même que je ne puisse prendre appui sur mes bras, il se mit au-dessus de moi faufilant ses hanches entre mes cuisses et sa paume vint s'écraser contre ma bouche.

La chaleur de son corps me paralysait et son regard glacial s'illuminait presque dans la pénombre de sa chambre.

- Quelle idiote ! Tu penses peut-être que je n'en aurais pas entendu parler ?

Il libéra ma bouche sans pour autant se relever :

- Comment ça ? M'inquiétais-je.

-Rien. Estime-toi juste heureuse de ne pas entendre les discussions des hommes gradés entre eux, affirma-t-il en plantant ses doigts de part et d'autre de mes épaules.