Chapitre 86 : Présent

382 15 12
                                    

En ce dernier jour de mission, le vent fut propice à la lessive et dans le grand jardin, tous les draps que nous étendions étaient secoués par le vent. Ce champ de coton tissé était le terrain de jeu idéal pour les garçons qui courraient et jouaient à cache-cache. Leurs rires raisonnaient et je me pris plusieurs fois à regarder Héloïse qui les observait avec un sourire paisible sur le visage. C'était bien la première fois qu'elle arborait une telle expression, elle en était presque méconnaissable.

Sans surprise pour l'assemblée, le caporal-chef avait été le plus efficace de nous tous et fut remercié par Klaus avec un thé des montagnes. Ravi, il s'empressa d'y goûter assit sur la petite table ronde à côté des cordes à linge.

J'eus un sourire gêné quand je réalisais qu'il me fixait. J'étais loin de ma grâce habituelle, mes cheveux étaient des caprices de la météo tout comme ma robe qui n'était pas coopératrice. Mais, je ne pouvais pas ma plaindre, il m'avait suffisamment dit « Bordel mais mets ton uniforme ! ».

Ses yeux perçant d'un bleu que je n'avais jamais vu ailleurs m'obligèrent à avancer vers lui. Le rose aux joues et l'un des paniers à linge dans les mains, je marchais dans les hautes herbes.

La nuit dernière, malgré sa demande au sujet d'Asa, avait été d'un calme douloureux. Je m'étais contenté de lui répondre banalement : « Je n'ai pas d'ordre à vous donner et je ne peux prendre de décisions à votre place. » .

J'avais déguisé un « oui » en une excuse car j'étais incapable de faire le bon choix . Lâchement, j'avais décidé de lui offrir le cadeau empoissonné de la responsabilité.

- Ton thé va refroidir, me lança-t-il de loin.

La distance entre nous se réduisait et dès lors que je m'apprêtais à lui répondre : l'aîné d'Heloise et une bourrasque de vent m'emportèrent droit dans le drap qu'il venait d'étendre.

- Edgar ! Tu veux que je t'aide ! S'écria Héloïse en s'approchant de nous, T/p, tu t'es pas fait mal ?

Noyée dans le tissu, je n'en trouvais plus la sortie, je ne percevais que les variations de lumière. J'eus légèrement honte au moment de mon retour à la surface : lorsque je me retrouvais face à l'homme et son visage à la fois moqueur et à la fois blasé.

- Comment tu peux être aussi maladroite ? M'envoya-t-il en expirant d'exaspération.

J'avais gâché son moment de paix.

Je fus coupée par Edgar qui s'accrocha à mon cou joyeusement et Héloïse qui m'aidait à me relever.

-Eh, ne fais pas d'effort ! Lui ordonna l'homme alors qu'elle se tenait les lombaires.

- Oh, serait-ce de l'inquiétude que j'entends ? Jubila Héloïse, la bouche en coeur.

Il se reprit, se raclait la gorge et ramassa le drap avant d'aller le secouer un peu plus loin, sur la terrasse naturelle qui donnait sur la vallée.

- Ah, t/p tu l'as adoucis, s'amusait-elle avec un large sourire.

- Pas du tout, me défendais-je en attrapant le panier et en allant le poser sur la petite table.

D'un pas vif Héloïse et son fils me suivaient main dans la main, elle était bien énergique avec un ventre aussi rond.

- Tu es gênée ?

- Non pas du tout !

-Si t'es gênée ! Se moqua Edgar.

- Il était déjà comme ça avant, il ne te le montrait pas, c'est tout ! Si je pouvais le changer, nous ne serions pas ici ! Insistais-je en détournant le regard.

La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant