Chapitre 26 : Humanité

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Lorsque la pluie frappe le sol lors d'une averse torrentielle : elle semble disparaître pendant l'espace d'une seconde pourtant elle est toujours là et finit par s'immiscer partout, ruisselant  sur la terre, les pavés et le bois.

Sa versatilité fait sa force et sa faiblesse, insaisissable comme le vent et imperceptible comme l'air, des contradictions dans un même élément qui complexifiait encore plus notre monde.

Il était fait du même bois : son corps qui exultait le désir avait la capacité devenir aussi froid que le marbre qui scellait les tombes des cimetières de Sina. Il était une forteresse dont les ponts se refermeraient plus qu'ils ne s'ouvraient.

Mais ce jour-là, il était différent : ses phalanges enserraient ma taille et ses yeux capturaient mon attention, il ne me lâchait ni du regard, ni du toucher.

Embrassez-moi. Non, pas maintenant.

J'entendais les battements de mon cœur bourdonner dans mes oreilles, le temps avait ralenti sa course et j'étais incapable de décrire ce que je ressentais. Tout ça allait trop vite, ce n' était pas dans mes plans, car s'il se décidait, cela serait à l'avantage d'Edward.

Rapprochez-vous, rapprochez-moi.

Des quelques mètres qui nous séparaient des cadettes, il y avait un mur de verre invisible et comme du cristal, il pouvait se briser à n'importe quel moment. Je devais le briser, tout devait voler en éclats pour la sécurité de tous.

Cependant, ses plans n'étaient pas les miens, après un regard médusé vers les deux soldates, il commença à marcher vers la porte en attrapant mes doigts sans me concerter puis il me traîna jusqu'à l'extérieur :

- Petra, occupe-toi de ça, lui demanda-t-il en lui lançant une fiole.

La soldate l'attrapa habilement et après avoir regardé ce qu'elle avait intercepté, elle hocha la tête pour lui assurer qu'elle avait comprit.

Je ne savais pas qui m'étonnerait le plus qu'il traversait la pièce bondé de monde en me tenant par la main ou qu'il avait trouvé le thym sans même le chercher alors que je n'avais même pas été capable de le localiser.

Tentant de suivre ses foulées rapides, je regardais de gauche à droite et tous les regards étaient rivés sur nous. Que devais-je faire ? Ralentir ? Baisser les yeux ?

Les visages désemparés de l'escouade de ma sœur me regardaient, observant la scène au réalisme objectif. Ils se contentèrent de me faire un vague signe de la main lorsque je passais les larges portes en bois aussi inquiète qu'intriguée.

Les planches craquaient sous nos pas et je fixais les cheveux à l'arrière de sa tête rebondir au rythme de ses mouvements d'épaule. Contemplant son large dos dont je pouvais presque deviner ses muscles, je me disais qu'il aurait pu être une statue taillée dans le marbre car je me souvenais, sans même me forcer, des lignes sinueuses de ses membres.

Comme d'habitude, sa réaction me laissait pensive ; que me voulait-il ? Était-il conscient que je n'avais pas de véritables réponses à sa question ? Connaissait-il les projets d'Edward ?

Est-ce qu'encore aujourd'hui, le bataillon avait un tour d'avance sur moi ?

« Je ne veux pas répéter mes erreurs, je veux seulement être heureuse. »

Je ne pouvais plus l'affirmer, car je doutais réellement d'un quelconque bonheur dans un monde comme le nôtre. La guerre, les murs, l'armée, les titans, il n'y avait pas de demi-mesure dans la vie des soldats et j'étais parmi eux malgré moi.

Si un jour, je quittais définitivement les murs voûtés de la caserne, serais-je capable de les laisser derrière moi. Devrais-je accepter mon échec et reprendre ma vie à Mithras ?

La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant