Chapitre 47 : Rétorsion

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Les draps se froissaient et la contraction de ses muscles marqua la fin de nos ébats. Dans un râle puissant, il se défit de moi avant de rouler sur le côté alors que mon visage était écrasé contre son oreiller.

- Putain...t'as appris des nouveaux trucs ! Soufflait-il en se frottant le visage.

Je me retournais à la hâte pour sortir du lit mais il me rattrapa la taille affirmant :

- Hey, les 100 balles de plus c'est pour l'après, laisse-moi en profiter.

Ses bras musclés me forcèrent à retourner dans le lit et à coller mon dos contre son torse. Je restais immobile pendant quelques secondes, observant les objets posé sur son bureau frappés par la lumière de la lune. J'avais eu envie de m'évader pendant quelques instants mais bonus ou non rester dans ses bras ne me plaisait guère.

Je finis par me retourner pour lui faire face :

- Capitaine Muller, je n'ai pas le temps pour ça, rétorquais-je en traçant une ligne imaginaire le long de son nez.

Le retour du champ de bataille avait été pénible et les accusations de la foule avait déraisonnablement amplifié le poids que nous avions tous sur les épaules. Peu importe les mots réconfortants et encourageants du Major, il n'y avait pas eu lieu de se réjouir : la moitié des soldats avaient été décimés, emportant dans leur chute l'espoir de bon nombre de survivants.

Le reste de la journée avait été chaotique et nous avions tous couru aux quatrecoins de le base pour aider les soigneurs et infirmiers. Les blessés et mutilés furent transportés d'urgence dans la clinique ; les vétérinaires s'activaient dans toutes les allées des écuries ; les soldats à l'agonie s'éparpillaient sur les dalles de la cour intérieure du QG.

Le ciel était gris, le ciel était bas et la lumière blanche aveuglante qui perçait les nuages nous punissait d'avoir franchir les frontières de nos terres. C'était la première fois que j'assistais à une telle désolation, le massacre avait décimé les troupes et un bon nombre de soldats allait en sortir traumatisé.

À cause de moi, l'escouade d'opération spéciale était entre la vie et la mort et pour masquer ma culpabilité j'avais fait de mon mieux pour aider à la clinique .

Plus tard, lorsque le calme fut revenu, le bataillon avait décidé de boire pour oublier et rapidement nous fûmes tous transporter par l'alcool et la liqueur de prune.

Ce fut lors de ma troisième pinte que le Capitaine Muller vint vers moi pour me rappeler les bons moments que nous avions l'habitude passés ensemble, enfin relativement bons...

Avec son sourire charmeur et sa voix grave, je pus difficilement résister et j'avais fini accepté de le réconforter à ma manière, après tout, cette journée n'avait aucun sens alors, pourquoi essayer de lui en donner ?

Je m'étais trouvé de magnifiques excuses pour accepter ses billets et me glisser dans son lit, d'ailleurs, l'absence du Caporal-chef dans les environs m'avait aidé à prendre ma décision.

D'ailleurs, lorsque je l'avais croisé après notre retour, il avait le regard vide, tellement, qu'il ne m'avait presque pas reconnue. Son visage hanté m'avait laissé savoir qu'il était au courant pour les blessures dramatiques de son escouade.

M'en voulait-il ? Beaucoup se demandaient si Petra et Erd allaient passer la nuit...

Partiellement à cause de cela, je m'étais laissé portée par toute cette euphorie. Cette joie éphémère nous avait donné l'illusion de pouvoir panser chaque blessure que nous avait infligée cette journée d'horreur.

L'alcool, la musique et les histoires banales que racontaient les soldats, j'avais envie de me plonger dans ce monde que nous avions créer pour prétendre que la réalité n'existait pas.

La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant