Chapitre 85 : Cible

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- Entre, là-dedans.

Ce furent les premiers mots qu'il m'aboya depuis son silence de mort depuis que nous avions quitté la soirée, en pointant la baignoire qu'il venait de remplir. J'allumais quelques bougies pour pallier le manque de lumière à genoux sur le sol en pierre et encombrée par ma robe de soirée.

-Vous allez avoir besoin de mon aide pour enlever cette perruque et ce maqui-

-T'occupes!

Son âpre et superficiel, j'en sursautais presque, mais je fus agréablement surprise lorsqu'il m'aida, silencieusement, à desserrer les lacets de ma robe. Celle-ci tomba immédiatement à mes pieds, libérant mon corps entier de sa torture faite de tissus.

D'un soupir, il finit par s'asseoir face au miroir pendant que je m'installais dans la baignoire. Dans l'eau chaude, je l'observais tirer vainement l'une des mèche, puis une autre et une autre. Il pesta et arracha quelques cheveux sans faire bouger la perruque toujours figée sur le haut de son crâne.

Malgré le comique de la situation, je me retenus de me moquer et sortis de l'eau avant d'imbiber mes mains d'huile d'amande douce et de m'approcher de lui.

Il me regardait dans le reflet du miroir et je lui rendais avant de commencer par masser sa nuque avant de le faire sur tout le pourtour de la perruque.

- L'huile dissout la colle et le maquillage aussi.

Et comme par magie Lisanna disparue et il retrouva sa chevelure noir corbeau si distinctif. Mes mains massèrent légèrement son crâne et à ses balancements de tête, je compris qu'il appréciait, peut-être était-il de ceux qui aimaient qu'on leur passe la main dans les cheveux. Ses trapèzes s'affaissèrent me signalant qu'il était plus détendu.

La mission l'avait peut-être plus stressée que d'habitude. J'avais remarqué, que ce soit pour les tâches administratives, ménagères ou même les missions périlleuses, il était toujours celui qu'on sollicitait le plus et j'avais également remarqué qu'il ne disait que rarement « non ». 

 En observant cela, j'avais pu donner une raison à ses traits perpétuellement tirés, ce n'était pas seulement le manque de sommeil, c'était du stress constant, du stress qui ne le quittait jamais puisqu'il devait tout gérer aussi bien pour ses cadets, que pour le bien et l'ordre du bataillon. Même ses jours de congés finissaient en signature de document jusqu'au milieu de la journée, s'était-il arrêté depuis son entrée dans l'armée ? J'en doutais.

Il finit par dégager sa tête en attrapant doucement ma main et renfrogné mais coopératif il me laissa le tirer vers la baignoire dans laquelle il s'assit face à moi.

- Fermez les yeux, demandais-je en m'approchant de lui.

Ce ne fut pas sans appréhension qu'il reçut ma demande alors je précisais en mettant mes mains sur ses épaules :

- Je vais juste vous démaquiller.

Mes mains se déplacèrent et embrassèrent son visage, puis mes pouces frottèrent le fard dessiné sur ses paupières. Par de mouvements circulaires, je mêlais l'huile à la poudre brune, celle-ci se transformait en liquide épais et coloré. Il se laissait faire et en quelques secondes son visage était devenue une toile abstraite.

- Votre peau appréciera.

- Qu'est-ce que tu entends ?

-Qu'à votre âge vous ne devriez pas avoir de cernes aussi profonds.

-T'es en train de me traiter de « vieux »? Toi ? Celle qui a gagné deux ans en un jour ? Se moqua-t-il alors que je lui tendais une serviette que je venais de plonger dans l'eau entre nous.

La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant