Chapitre 45 : Convoitise

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La salle d'interrogatoire n'était pas si étroite et étouffante lorsqu'il n'y avait personne à l'intérieur ou peut être que je pensais cela car j'étais moi-même en train d'étouffer.

Assise sur le sol et le dos appuyé contre le mur en pierre, j'entendais la voix d'Ana appeler le Caporal en boucle dans ma tête, comme une harmonie maudite, comme une formule de magie noire.

J'avais l'impression d'être immergée dans des eaux profondes, que, même si je hurlais à m'en percer les poumons personne ne m'entendrait, personne ne me comprendrait. La souffrance était telle qu'elle aurait pu me rendre sourde et qu'elle aurait pu me faire suffoquer tant elle paraissait lourde. Vers qui pouvais-je me tourner pour espérer regagner la surface ? Et que se cachait-il dans le fin fond de la noirceur de cette étendue sombre et trouble ?

Plus je m'enfuyais, plus elle m'emportait, je me demandais qu'elle serait l'issue de cette vie.

S'il y avait de l'espoir dans un tel endroit, à quoi ressemblait-il ? Saurais-je m'y raccrocher ?

- T/p, comment tu te sens ?

J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne l'avais pas entendu entrer, il était là, debout, face à moi.

Mon absence de réponse le poussa à s'accroupir et mes yeux débordants de larmes dérobèrent la réponse à mes lèvres. Non, je n'arrivais pas enterrer cette histoire, la terre y était encore trop fraîche et visiblement pour Ana, elle était encore d'actualité.

- Parles-moi.

Il insistait comme s'il ne connaissait pas la situation, sa voix était anormalement douce.

-Je pensais qu'elle était morte, mais elle est vivante et elle continue. Ce n'est pas la Ana que je connais, c'est une étrangère et elle a tout de même réussi à me montrer mes limites.

- Tu es maîtresse de toi-même, ne la laisse pas avoir un quelconque contrôle sur toi.

Je passais maladroitement mes paumes sur mes joues pour sécher mes larmes même si je ne comprenais pas ce qu'il disait, je souhaitais quand même garder un semblant de fierté.

Il attrapa mes épaules pour m'obliger à me relever, malheureusement ce contact fit monter de nouveaux sanglots dans ma gorge et par orgueil ou par honte je me retournais pour ne pas qu'il me voit : les paumes et le front collés au mur en pierre. Pleurant silencieusement comme une imbécile. Il essayait de me consoler, mais il ne le pouvait pas parce qu'il était la cause de mon chagrin et ça, c'était pire que tout.


Il enroula l'un de ses bras autour de ma taille et soudainement, je sentais son souffle dans mon cou.

- Je suis désolé, t/p. Je suis désolé que cette histoire te fasse souffrir à ce point.

La chaleur de son corps contre le mien était réconfortante autant qu'elle était douloureuse, son souffle fit frémir l'épiderme de mon cou et vibrer les petits cheveux de ma nuque.

- Et si ce n'était pas Ana, ça aurait été quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ?

- Pourquoi tu te tortures avec ce genre de scénario ? Tu sais à quel point tu es irremplaçable, n'est-ce pas ? Moi je le sais.

Ses phalanges se resserraient autour de ma taille et j'avais beau lutter, j'avais envie de plonger dans ses bras.

J'avais tout fait pour lui montrer à quel point cette histoire me touchait pour qu'il comprenne ce que je ressentais pour lui, mais que je crie ou murmure, j'étais sans cesse face à un mur.

Il m'entendait, mais me comprenait-il ?

- Prouvez-le moi ! M'écriais-je en frappant mes paumes contre le mur en pierre.

La Princesse des Rues : Redemption [TOME 2] - LEVI X READER -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant