Chapitre 16

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La journée est déjà bien entamée.

On avait passé beaucoup de temps à fouiller l'appartement, et les recherches avait été plutôt fructueuses. On avait relevé quelques détails intéressants qui pourrait nous révéler certains indices.

Il est dorénavant temps de rentrer à l'Enclave.

Vildred vient de raccrocher, après avoir passer un appel à Isaac pour le prévenir brièvement de la situation. On se dirige dorénavant vers sa voiture.

— Isaac à l'air particulièrement content. Tu verras comme ça qu'il n'est pas uniquement ronchon, lance le chasseur, en esquissant un petit ricanement.

— Ça existe vraiment, un Isaac de bonne humeur? J'ironise alors, en ouvrant la portière du luxueux cabriolet de mon nouveau coéquipier.

— Je te trouve un peu insolente, Sosie.

— Dis celui qui a pour réputation de ne pas suivre les règles.

Vildred hausse un sourcil m'adressant un regard approbateur.

— T'as du tempérament toi.

— Il en faut.

Vildred acquiesce et démarre la voiture. Il allume sa radio et diffuse du vieux jazz, instaurant une atmosphère tout de suite détendue.

— Qu'est-ce que ça te fait, d'écouter de la musique...? Je veux dire, tu ne peux pas ressentir quelque chose, pourtant tu as l'air d'apprécier ça?

Vildred laisse ses yeux rivés sur la route. Il laisse s'écouler quelques mystérieuses seconde de silence avant de répondre.

— C'est vrai, je ne ressens rien, aucune émotion. Mais, la musique à un effet sur le corps, sur la tension des muscles, sur la pression artérielle. Alors même si je ne ressens pas émotionnellement ses bienfaits, je sais rationnellement que c'est quelque chose de bénéfique.

Je hoche doucement la tête, fixant à mon tour la route.

— Je comprends ce que tu veux dire.

Le paysage extérieur se met à changer peu à peu. Les logements bas et si typique du Quartier Français, laissent progressivement place aux hauts buildings de Central Business District.

Je me tourne à nouveau vers le chasseur.

— Tous ces gens...ils semblent avoir si peur de toi...J'ai vu ton frère, hier. J'ai vu dans ses yeux ce qu'il ressentait par rapport à toi.

Ce que je viens de dire est assez osé, mais je sais que Vildred n'aura pas la capacité de se vexer. Je sais aussi que depuis le début, il s'était contenté de répondre à toutes les questions que j'avais osé lui poser. Bizarrement, plus je commençais à le connaître, moins je ressentais de peur à son égard.

— James est mon frère aîné. Il a huit ans de plus que moi. On vient d'une puissante famille de Chasseurs d'Ombre, mon père était le référent. James a récupéré ce statut quand il est décédé, il y a quelques années.

— Toutes mes condoléances.

— A vrai dire, aujourd'hui, cela ne me fait ni chaud ni froid.

Forcément, s'il ne ressent plus rien.

— C'est une évidence.

— James a toujours aimé tout contrôler et d'autant plus depuis qu'il est devenu le supérieur de tous les Chasseurs d'Ombre. Alors, quand j'ai perdu toutes mes émotions, je pense qu'il a eu peur mon son statut. C'est le cas de beaucoup. Les gens ont peur de la différence, ils ont peur de ce qu'il connaissent pas, ils ont peur de ne pas avoir une longueur d'avance. Alors que quand tu n'as pas d'émotion, c'est toi qui l'a, la longueur d'avance. Tu perçois les choses différemment, tu résonnes différemment. Tu comprends d'autant plus rapidement les failles émotionnelles des autres. Les gens te voient donc comme une menace, parce que c'est ce que tu es. Tu es un frein à leur raisonnement, à tous ce qu'ils ont connu auparavant. Ta divergence devient ta principale arme, que personne aujourd'hui ne sait désamorcer.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant