Chapitre 29

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Les dix-sept heures sont vite arrivées.

La journée a été très longue et difficile. Mais, en dépit de tout, la mission avance. Je connais dorénavant la vérité sur ma mère, et j'ai la confirmation que mon père n'est pas quelqu'un en qui je peux avoir confiance.

Au contraire d'Isaac qui s'était montré généreux à mon égard, même si je sais que son aide a pour objectif en partie de servir ses intérêts...Malgré tout, il s'était montré disponible et sa présence avait œuvré à me calmer au moment où je m'apprêtais à partir en vrille.

— Je ne sais pas comment te remercier, je souffle alors en raccompagnant le jeune homme à la porte.

— « Merci ». C'est si simple que ça, réplique-t-il de son air cynique en enfilant son éternel blouson en cuir sombre.

Je souffle légèrement.

— Plus sérieusement, Isaac. Tu as été là pour moi, plus ce que tu aurais dû faire. Je suis désolée d'avoir été un peu...difficile à gérer.

Le loup-garou hausse brièvement les épaules, d'un air un peu détaché et récupère toutes ses affaires.

— Ne le sois pas. Et puis, je ne suis pas un imbécile sans cœur. Ta situation est compliquée donc n'importe qui avec un minimum d'empathie ne t'aurais pas laissée en plan après tout ça. Finalement, je ne suis pas un connard? N'est-ce pas? Lit-il dans mes yeux.

Son regard ambré se mêle au mien, transperçant mes yeux d'une telle façon que j'ai du mal à le soutenir. Je souris légèrement et prends sur moi pour contrôler la couleur de mes joues.

— Peut-être bien que non.

J'avais en réalité mal jugé Isaac. Après, c'est vrai qu'il avait été très dur avec moi dès le début. Mais, il était loin d'être le pire de tous dans cette histoire.

— Ça te fais du mal de le prononcer, n'est-ce pas?

— Je n'ai jamais voulu que nos relations se passent comme elles se sont passées au départ, je réplique, sous-entendant que la faute se situe plus de son côté.

— Et bien, c'est dit, réplique-t-il simplement sans m'accorder de regard et en rangeant son ordinateur portable dans son sac.

Je raccompagne le loup-garou jusqu'au portail. Il est temps dorénavant de se quitter. Bizarrement, je sais que ça va faire un vide, sans lui.

— Bonne soirée, déclare Isaac.

— Merci à toi aussi. J'espère qu'on sera amenés à repartir sur de nouvelles bases, je réplique alors, en lui adressant un sourire sincère.

Isaac fronce légèrement les sourcils, étonné, mais finit par me rendre mon sourire presque imperceptiblement d'une manière simplement polie mais détachée.

Sans me répondre, il me fait un signe de tête pour me dire au revoir et disparaît.

Je referme le portail et me réfugie à l'intérieur, les joues rouges.

Mais qu'est-ce qu'il me prend?

Je rêve ou je lui fais les yeux doux??

Je laisse échapper un petit soupire, chasse les pensées embarrassantes de ma tête, reprends mes esprits et me dirige vers la cuisine pour couper la faim qui le terrasse depuis tout à l'heure. Je n'ai pas eu vraiment le temps de manger après tout ça.

Quand je m'apprête à regagner ma chambre en passant par l'entrée, la porte principale s'ouvre.

Mon père entre alors, et se retrouve face à moi.

Ses yeux se posent immédiatement sur le bandage qu'Isaac m'a fait à la main, puis sur la commode dorénavant vide sur laquelle était posée le cadre et les objets de décoration que j'ai cassés dans mon élan de folie.

Mon cœur se soulève.

Je croise alors son regard, et un sentiment immense de haine renaît.

Je sers les poings si bien que mes ongles entaillent la peau de surface de ma paume mais les relâche rapidement pour ne pas éveiller les soupçons.

Mais, je sais qu'il a compris. Je le vois dans ses yeux. Cependant. qui est extrêmement étrange, c'est qu'il ne dit rien du tout. Il demeure dans un silence troublant malgré le simple « bonsoir » qu'il m'a adressé. Je ne comprends pas vraiment sa réaction.

Je m'empresse alors de me réfugier dans ma chambre. Je ne peux pas rester ici plus longtemps. Je sais que j'avais prévu de rentrer en fin de semaine à La Nouvelle Orléans, mais je ne peux plus tenir. Je m'achète alors avec le restant de mes économies un aller pour la Louisiane.

Le vol est demain midi, ce qui me permet de partir dans la matinée sans que mon père s'en rende compte, puisqu'il sera au travail sur ces horaires. C'est peut-être plus sécurisé de faire comme comme ça. Je ne sais pas ce qu'il a déduit quand il m'a vue, et par précaution, il vaut mieux que je me retrouve loin de lui le plus rapidement possible. Je lui expliquerais que j'ai décidé de rentrer pour travailler un examen prévu à la rentrée. Je n'ai pas d'autres excuses de toute façon.

*

Le soir venu, j'ai du mal à trouver le sommeil. Je passe en revue tout ce qui s'est passé aujourd'hui. J'ai appris beaucoup de nouvelles choses, mais en même temps j'ai l'impression que ça ne m'aide pas vraiment à savoir ce que je suis. Peut-être que la solution serait de fouiller le bureau de mon père, mais sans Nathanaël pour ouvrir le verrou avec sa magie, je ne pourrais pas y accéder. Tant pis, je trouverai un autre moyen.

Soudain, ma discussion avec Jayden me revient en tête. Il m'a affirmé que si je voulais des réponses, c'est Bella qui me les apporterait. C'est donc ce que je vais faire: aider l'Enclave à retrouver mon sosie.

Bella reste la seule et l'unique façon d'avancer. Elle est mon dernier espoir.

Ça me fait toujours étrange de savoir que j'ai un double qui vit quelque part dans le pays. Je ne l'ai jamais vue pas mais depuis que je connais son existence, je n'ai pas un seul moment où je ne pense pas à elle. N'ayant jamais eu de frère et sœur, une partie de moi ne peut la caractériser autrement que comme ça. Est-ce que je ressens un brin d'affection pour elle? Je ne sais pas. Mais, je ne peux nier le fait que je suis inlassablement intriguée par elle. Elle semble si mystérieuse et en même temps difficile à comprendre.

Je me crispe quand je pense aux vampires. Elle semble faire partie de leur camp. Or, ils ont essayé de me tuer. Cela signifie donc qu'elle ne me voit pas d'une bonne augure. Pourrait-elle lever la main sur moi? Me tuer? Quel est véritablement son but? Il y a-t-il un moyen de la raisonner si elle est manipulée par les vampires?

Une partie de moi refuse qu'elle soit la méchante de histoire. Mais si c'était le cas?

Je lâche un profond soupire, me retournant dans ma couette. J'avais sans doute encore plein de choses à découvrir et ce n'était pas ce soir que je percerai tous les mystères.

***

L'embarquement est terminé. L'avion est prêt à décoller.

Étant dorénavant sûre de quitter New-York pour La Nouvelle Orléans, j'envoie un message pour prévenir Vildred que je suis sur le chemin du retour, étant donné c'est lui qui me supervise là bas.

Je reçois presque immédiatement une réponse.

« Demain, neuf heure, salle 107 de l'Enclave. »

C'est tout.

Le message est froid comme l'apparence du jeune homme, mais cela ne m'étonne pas.

Je mets mon téléphone en mode avion et mon cœur se met à s'emballer d'excitation.

La Nouvelle Orléans, me revoilà.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant