Chapitre 114

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Je me réveille, vaseuse. Ma tête tourne, j'ai quelques nausées, et me redresse difficilement pour garder la tête droite. Je suis dans un endroit sombre, faiblement éclairé par la lueur de bougies accrochées aux murs. Une cellule délimitée par des barreaux. Je suis enfermée. Je parviens à aperçoire dans l'obscurité Vildred, allongé sur le sol, dans une cellule en face de la mienne, inconscient. Les cellules sont séparées de chaque côté par une sorte de couloir.

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que je suis tout de suite happée par une voix cristalline un peu plus loin qui fredonnent d'un air musical émotionnel qui ne m'est pas inconnu. C'est Path 5, de Max Richter. J'ai toujours apprécié le travail de ce compositeur. C'est un air triste, et emprunt de désespoir, mais paradoxalement profondément apaisant.

Cette voix angélique me fait oublier pendant quelques secondes ce qu'il s'est passé, me plongeant dans un univers émotionnel et fantasmatique qui m'envoûtent le cours de quelques instants.

La voix s'interrompt au moment où Vildred se réveille, puis se redresse brusquement dans une quinte de toux non maîtrisée. Il vomit ensuite à ses pieds, visiblement mal en point.

Inquiète, je me relève subitement et me jette aux barreau de ma cellule. Je ne peux pas aller plus loin. Le couloir nous sépare.

— Est-ce que ça va ? je m'exclame.

Vildred toussote encore un peu avant de me répondre, parvenant à se lever difficilement en se tenant par les barreaux.

— Rien d'insurmontable. Effets secondaires de la forte dose du sédatif qu'ils m'ont administrée.

— Où est-ce qu'on est ? je murmure, en balayant le lieu du regard.

Comme il fait trop sombre, je ne parviens pas à relever plus de détails.

— Quelque part où on ne pourra pas nous trouver visiblement.

— Tu sais qui nous a fait ça  ? je demande, désorientée.

Vildred ne répond pas. Il examine méticuleusement sa cellule, à la recherche d'une solution de sortie.

— Bien-sûr qu'il sait. Il es né parmi eux. Il a été élevé dans leurs rangs.

Je me fige. La voix féminine et cristalline qui fredonnait l'air vient de me répondre. Mais, cette fois-ci, quelque chose m'interpelle directement. Je reconnais cette voix.

Parce que j'ai la même.

— Bella, articule Vildred.

Je me fige, après avoir tourné ma tête du côté d'où la voix provient. Je remarque une forme humanoïde, assise au sol, dans l'obscurité dans la cellule à côté de la mienne. Nos deux cellules sont séparées par des barreaux.

— Bien le bonjour, Vildred. Quelle ironie de te retrouver ici, réplique la jeune fille, avec cynisme, une pointe de provocation dans la voix.

— La question c'est qu'est-ce que tu fais, toi, chez eux, lui répond-il.

Tout fuse alors dans ma tête. Je n'arrive plus à penser normalement. Bella ne répond pas.

— Attendez ! Je ne comprends plus rien ! Où est-ce qu'on est ? je les coupe en m'exclamant.

Vildred s'accroupît alors, sûrement encore perturbé par l'effet de la dose élevée de sédatif qu'on lui a administrée.

— Les types qui nous ont piégés sont des Chasseurs d'Ombres. Ceux qui travaillent pour James, déclare-t-il.

Je palis. Mon sang se glace dans mes veines. 

— Donc, c'est eux qui sont derrière tout cela ?

Il secoue la tête.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant