Doppelgänger

Chapitre 145

|Laura|

Les vagues sont puissantes. L'obscurité de la nuit n'arrange pas la situation. Laura et Stan ne savent pas vers où ils naviguent. L'océan noir paraît sans fin, et leur barque si petite.

La jeune femme peine à ramer. Elle est fortement blessée, et ses plaies ne cicatriseront pas tant qu'elle n'aura pas bu du sang. Assommée par la douleur toujours autant présente, elle laisse échapper des grognements et des gémissements de souffrance face à ce calvaire infernal.

Stan lui propose de se reposer, et de ramer seul le temps de quelques heures, mais Laura refuse. Elle ne veut accepter aucune aide de sa part, et ne veut lui montrer aucune faiblesse. Pourtant, ses souffrances sont facilement visibles.

— Cela ne sert à rien, Laura. Tu vas t'épuiser plus que tu ne l'es déjà, déclare Stan.

— Je ne suis plus l'adolescente fragile que tu as rencontrée avant de la piéger, rétorque-t-elle froidement et agressivement, continuant à ramer de plus belle.

Stan laisse échapper un petit soufflement. Voir la jeune femme toujours autant remontée contre lui, lui fait mal au cœur. Il n'aime pas la voir comme ça. D'autant plus qu'il n'a toujours pas eu l'occasion de lui dire la vérité, comme elle ne veut pas le laisser parler.

Un silence de mort s'en suit alors. Laura cherche à tout prix à éviter son regard, fixant loin devant elle l'obscurité de la nuit. Elle veut ramer le plus vite possible pour que ce moment prennent fin rapidement. Elle en veut pas rester avec lui, sur ce petit bateau.

— Ce n'est pas moi qui t'ai transformée, Laura, finit-il par avouer.

Laura lève furtivement les yeux vers son interlocuteur avant de projeter son regard de nouveau vers l'horizon assombri, alors qu'ils s'écartent de plus en plus du bateau en feu qui commence à couler.

Laura ne croit bien évidemment pas ce qu'il dit. Elle sait que Stan est un menteur. Il lui ferait croire n'importe quoi pour l'adoucir. Elle ne prend alors pas la peine de lui répondre. Elle n'en voit pas l'intérêt.

— Tu ne me crois pas, c'est ça ? poursuit le vampire.

La voix de Stan l'agace fortement. Laura a de plus en plus de mal à se contenir et à rester calme face à lui. Cela lui demande des efforts considérables qu'elle n'est plus prête à fournir.

— Me prendrais-tu pour une idiote, Stan ? Des vampires, ce soir-là, m'ont montré la vidéo. J'ai vu que c'était toi qui m'avait tuée, gronde-t-elle alors.

Stan la transperce du regard et secoue la tête.

— Tu crois vraiment qu'avec tout l'amour que je te portais, j'aurais pu te tuer ? lui demande-t-il, incrédule.

— Tu voulais que je devienne vampire pour pouvoir rester l'éternité avec toi. Ce n'est un secret pour personne. Tu as fini par passer à l'action. Au fond c'était prévisible, lâche sèchement la jeune femme, le regard habillé de haine.

— Oui, je le voulais, mais jamais je n'aurais pu « passer à l'action ». Ce que je désirais c'était que tu prennes toi-même cette décision. Je ne t'aurais jamais forcé à le faire. Jamais.

Laura ne se souvient pas de sa transformation. Elle suppose qu'on a effacé ses souvenirs, mais elle a vu la vidéo. Elle a vu que c'était Stan l'auteur de ces atrocités.

— Je savais que tu serais prêt à beaucoup pour mentir, mais à ce point...lâche la jeune femme, au bord de l'exaspération.

Elle ne veut qu'une chose, arrêter cette conversation dont elle ne voit pas l'intérêt.