Chapitre 121

946 179 16
                                    

Cette soirée est terriblement ennuyeuse et frustrante. Vildred et Isaac sont dehors, à avancer sur la mission, alors que je suis cloîtrée entre quatre mur, dans une maison perdue en plein milieu de la forêt. Alors, non, ils m'ont pas laissée seule parce qu'ils m'ont attribué comme baby-sitter, Laura. Je l'adore, c'est une évidence, mais pour moi rester enfermer toutes les deux est une perte de temps monumentale compte tenue de la situation. Ce temps, on pourrait l'investir pour bien d'autres choses.

Je suis avachie sur la canapé du salon, enroulée dans un plaid à réfléchir pensive à la suite des événements. Laura nous cuisine un plat italien, concentrée sur ses fourneaux. Sauf qu'elle s'interrompt brusquement alors qu'elle était lancée.

— Est-ce que tu peux m'aider à rentrer du bois ? Il fait froid, on devrait faire un feu, suggère-t-elle.

Je hoche la tête, retire le plaid de mes genoux et me relève. On n'a rien de mieux à faire de toute façon, donc au moins être utile.

— Pas de problème.

J'ouvre la porte d'entrée et suis la première à sortir dehors. Je sais que le tas de bois est situé un peu plus loin de la maison, dans le bois, sous un vieil abri. J'enfile un sweat que j'ai attrapé pour me couvrir un peu et faire barrière au vent légèrement agressif, et me dirige vers le tas. La nuit s'est levée, et les températures ont pas mal chuté. J'ai déjà hâte de me mettre devant la cheminée pour me réchauffer les mains.

Enfin devant la montagne de bois, je commence à empiler les bûches entre mes bras.

— Tu penses que combien suffirons ? je lance alors assez fort pour que Laura m'entende.

Pas de réponse.

Étonnée par ce silence déconcertant, je me redresse et me retourne à la recherche de la jeune femme.

Elle n'est pas là.

Je comprends rapidement qu'elle n'est pas sortie, ce qui est assez étrange étant donné sa demande. Elle ne m'aurait pas laissée faire le travail toute seule.

Je l'interpelle à nouveau, plus fort, sans avoir de réponse. Seul un profond silence est audible. Un silence qui est de plus en plus angoissant, et qui est de toute évidence anormal.

Je reste quelques secondes à fixer le paysage, sans succès, et finis par me retourner de nouveau vers le tas de bois pour continuer à ramasser des bûches. Mais soudain, un objet lourd m'assomme au niveau du crâne. Je perds subitement l'équilibre, lâchant les bûches que je tenais jusqu'alors, et me rattrape comme je peux au tas qui s'effondre à mesure que j'essaie d'y prendre appui. Toujours consciente mais avec une vision troublée par le choc violent, je réussis à faire volte-face pour me retrouver juste devant mon assaillant. Je déjoue un de ses coups supplémentaires et tente de me défendre, sauf qu'il tient une barre de fer dans la main qu'il s'apprête à lever au dessus de mon crâne pour me fracasser.

Je me rue alors sur le sol, recroquevillée en boule, protégeant ma tête de mes main. À ce moment-là, je ne sais pas ce qu'il se passe, mais je ne reçois pas le coup qu'il me prévoyait. L'homme s'écrase lourdement sur le sol, dans un cri étouffé de douleur.

Je me redresse subitement, sous l'effet de la panique et de l'adrénaline, pour comprendre ce qu'il se passe. L'homme est inerte devant moi, une flèche plantée dans son dos. Je lève les yeux et projette mon regard un peu plus loin, dans le brouillard de la forêt. Une silhouette fine et féminine s'y dessine. Je reconnais l'identité de ma sauteuse avec l'éclat flamboyant de ses cheveux.

C'est Bella, un arc à la main.

Je comprends qu'elle vient de me sauver la vie.

Je ne crois pas ce que je vois, et pourtant. Même à travers le brouillard, je sais reconnaître une silhouette identique à la mienne. Je pensais qu'elle avait fui la Nouvelle Orléans...Que fait-elle ici ?
Une montagne de questions m'assaillent alors. Je reste pendant quelques secondes figée sur place, la bouche entrouverte, avant d'entamer une marche rapide pour rejoindre la jeune femme.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant