C'est le moment le plus embarrassant de toute mon existence.
On se retrouve face à Isaac, Vildred et moi, de toute évidence pris par surprise.
Je cherche ce que je pourrais dire. « Tu ne dors pas ? », « Ce n'est pas ce que tu crois »...? Tant d'expression que je me résous à bannir dans cette situation. Je vais devoir assumer, et je ne sais pas si avoir Vildred de mon côté est une circonstance atténuante ou aggravante, mais j'appréhende la discussion qui va suivre, et sa présence ne fait qu'accentuer mon anxiété.
— Ce n'est pas encore la pleine lune. Tu peux retourner te coucher, lance Vildred au loup-garou sur le ton de l'ironie.
Il n'y que lui pour se permettre de faire ce genre de réflexion alors qu'il est en tort.
— Ce n'est absolument pas le moment de faire de l'humour, tranche l'interlocuteur, d'une voix faisant transparaître une froideur absolue.
Vildred hausse un sourcil d'une manière désinvolte, bien à lui, et dévisage son collègue.
— Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Isaac ?
— Oh, je ne sais pas, par exemple tu peux commencer par me dire ce que tu fais avec Linda à l'extérieur et en pleine nuit ?
Vildred lève les yeux au ciel, fais quelques pas pour se diriger vers la penderie qui se trouve dans l'entrée, retire son manteau, ne répondant volontairement pas à son interlocuteur. Il ne veut définitivement renoncer à ses élans de provocation.
— Isaac...je lâche, mal à l'aise, m'introduisant dans la conversation, sentant que le silence devient pesant.
— Oh par pitié, épargne-nous ton numéro de mec jaloux. Tu lui dis Linda ou je lui dis ? rétorque enfin le Chasseur en se tournant vers moi.
Il attend forcément le moment où je m'apprête à pendre la parole pour me mettre un coup de pression.
— Me dire QUOI ? s'indigne Isaac, d'un ton tranchant qui me fait tout de suite frissonner.
J'ai du mal à le regarder dans les yeux.
— J'ai l'impression que ce n'est pas une véritable question, je réplique froidement, en dévisageant le Chasseur d'un regard mauvais, face à sa réplique qui m'agace un peu.
Il m'oblige à prendre les devants. En soi, ça ne me dérange pas, mais je sais qu'il fait ça parce qu'il prend un malin plaisir à me voir me disputer avec Isaac.
— Honneur aux femmes, réplique-t-il en m'adressant un sourire totalement ironique.
— Oh forcément. T'es galant que quand ça t'arrange, hein ! je lâche, imitant son insupportable sourire.
— Bon sang, au lieu de vous engueuler comme un couple, vous allez me dire OÙ vous étiez ?!s'exclame Isaac, en interrompant brusquement la conversation.
— On était chez les vampires ! je m'écrie alors, commençant à perdre patience, face à ces haussements de tons qui me rendent encore plus nerveuse que ce que je ne le suis déjà.
Silence.
Isaac se fige.
— Quoi ? articule-t-il, plus bas, les yeux prêts à sortir de leur orbites.
— Qu'est-ce que t'as pas compris dans « on était chez les vampires » ? Il faut qu'on te le traduise en quelle langue ? s'impatiente le Chasseur.
Isaac fait volte-face, assassinant son interlocuteur du regard.
— Oh ça va, Vildred ! Ton humour cynique tu peux te le garder pour toi ! J'y crois pas...! Vous étiez chez les vampires ? réplique-t-il, en me transperçant d'un regard si noir que je commence à douter de l'existence de ses iris, au vu de la taille de ses pupilles.
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Doppelgänger
ParanormalLa Nouvelle Orléans regorge de légendes mystérieuses et terrifiantes. Mais croyez-vous véritablement aux vampires, aux loup-garous et à la sorcellerie? Linda est persuadée que le paranormal existe. Tout juste arrivée au plein cœur la ville la plus c...