Chapitre 55

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Je fixe mon reflet dans la glace un peu dubitative.

En réalité, je ne savais pas vraiment quoi porter pour le déjeuner avec Isaac. J'ai finalement décidé d'enfiler la petite robe noire que j'ai achetée avec Laura. Elle ne fait pas trop chic ni habillée, et en rajoutant dessus une petite veste courte en jean clair, cela lui apporte un côté décontracté.

J'essaie de trouver un juste milieu, une tenue mignonne et jolie mais sans en faire trop. Et puis, Isaac ne m'a pas dit explicitement que c'était un date, en soit. Ce pourrait très bien être un déjeuner entre collègue, après tout, même si je garde en mémoire la séance cinéma maison qui a failli déraper.

Il ne fait pas froid à La Nouvelle Orléans, même mi décembre. Aux heures les plus chaude, la température avoisine les vingt degrés, donc c'est assez dépaysant pour moi, qui suis habituée aux Noël passés sous la neige. New-York l'hiver à son charme, mais passer Noël au soleil est tout aussi incroyable.

Je récupère mon sac à main, arrange mes cheveux que j'ai lissé et me dirige dans l'entrée. Par chance, Vildred est parti de l'appartement ce matin. Cela m'évite ce moment gênant où il m'aurait demandé « qui vas-tu retrouver? » .

Je reçois un message d'Isaac m'informant qu'il est en bas. Le cœur battant, et sentant une onde d'anxiété se répandre en moi, je saisis mes clés, verrouille la porte et descends les escaliers. Je retrouve le loup-garou dehors.

Je le salue d'une main timide, un peu inhibée. Il m'adresse un sourire chaleureux qui me fait absolument craquer, attardant légèrement son regard sur ma tenue. Par délicatesse, il ne fait pas de commentaire dessus, mais son regard me suffit pour comprendre qu'il me trouve jolie.

Il porte quant à lui une chemise noire qui lui va à merveille et un pantalon de la même couleur. Facile de trouver ce qu'il serait s'il devait être une couleur. Il s'habille toujours plus ou moins sombrement, mais toujours sobrement.

— Le restaurant est à quinze minutes à pieds. Ça ne te dérange pas de marcher un peu? Me propose-t-il.

— Non, pas du tout, je souris poliment.

Un petit silence s'en suit alors. On se met en route vers une destination qui m'est encore inconnue.

— Tu m'emmènes dans un lieu secret? Je poursuis en lui accordant un regard complice.

Isaac laisse échapper un petit rire.

— Plutôt, oui. Le restaurant est petit et plutôt caché. On devrait être tranquille. Est-ce que tu aimes la nourriture cajun? Ils ont des spécialités de fruits de mer et poisson frits, ainsi que des viandes épicées.

— Oh, ça fait envie. C'est ton QG?

Le loup-garou acquiesce.

— J'aime bien y passé du temps. Les Surnaturels n'y vont pas parce qu'il se situe dans la partie la plus « humaine » de la ville. C'est donc assez tranquille et profitable quand tu as envie de te couper quelques instants du monde Surnaturel.

Je souris alors.

— « Envie de se couper du monde Surnaturel? » Ça t'arrive? Je lui demande, étonnée.

Le jeune homme se plonge dans ses pensées.

— Quelques fois. Le monde des humains est moins compliqué que le nôtre. Ils ont moins de choses à penser, moins de danger à affronter. Ça fait du bien parfois d'oublier quelques instants notre réalité pour se laisser bercer par l'illusion d'un monde plus paisible. Nos vies ne sont pas enviables.

Je comprends à son regard la pesanteur qu'il ressent face à son quotidien éprouvant de Surnaturel. Isaac a l'air d'être quelqu'un de sensible bien qu'il parait tout le temps si « fort » et impassible. Mais, ça le rend en quelques sortes plus...humain.

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