Doppelgänger

Chapitre 110

|Laura|

Souvenirs...

C'était une nuit calme de septembre. Une nuit calme qu'en apparence. Cela faisait quelques jours que Laura avait revu pour la deuxième fois Stanislas. Cette fameuse soirée restait gravée dans son esprit. Elle n'avait pas arrêté de penser à lui, qui l'intriguait de plus en plus. Elle savait qu'elle était séduite par le jeune homme, mais elle ne voulait pas céder pour le moment à son attirance. Elle voulait découvrir ce qu'il semblait cacher. Mais, au delà de cela, elle désirait plus que tout le revoir, passer un nouveau moment en sa compagnie. Il était la seule lumière dans sa vie qu'elle détestait tant.

Ce soir-là, ses parents étaient retournés en Italie avec sa petite sœur, pour rendre visite à une tante malade. Laura n'avait pas pu les accompagner, devant se rendre le lendemain à un rendez-vous professionnel important. Elle en avait profiter pour se rendre à une fête chez une amie. Mais, elle l'avait quittée assez tôt dans la nuit, vers une heure du matin, pour ne pas se coucher trop tard et manquer de sommeil pour le lendemain.

A cette heure-ci, les tramways et les bus ne circulent plus dans la ville de La Nouvelle Orléans, l'obligeant à marcher près de quarante-cinq minutes à pieds. Laura n'est jamais vraiment à l'aise face aux fait d'être dehors, la nuit. Mais, elle sait qu'elle n'a pas le choix. Et puis, c'est une jeune femme qui fait attention. Malgré la situation, elle sait rester prudente. Mais, ce n'est pas pour autant qu'elle ne court aucun risque, à marcher seule, dans les rues sombres et désertiques d'une des villes les plus criminelles des États-Unis.

Les écouteurs dans les oreilles, pour meubler ce silence qui la rend anxieuse, Laura n'entend pas que quelqu'un la suit depuis quelques minutes déjà. Elle s'en aperçoit quand elle aperçoit son ombre se projeter devant elle. Son cœur se soulève alors. Elle se retourne discrètement pour guetter la personne qui la suit. Il a l'air d'être un homme, et ce dernier est vêtu intégralement de noir, une capuche sur la tête.

Laura ne sait pas si elle commence à fabuler. Ce type n'est sûrement pas là pour l'enlever ou l'agresser comme elle commence à l'imaginer. Il doit sûrement emprunter le même chemin qu'elle pour se rendre à son domicile. Mais, Laura peut essayer de se rassurer comme elle veut, elle a un très mauvais pressentiment.

Elle plonge alors sa main dans son sac. L'objet le plus tranchant qu'elle a sont ses clés. Elle saisit alors son trousseau et s'apprête à le sortir pour se défendre si le mystérieux inconnu tente quelque chose contre elle.

Pour le moment, elle emprunte de grands boulevards. Mais, elle sait qu'elle va bientôt devoir traverser des petites rues plus résidentielles et moins éclairées pour rejoindre son domicile. Elle commence alors à angoisser. Ayant éteint sa musique, elle entend toujours les pas de l'homme derrière elle. Quelle est la probabilité que deux personnes inconnues suivent intégralement le même chemin, la nuit, dans des rues désertiques ? Sûrement pas beaucoup, à moins que l'un d'entre eux ait décidé de suivre délibérément l'autre.

Laura finit par arriver au niveau d'un petit tunnel, qu'elle est obligée d'emprunter pour rejoindre le quartier résidentiel. Hésitante, elle finit pourtant par se décider à le traverser. De toute manière. Elle ne peut pas emprunter d'autre chemin que celui-là.

Elle sent alors un sentiment de soulagement se propager en elle quand elle se retourne au milieu du tunnel sans apercevoir l'homme qui marchait jusque-là derrière elle. Elle s'est donc fait de fausses idées sur lui. Qu'est ce qu'elle peut angoisser pour rien...! Plus de peur que de mal. Elle remets alors sa musique, et continue à marcher jusqu'au bout du tunnel. Ce dernier n'est pas éclairé. Elle se repère uniquement à la faible lumière émise par un lampadaire à la sortie de ce dernier.