Doppelgänger

Chapitre 126

|Laura|

Souvenirs...

Cela faisait désormais quelques mois que la jeune femme sortait avec Stanislas. Trois mois idylliques, ça c'était une certitude. Il la traitait comme une reine, faisait preuve d'un respect et d'une patience aguerrie à toute épreuve. Laura avait été précédemment dans des relations où elle ne s'était pas sentie véritablement aimée ni choyée. Elle était sortie avec des hommes égoïstes, immatures, souvent infidèles, et elle s'était imaginé que tous ceux qu'elle rencontreraient en suivant seraient comme eux.

Heureusement, elle avait eu tord. Stanislas n'était pas comme tous les autres. Du moins, c'est ce qu'elle pensait à ce moment. Elle voyait le mystérieux jeune homme d'une manière totalement idéalisée. C'était l'homme parfait : protecteur, attentionné, à l'écoute, et au delà de ça immensément valorisant. Laura n'était pas une jeune fille qui avait confiance en elle, mais les mots si gentils qu'ils avaient envers elle la repositionnaient sur un piédestal. Elle n'avait jamais connu cela avec les autres garçons. Stanislas était définitivement l'homme qu'elle avait toujours voulu et qu'elle n'avait jamais eu.

Toutefois, certaines choses étranges titillaient sa curiosité, la faisant, de plus en plus, se poser des questions sur lui. Notamment le fait qu'ils ne se voyaient que le soir. Pourtant Laura avait essayé de lui proposer un brunch certains dimanche, où une promenade en forêt dans l'après-midi, mais il avait toujours décliné, en indiquant comme excuse qu'ils devait travailler. D'ailleurs, concernant son travail, il restait toujours très évasif. Elle n'avait jamais pu découvrir son restaurant, et elle trouvait cela tout de même étrange. Elle se disait que Stanislas était un homme qui avait besoin de temps avant de se livrer sur sa vie, et par délicatesse elle s'était résolue à ne pas plus creuser. Et au fond d'elle, elle ne voulait pas risquer de découvrir qu'il était comme tous les hommes qu'elle avait connus : menteur et opportuniste.

Elle avait tout de même pu se rendre dans l'appartement de ce dernier. Un appartement dans le quartier mal famé de la ville, Seventh Ward, mais étrangement très luxueux, ce qui établissait un contraste très étonnant avec les autres logements à proximité. Ce qui avait retenu son attention était l'obscurité ambiante. Les volets étaient toujours fermés, les rideaux opaques tirés. Autre chose étrange : elle n'avait pas accès à son arrière cuisine. Celle-ci était verrouillée par un code qu'elle n'avait jamais osé demandé à Stanislas. Elle s'était demandé en plaisantant s'il cachait derrière un cadavre. Il y avait aussi un autre élément qui l'avait amenée à se poser des questions. Les nuits où elle dormait chez lui, il partait toujours avant l'aube pour aller travailler. Il prétextait souvent que dans le milieu de la restauration, c'était une nécessité, mais elle trouvait tout de même cela bizarre. Il semblait n'avoir jamais de jours de congés ou de repos. Elle savait bien que c'était un homme ambitieux et travailleur, mais à ce point...? Certaines choses semblaient tout de même lui échapper.

Mais, au fond d'elle, elle l'aimait tellement, qu'elle ne voulait pas être déçue en imaginait qu'il lui mentait ou qu'il lui cachait des choses. Il semblait si parfait, à côté de ces étrangetés...Elle ne voulait pas que ce rêve prenne fin. Mais, la désillusion qui a suivi quelques années plus tard lui a fait s'en vouloir d'avoir tant fermer les yeux.

Ce fameux soir, Stan devait la retrouver chez elle pour passer la nuit ensemble. Elle avait prévu de l'impressionner avec ses talents de cuisinière, savant que lui était un expert dans le domaine. Il devait arriver dans les alentours de vingts-deux heures, ce qui lui avait laissé le temps de préparer le plat parfait. Seulement, avec la fatigue, elle avait oublié quelques ingrédients finaux. Stanislas devait arriver dans une trentaine de minutes, lui laissant quelques instants pour sortir en vitesse faire des courses à la supérette la plus proche.