Chapitre 95

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J'ai littéralement câblé avec la discussion houleuse avec Isaac.

A la pause déjeuner, je suis partie, sans donner de nouvelles à personne et j'ai éteint mon téléphone pour ne plus avoir aucun contact avec les membres de l'Enclave.

J'ai erré seule dans la ville toute la journée, complètement absorbée par mes émotions. En réalité, je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans mon esprit. Je me suis sentie complètement déconnectée de tout, avec un immense sentiment de haine et de colère en moi. Je ne suis plus parvenue à analyser mes émotions, moi qui suis d'habitude plutôt calme.

J'ai l'impression de perdre jour en jour mes alliés. Isaac était devenu un pilier et un confident essentiel pour moi. Sans lui, je ne me vois plus réussir à survivre. Tout se bascule dans mon esprit à son égard. De l'amour, de la haine, de la rancoeur et une immense désillusion. Je ne parviens plus à contenir la frustration qui grandit en moi. J'ai analysé la situation. Les loups-garous, les membres et l'Enclave et les vampires sont tous contre moi, même si c'était pour des raisons différentes.

J'ai besoin de d'oublier toutes ces pensées confuses et pour cela, rien de plus efficace que de se rendre dans un bar. Je vous accorde que ce n'est pas la meilleure solution, mais, je suis dans un état second si intense de sidération, que je ne considère même plus le danger qui m'entoure. Plus rien ne semble avoir d'importance à mes yeux. Même ma propre vie. Je ne peux expliquer ce sentiment en réalité. J'ai l'impression d'être dépossédée de moi-même, comme si je ne peux plus contrôler ma raison, mon corps.

Le crépuscule commence à pointer le bout de son nez. Je suis assise à une table, seule, en mélangeant les glaçons de mon verre d'alcool avec ma paille. J'ignore les bruits forts des alentours. Les gens rient, certains dansent déjà, et puis il y a moi, perdue dans mes pensées avec une impossibilité de me reconnecter à la réalité. L'alcool n'aide pas.

Un homme atterrit alors devant moi, sans que j'ai prêté attention à son arrivée.

— On noie un chagrin d'amour ? Me lance-t-il.

Je lève les yeux vers lui le temps d'un instant avec de les replonger dans la profondeur de mon verre.

— Je n'ai pas envie de parler.

L'homme tire une chaise à ma table et s'assoit alors en face de moi.

— T'as envie de quoi, chérie ?

— Ne plus rien ressentir, je réplique en avalant l'intégralité du contenu de mon verre.

L'inconnu fait alors signe au serveur, et lui demande deux autres verres.

— Ça c'est un plan qui me va, réplique-t-il.

En réalité, je suis ailleurs. Je ne porte pas beaucoup attention à mon interlocuteur, dans un premier temps. Mais, lui semble déterminer à continuer notre conversation.

— Je suis étonné de voir le visage le plus connu de La Nouvelle Orléans dans un simple bar, s'amuse l'inconnu ne détachant pas une seule seconde ses yeux de moi.

Je lève les yeux au ciel.

— T'es Surnaturel ? Fait chier, même quand je veux vous fuir, vous venez à moi, je marmonne, alors que le serveur nous dépose les deux verres remplis.

— T'es à Bourbon Street, miss. Même si ça grouille de touristes, tu restes dans le Quartier Français. C'est celui qui regorge le plus de Surnaturels.

Je saisis mon nouveau verre et commence déjà à l'entamer.

Puis, je le pose devant moi et plante mes yeux dans ceux de mon interlocuteur.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant