Chapitre 154

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La mort de Vildred a semé un profond chaos parmi ceux dont il avait été proche. Bella, après avoir perdu son frère, était dorénavant inconsolable. Elle venait de perdre l'amour de sa vie, le seul homme qui l'avait véritablement aimé. Au fond d'elle, elle avait toujours eu espoir qu'il retrouve des émotions. Mais, elle devait maintenant faire face à la réalité : Vildred était mort et ne reviendrait pas.

Isaac fut très affecté, lui aussi. Vildred avait été pendant une certaine période son meilleur ami. Ils avaient travaillé ensemble, ils avaient fait la fête ensemble, ils avaient été plus que des amis, de véritables alliés. Renoncer à une telle relation fut extrêmement douloureuse. Leur souffrance à tous les deux était tout à fait inimaginable.

Vildred n'a pas été rendu à sa famille. Ce n'était pas son souhait de toutes les manières. On s'est occupé nous-mêmes de l'enterrer dignement, dans un endroit reculé et tranquille, là où personne n'irait profaner sa dépouille. James avait déjà fait assez de mal comme ça. Je ne voulais pas qu'il s'empare de son corps. Nous ne pouvions pas rester abattu. Nous devions mettre à exécution le plan.

La pleine lune était ce soir, soit trois jours après la mort de Vildred. Nous allions enfin nous venger de l'Enclave. Après tout ces tragiques événements, j'en avais véritablement besoin. La colère que je ressentais en moi inhibait toutes les autres émotions. J'avais dorénavant envie de tout casser, de tout détruire. Je n'attendais plus que ce soir, pour laisser agir mes pulsions agressives, prêtes à être exprimées. L'Enclave et les Chasseurs étaient allés trop loin. Ce soir, ils paieraient enfin.

Les vampires et les loups-garous avaient enfin réussi à trouver un terrain d'entente. Certaines meutes de loups d'autres ville nous avaient même rejoints pour nous prêter main forte. Nous étions dorénavant assez nombreux pour faire face à l'Enclave.

Les loups-garous se sont infiltrés dans l'Enclave aux alentours de vingt heures. Les salariés qui y travaillaient encore furent poussés vers la sortie. De toutes les façons, ils savaient que c'était la pleine lune. Ainsi, rester au sein de l'Enclave, c'était choisir la mort. Il y avait bien trop de loups pour leur faire face. Il fallait donc que les derniers restant s'enfuient avant que ce ne soit trop tard.

Par ailleurs, nous ne voulions pas faire de morts. Nous ne voulions pas non plus faire du mal aux salariés ignorants qui n'étaient pas au courant du programme. Cela aurait été injuste de notre part. C'était donc dans notre intérêt de les amener jusqu'à la sortie. Les vampires, eux aussi extrêmement nombreux, se sont alors positionnés au niveau des sorties pour empêcher quiconque de rentrer au sein de l'Enclave, mais aussi de fermer les portes afin d'éviter que les loups ne s'échappent durant à nuit. Nous ne voulions pas être un danger pour les citoyens.

Tout était donc parfaitement calculé. Isaac et mon père avaient rudement élaboré le plan. C'était eux qui coordonnaient l'attaque. Pour ma part, j'étais le bras droit d'Isaac. Je l'aidais à briefer tous les loups des consigne. La pleine lune pointerait très bientôt le bout de son nez. Il fallait que tout soit prêt, qu'ils soient tous positionnés à leur poste.

Alors que tout le monde s'excitait autour de nous, rejoignait leur place, aux bords de la transportation, j'ai vu pour la première fois Isaac retirer le talisman qui trônait à son cou, le talisman qui l'empêchait de se transformer. Isaac avait décidé de réfréner ses pulsions de loups-garous, depuis qu'il avait tué par accident lors de son adolescence un ami. Il ne voulait pas accepter sa véritable nature, et plutôt que d'apprendre à contrôler ses pulsions, il voulait les faire disparaître. Il avait pu acquérir ce talisman qui l'avait empêché durant des années  de se transformer les soirs de pleine lune.

Mais aujourd'hui, il s'apprêtait à renouer avec sa véritable nature. Je le vis retirer son talisman, puis le lâcher jusqu'à qu'il chute au sol et qu'il se brise, libérant une étrange fumée grisâtre. Il acceptait enfin d'être un loup-garou, et cela procurait en moi une émotion si particulière.

Il prit alors ma main, la serrant très fort dans la sienne, m'accordant un regard si doux mais si puissant à la fois. Un regard qui souleva mon cœur de la manière la plus intense possible. Il déclara quatre mots qui suffirent à tout résumer.

— Que justice soit faite.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant