Chapitre 25

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— Je ne suis pas sure que ce soit vraiment une bonne idée qu'on se voit chez moi, j'affirme au téléphone, alors que je me démène pour trouver mes baskets, en mettant le téléphone en haut parleur.

— Ça va être difficile de fouiller ta maison si je ne suis pas là pour tout analyser.

Isaac n'a pas l'air vraiment effrayé, si on analyse le son de sa voix à l'autre bout du fil. Il le devrait pourtant. Si mon père aperçoit un garçon dans sa propre maison, et en plus en compagnie de sa fille, il n'hésitera pas à utiliser son arme de fonction.

Et ce n'est qu'à moitié de l'humour.

— Toi, tu ne connais pas mon père, je réplique en soufflant légèrement.

— Ouvre-moi, je suis arrivé.

Je récupère mes clés, déverrouille la porte et sors enfin de la maison, après avoir pousser profond un soupire.

Je déverrouille le portail et tombe nez à nez face à Isaac. Une partie de moi est rassurée de le voir d'ici, mais une autre redoute déjà nos échanges.

— Tu ne devrais pas être si sûr de toi. Mon père est policier, je poursuis en raccrochant.

Isaac force légèrement le passage, et referme un peu fort le portail derrière lui en faisant trembler la parois.

— Et moi, loup-garou. Donc, crois-moi que c'est plutôt pour lui que tu devrais t'en faire.

Je lève les yeux au ciel.

— On voit bien que t'as jamais vu mon père. Il ne supporterait pas de me voir avec un garçon, même si c'est uniquement pour travailler. Je l'ai déjà vu agir avec de anciens amis: il est impitoyable.

— Je gère une institution qui gère elle-même les conflits entre créatures surnaturelles toutes aussi dangereuses les unes que les autres. Donc, crois-moi que de gérer un père surprotecteur et intrusif ne devrait pas être trop compliqué. À quelle heure il est censé rentrer? Poursuit le loup-garou.

— Dix-huit heures, environ.

— Alors fixons-nous dix-sept heures. Ça nous laisse une bonne partie de la journée.

Je ne réponds pas. En réalité je suis toujours autant stressée. Je sais qu'on n'a pas le droit à l'erreur, lui et moi.

Je fais rentrer Isaac dans la maison et me surprends d'en être déjà arrivée à là. D'une part parce qu'il y a un mois de ça, je n'aurais jamais cru un jour accepter de collaborer personnellement avec ce type, et d'autre part parce que je n'aurais jamais cru non plus amener un garçon à la maison.

Alors, je sais bien que c'est uniquement pour le travail et qu'il n'y a absolument rien entre Isaac et moi, mais je ne suis pas sure que ce serait ce que penserait mon père s'il nous voyait ensemble dans sa propre maison.

Isaac lit immédiatement l'angoisse qui siège dans mes yeux et qui ne semble pas disparaître malgré qu'il ait tenté de me rassurer.

— Qu'est-ce qu'il a bien pu te faire pour que le simple fait de devoir transgresser ses règles te plonge dans cet état là? Murmure-t-il, ne détachant pas ses yeux ambrés des miens,

Je me mets alors à trembler de colère. Mon père n'a jamais été un bon père. Il n'a jamais été violent physiquement avec moi, mais il n'y a pas que la violence corporelle qui peut laisser des traces.

— On n'a pas tous eu la chance d'avoir un vrai père.

Isaac esquisse contre toute attente un petit sourire tout en me regardant.

— Bien. C'est cette colère que je veux voir dans ton regard. C'est elle qui te poussera à agir outre tes angoisses.

Je me fige.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant