Doppelgänger

Chapitre 57

Un courant d'air glacial se propage en moi, à mesure que j'approche de l'enregistrement des bagages.

Mon départ devient concret. Dans quelques heures, je vais quitter la Nouvelle Orléans et j'atterrirai à New-York.

Il est encore tôt, l'aéroport est plutôt vide. Vildred m'a accompagné. La main sur le manche de ma valise, il la pose sur le tapis de l'enregistrement. C'est lui qui s'occupe de tout, et je dois dire que c'est rassurant. Il est toujours très prévenant avec moi.

Une fois mon bagage déposé, on se dirige vers le passage obligé de la sécurité. C'est bientôt le moment de le quitter, et c'est vrai que je n'en ai pas vraiment envie. J'ai un petit peu le blues, ce matin, même si je sais que je pars pour de bonnes raisons. Je suis de plus en plus intégrée dans le monde du Surnaturel et c'est vrai que de revenir dans le monde « normal » ne m'enchante pas vraiment.

— Ça y est, Sosie s'en va?

Un sourire triste se dessine maigrement sur mon visage.

— Ça va te faire bizarre de ne pas avoir de petit padawan à coacher, je réplique alors.

— Pas tant que ça. Je sais du moins que j'envoie sur le terrain le meilleur des soldats.

Je hausse les épaules et laisse échapper un petit rire.

— Oh tu sais, je pense que ce sera plus calme à New-York qu'ici. Comme d'habitude, je vais éviter toute la journée mon père, enfermée dans ma chambre, bien qu'il a l'air de vouloir me révéler certaines choses, à commencer par me présenter cette mystérieuse personne qu'il a évoquée par message. Je pars pour avoir les réponses à mes questions. Quelque part, je sais qu'une petite partie de moi est contente de rentrer pour ça.

Je me dirige alors plus près du passage obligé des portiques de la sécurité.

— Comment il a réagi?

Je me fige, et me retourne vers lui.

— Qui ça?

Vildred plante ses yeux violets dans les miens.

— Isaac, de toute évidence.

Je laisse s'écouler quelques secondes avant de répondre.

— Mmmh. Et bien...je pense que ça aurait pu être pire. Mais, je l'ai senti anxieux.

— Isaac est un grand nerveux, peut-être même plus quand il s'agit de toi, me coupe le Chasseur.

— ...parce qu'il hait mon père pour ses actes. Mais je pense qu'une partie de lui a compris ma décision, je réplique, sans réagir à son interruption.

— Ça lui fera du bien de déléguer. Tu es capable de remplir des missions seules. Ton séjour sera autant utile à l'Enclave qu'à toi. Ce que tu apprendras auras sûrement un lien avec Bella. Isaac aurait fait une énorme erreur s'il t'avait dissuadée de partir. Quelqu'en soit la raison.

Je détourne le regard.

— Donc, tu es entièrement d'accord avec ma décision?

— Oh Linda, je ne peux pas être plus d'accord avec ton initiative. Le monde du Surnaturel est fait de risque et d'opportunités. Les deux en sont indissociables.

— Une partie de moi se demande quelque part au fond de toi tu éprouves de la peur pour moi, à propos de ce départ, mais je connais la réponse.

— C'est ce qu'il m'oppose à Isaac. Lui voit les risques, moi les opportunités.

Vildred a toujours aimé provoquer Isaac, le pousser dans ses retranchements. Pourtant, ce dernier ne le mérite pas toujours.

— Tu es dur. Isaac est quelqu'un de courageux. Il n'est pas régi tout le temps par la peur, je rétorque alors.