-Chapitre 10-

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Ça faisait plus de trente minutes que Jungkook entendait les pleurs de Taehyung depuis le salon. Il avait d'abord pensé qu'il devait un peu pousser le jeune homme dans ses retranchements, mais finalement, il ne parvenait pas à dormir, et ses larmes lui brisaient le cœur.

Il se tourna encore trois ou quatre fois dans son lit, puis repoussa la couverture, et regarda le plafond. Qu'est-ce qui se passait au juste ? Ce mec était entré dans sa vie, et depuis c'était le bordel. Il avait appris qu'il avait vécu isolé du monde et des relations sociales, qu'il possédait des facultés extraordinaires, qu'il aimait les fraises, mais aussi se balader nu. Il craignait la nuit plus que tout, et avait ce côté fragile qui le touchait, parce qu'en définitive, il était encore plus paumé que lui dans ce monde.

Jungkook avait envie de l'aider, il avait eu envie de l'aider. Mais lorsque Taehyung s'était immiscé dans son lit, il avait vu rouge. Il n'acceptait personne ici en dehors de Yoongi. Depuis l'accident il n'y avait que son meilleur ami qui avait eu l'honneur de partager ses draps, auparavant souvent occupés par Ji-Eun. Pourtant Taehyung n'avait rien fait de mal. Il était apeuré, dans son salon, à sangloter et trembler par ce qu'il était effrayé d'être seul et d'être entouré par l'obscurité. Il avait promis de l'aider et de veiller sur lui. Alors il ne pouvait pas le laisser comme ça, c'était au-dessus de ses forces.

Il se leva, et à pas de loup, quitta la chambre pour rejoindre la pièce voisine. En approchant, il tomba sur le garçon aux yeux gris allongé sur le canapé, enroulé dans la couverture qui gigotait sous ses pleurs inarrêtables. Il ne le connaissait pas vraiment, et il se demandait qui il était en réalité. Il aurait voulu en savoir plus, lui poser mille et une questions, mais Jungkook était conscient que s'il se livrait, il en demanderait autant sur sa propre situation, et il n'était pas prêt à parler de l'accident avec un inconnu.

Il posa un genou sur le sofa, puis grimpa derrière lui pour poser la main sur la boule de couette.

— Hey, hyung, c'est moi...

Les pleurs cessèrent subitement, et la couverture fut repoussée. Jungkook découvrit son visage baigné de larmes et rougi, ses yeux gonflés et ses lèvres tremblantes. Son cœur se compressa dans sa poitrine. Personne ne devrait avoir à souffrir de la solitude de cette manière, pensa-t-il.

— J'suis désolé de m'être emporté... je ne peux pas te faire dormir avec moi dans mon lit... c'est compliqué, mais je peux dormir ici avec toi.

Un souffle de soulagement passa la barrière des lèvres du garçon aux yeux gris, qui ouvrit la couverture pour permettre à Jungkook de se glisser dessous. Il y avait vraiment très peu de place, mais en se serrant, ça devrait passer, pensa-t-il. Ce n'est qu'une fois placé derrière Taehyung, qu'il se dit qu'en réalité, cette option n'était pas la meilleure idée du siècle.

Son bras tendu vers l'avant, Taehyung avait posé sa tête dessus, son dos collé à son torse. Mais le pire restait leurs bassins, outrageusement soudés l'un à l'autre. Jungkook sentait plus que bien les fesses rebondies de son camarade reposer contre son sexe, et soupira lourdement. Pourquoi avait-il décidé d'être clément, au juste ?

— Merci, Jungkook... je suis désolé de te causer autant de problèmes.

— Ça va, oublie ça... rétorqua-t-il. Dors, maintenant que je suis là.

— D'accord... bonne nuit.

— Bonne nuit, hyung, souffla-t-il contre son cou.

Taehyung frissonna, puis ferma les yeux. Mais quinze minutes plus tard, il ne dormait toujours pas. Et il savait pourquoi. Parce qu'il n'avait pas uniquement besoin de contact, il avait besoin du corps de Félix contre le sien, de mélanger leurs jambes, de nicher son visage dans son cou, et de tenir sa main dans la sienne. Jungkook était encore trop loin. Alors lentement, il se tourna face à lui, et tomba sur deux billes noires, dans la pénombre.

MÉTRARTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant