-Chapitre 12-

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— Quoi ?

— Appelle Jungkook ! réitéra Taehyung plus fort, hors d'haleine.

À contrecœur, Félix glissa sa main dans la poche de son trench noir, et en tira son téléphone. Il sélectionna le contact de Jungkook, et attendit plusieurs sonneries, avant qu'une voix légère et agréable ne lui réponde.

— Hyung ?! T'as décidé de venir, finalement ?! Tu veux que je vienne te chercher ?

— Salut, c'est Félix...

— Oh... bonsoir.

— Est-ce que... tu pourrais venir s'il te plait ? On se rendait à une soirée mais Taehyungie ne peut pas bouger, il est... comme prostré dehors, et je ne sais pas quoi faire.

Sans aucune hésitation dans la voix, Jungkook répondit :

— Oui bien sûr, vous êtes où ?

— À quelques pâtés de maisons de notre immeuble, en direction du métro.

— D'accord, ne bougez pas j'arrive !

— Jungkook ?

— Oui ?

— Fais vite s'il te plait... il ne va pas bien...

— Oui, promis.

Le temps que le garçon arrive, Félix resta aussi proche que possible de son meilleur ami. Mais on ne pouvait pas dire qu'appeler Jungkook lui avait fait plaisir. Il pensait pouvoir gérer Taehyung lui-même, il y était parvenu à la bibliothèque le premier soir. Pourquoi Taehyung avait-il besoin d'appeler ce garçon, il ne lui suffisait pas ? Il avait toujours été là pour lui, et ça depuis toujours, alors pourquoi soudainement, il semblait ne plus compter ?

Il prit place entre ses cuisses, et tenta de retirer ses mains de ses oreilles, mais c'était peine perdue, le garçon aux yeux gris était tombé dans un mutisme assourdissant. Sa respiration était frénétique, ses sanglots assez violents, et il était impossible de le faire bouger. Il était là, telle une pierre, refusant de faire le moindre geste. Félix entreprit alors de le garder contre lui jusqu'à l'arrivée de Jungkook. Il s'assit sur le trottoir à ses côtés, et garda son corps contre le sien, glissant sa main dans ses cheveux, puis il embrassa sa tempe pour tenter de le rassurer. Mais jamais les pleurs de son ami ne cessèrent. Ses tremblements se poursuivirent un long moment, Félix ne sachant pas vraiment si c'était dû au froid, où à la peur. Puis au bout de vingt minutes, il aperçut le jeune garçon trottiner depuis le bout de la rue. Sans même lui accorder un battement de cil, Jungkook se jeta aux pieds de Taehyung, et posa les mains sur ses avant-bras.

— Hyung ?!

Immédiatement, le garçon aux yeux gris ouvrit les yeux, et se jeta dans les bras du plus jeune, le serrant de toutes ses forces contre son cœur.

— Jungkook, j'ai si peur, reste avec moi, s'il te plait ! Ne m'abandonne pas !

— Ne t'en fais pas... murmura-t-il. J'suis là... je ne pars pas.

Félix darda son regard noisette sur le garçon, qui enlaçait son meilleur ami comme s'il le connaissait mieux que lui. Et progressivement en lui, s'insinuait cet affreux sentiment nauséeux qu'on appelait jalousie. Il aurait souhaité repousser le Terrien, l'évincer, et être capable de rassurer son ami. Il l'avait toujours fait, et jusqu'à aujourd'hui, il n'y avait eu que lui. Jusqu'à aujourd'hui. Ce soir débutait une nouvelle vie pour les deux garçons. Félix n'était plus le seul dans le cœur de Taehyung.

— Tu peux te lever, tu crois ? demanda Jungkook.

Maladroitement, et sans jamais le lâcher, Taehyung se leva. Jungkook attrapa son visage en coupe entre ses mains, et plongea ses yeux de biche dans les prunelles grises.

MÉTRARTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant