MÉTRARTH

-Chapitre 67-

La nuit était tombée sur Séoul, cependant la pluie ne s'était pas arrêtée. Yoongi était toujours assis à même le sol, devant le grand portail luxueux qui bordait la propriété des Jung.

Le ventre vide, trempé jusqu'aux os, ses dents s'entrechoquaient et son corps était pris de petits tremblements dus au froid qui, peu à peu, paralysait son corps. Il était ratatiné dans un coin, ses jambes remontées contre son torse, et ses bras les entourant pour les maintenir contre lui.

C'était connu, lorsque vous aviez froid, vous rameniez votre corps à l'intérieur de vous-même, en boule ou en position fœtale en signe de protection.

Yoongi aurait pu rentrer chez lui prendre une douche chaude, manger un bon repas, et visionner un film en laissant Hoseok à son triste choix. Mais il n'était pas comme ça, ce n'était pas lui. Et il savait qu'au fond de son ami, à l'intérieur tout au fond, il restait encore une part de ce garçon sensible et bon qu'il avait connu. Celui avec un sourire jovial, une bonne humeur à toute épreuve et un sens de l'amitié. Il était simplement blessé, déphasé, peut-être même en train de laisser la dernière part d'humanité en lui s'évaporer. Pourtant il fallait y croire, et le ramener tant qu'il était encore temps.

Alors que le bout de ses doigts le faisait atrocement souffrir et que la bruine glaciale continuait de s'abattre sur lui, il pensa qu'il aurait pu venir plus tôt. Il n'avait que trop attendu, et il se demandait même s'il n'était pas trop tard pour tenter de retrouver Hobi. Peut-être qu'il avait totalement disparu et que tout cela était vain.

Il souffla sur le bout de ses doigts en frottant ses mains l'une contre l'autre, puis leva les yeux vers le ciel. Les étoiles étaient cachées ce soir, les nuages et la pluie avaient pris toute la place. Bientôt, le monde entier pourrait apercevoir la comète dans le ciel.

En plein jour un point brillant apparaitrait, devenant de plus en plus gros, jusqu'à ce que la population réalise qu'il n'y avait aucun moyen pour l'éviter.

Depuis qu'il était au courant des évènements à venir, Yoongi se demandait comment se passeraient les derniers instants, entre le moment où le monde réaliserait qu'un rocher de plusieurs kilomètres allait frapper la Terre, et le moment réel de l'impact.

Il se passerait certainement plusieurs jours durant lesquels, se serait la cacophonie totale. Les gens dévaliseraient sûrement les magasins, se terreraient chez eux, et les plus croyants se rendrait en pèlerinage pour implorer leur Dieu de les épargner.

Et lui, que ferait-il ? Il s'était imaginé rester avec Jimin, que ce soit ici, ou sur Métrarth. Pourtant il allait devoir faire face à tout ça seul. Même si ses amis étaient près de lui, chacun mettrait un terme à sa propre vie dans une solitude la plus totale.

L'amour, l'attachement, tout ça ne servait plus à rien dans ces cas-là, car ce n'était pas votre moitié qui arrêtait de vivre pour vous. C'était votre propre cœur qui s'arrêtait, votre cerveau qui éteignait les lumières et se mettait sur OFF pour l'éternité.

Ce serait son corps à lui gisant dans les décombres de Séoul, qui se décomposerait au fil du temps. Et vous aviez beau aimer vos amis et votre moitié du plus profond de votre cœur, à ce moment-là, c'était votre propre fin qui vous terrifiait.

Alors qu'il fermait les yeux, laissant des images apocalyptiques passer devant ses yeux, le portail s'ouvrit, et il tomba lourdement sur le sol. Sa tête tapa contre le sol, et il grimaça de douleur avant d'ouvrir les yeux sur le visage fermé et froid d'Hoseok.

Il se tenait debout, un parapluie à la main, et posait sur lui un regard glacial. Le portail ne s'était pas ouvert mécaniquement, son ami s'était déplacé jusqu'à lui pour lui ouvrir lui-même.