MÉTRARTH

-Chapitre 29-

Jimin se réveilla le premier, et ouvrit ses yeux noisette sur le visage diaphane de Yoongi. Il dormait paisiblement sur le ventre, le visage tourné dans sa direction. Une fine respiration douce s'échappait de ses lèvres.

Il esquissa un sourire bref et roula sur le dos en passant une main dans ses cheveux tout en expirant lourdement. Il observa le plafond, puis se leva dans le plus grand des calmes et attrapa le plaid posé sur la chaise de bureau et s'avança jusqu'à la fenêtre.

Jimin n'était pas venu souvent ici, et encore moins tout seul. Il y avait toujours Jungkook, Hoseok ou encore Jin ou Namjoon avec lui. Et il avait toujours aimé l'espace qu'il y avait devant la grande fenêtre de la chambre de Yoongi. Il s'y assit, s'enroulant dans la douce couverture grise et observa la ville en contrebas. Ils étaient vraiment très haut et le jour n'était pas encore totalement levé. Il faisait un mélange de nuit, de brume et de grisaille, qui avait un charme tout particulier en ce matin de Noël.

Jimin pouvait apercevoir toutes les lumières de la ville, ainsi que le faible soleil se lever sur la capitale. La ville était encore à demi endormie et les lumières, peu nombreuses. Il glissa son regard jusqu'au réveil qui affichait sept heures et deux minutes. Il était si tôt, pensa-t-il. Jamais il ne se levait à cette heure-là, et encore moins le matin de Noël. Mais à chaque fois qu'il dormait ailleurs que chez lui, c'était le même bins. Il peinait à s'endormir, avait une nuit agitée, et se réveillait diablement tôt. Pourtant, il avait accepté l'invitation, sachant pertinemment ce qui se passerait.

Il se leva pour attraper ses airs pods dans la poche de son jean laissé au pied du lit et activa sa playlist spotify en scrutant le ciel. Il n'était pas de bonne humeur ni de mauvaise humeur. Il était, et c'était tout. Il renifla en rabattant le plaid sur ses épaules et écouta sa musique un long moment, son regard faisant des allers et retours entre la vue, et le corps de Yoongi qui ne bougeait pas d'un pouce.

Il aurait bien fumé une cigarette ou un joint, là tout de suite. Ou encore avalé un mug de café noir. Mais au lieu de ça, son regard tomba sur le carton noir et doré que lui avait offert son ami la veille au soir. Est-ce qu'il avait bien joué le jeu lorsqu'il avait fait mine de ne pas comprendre les signaux désespérés que lui envoyait son ami ? Et ça, depuis maintenant deux ans. Jimin refusait d'admettre que Yoongi voulait sortir avec lui, ou qu'il plaisait à ce garçon d'une quelconque façon. Parce que s'il le faisait, s'il admettait à Yoongi qu'il comprenait ce qu'il tentait vainement de lui dire, alors il serait alors contraint de se poser et de réfléchir.

De réfléchir à pourquoi dire non ? Ou pourquoi dire oui. Et ça, Jimin refusait d'ouvrir la porte à autant de questions. Il préférait enchainer les filles et s'amuser un maximum. C'était de son âge, alors que les prises de tête avaient bien le temps d'arriver. Et puis il était à la fac, il s'apprêtait à rentrer en droit, alors il n'allait certainement pas se faire chier avec des questions débiles sur sa sexualité.

Yoongi était vraiment gentil, c'était un bon ami et il l'adorait. Mais il refusait de se demander s'il voulait plus, au risque de froisser leur amitié comme une feuille de brouillon. On ne faisait pas ça avec ses amis, on ne pouvait pas se tromper et risquer de tout gâcher. Jimin refusait de calquer sa vie sur celle de ses parents.

Sa mère avait rencontré son père à la fac. Il était son premier petit ami, et ils s'étaient mariés lorsqu'ils avaient eu leurs diplômes. Elle était femme au foyer, alors que lui était un important financier qui se levait tôt, rentrait tard, et apportait peu d'importance à sa famille à défaut d'un gros salaire. Ce cadre de vie semblait satisfaire sa mère qui ne se plaignait jamais. Elle aurait pu demander plus de considération, un mari plus présent, ou encore plus d'attention, des sorties en amoureux, ou des moments en famille. Mais non. Elle se contentait de ce qu'elle avait, pendue à son téléphone le plus clair de son temps, à discuter avec ses amies du matin au soir.