-Chapitre 58-

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Jimin ouvrit les paupières et tomba sur le visage encore endormi et beaucoup trop près de Jin.

Il ressemblait à un lama ou un truc dans le genre, pensa-t-il.

Son ami était enroulé dans un grand pyjama combinaison en pilou rose et blanc doté d'une capuche affublée d'oreilles tombantes. Qui portait encore ce genre de truc passé dix ans ?!

Il ricana faiblement. Jin était comme un grand frère, avec une énorme part de féminité et de sensibilité en lui. Mais Jimin était certain qu'au fond de lui se cachait un grand courage dont il ignorait encore l'existence. Parce que le plus vieux du groupe était très attaché à ses amis qu'il considérait comme sa famille. Il suffisait de le pousser un peu, et Jimin était certain que Kim Seokjin pourrait réaliser de grandes choses.

Il roula sur le côté pour tomber sur Yoongi et un grand sourire prit place sur ses lèvres, mais il se fana aussitôt. Il l'avait tellement rejeté depuis leur rencontre. Alors que lui aussi avait senti qu'entre eux se passait quelque chose de bien plus fort que de l'amitié. Mais Jimin avait toujours voulu garder une distance, et feindre l'ignorance. Parce qu'il craignait l'inconnu, ce qu'il ne pouvait pas contrôler, voir sa vie changer, et devoir assumer des choix qu'il n'était pas prêt à endosser lui-même.

Mais le pire dans tout ça, c'était sa peur de devenir exactement comme ses parents. Il craignait de leur ressembler, et en même temps, il cherchait sans cesse leur attention, leur approbation, comme un pauvre môme qui manque d'amour.

Jimin s'était déjà demandé ce qu'il ressentirait s'il venait à déménager, et à couper les ponts avec ses parents. Il était persuadé qu'ils le vivraient bien, eux. Que sa mère continuerait de poster des plats et des boissons instagramables, de suivre ses cours de Yoga et de Pilates, d'aller chez la masseuse deux fois par semaine, et elle l'aurait certainement remplacé par un putain de chihuahua à qui elle aurait acheté tout un tas de petits pulls débiles.

Son père n'aurait pas levé le nez de ses contrats, et lors des repas de famille, il aurait certainement dit qu'il était fier que son fils ait pris sa vie en main. Mais en réalité, Jimin s'en voulait atrocement de se rendre compte qu'ils lui auraient manqué plus que lui n'aurait manqué à ses parents.

Depuis la cleansing comet, il se refusait de penser à eux, mais il savait bien qu'un jour ou l'autre, il devrait regarder la réalité en face et leur faire ses adieux.

Jimin avait fui, il avait fait l'aveugle pendant trois longues années, durant lesquelles Yoongi avait tout fait pour attirer son attention. Il voyait parfaitement chaque geste, chaque tentative, et volontairement, il n'y avait pas répondu.

Aujourd'hui il s'en voulait, d'abord d'avoir fait souffrir celui qu'aujourd'hui il aimait plus que tout, mais aussi d'avoir perdu du temps. Parce que le temps devenait pour chacun d'eux, la chose la plus précieuse qu'il leur restait.

Il passa son bras autour de sa taille, et déposa un léger baiser sur la gorge pâle de Yoongi, avant que la sonnette de la porte ne le fasse sursauter. Il dégaina son téléphone de la poche de son pantalon et avisa l'heure ; déjà plus de onze heures quinze. Hier soir, après l'arrivée de Namjoon, Jimin avait pensé que ce serait une bonne idée de ne pas laisser Hoseok tout seul. Alors il l'avait appelé et convaincu de venir les rejoindre. Hoseok avait accepté sans trop de difficulté, et ensemble, ils avaient discuté jusqu'à quatre ou cinq heures du matin.

Étrangement, personne n'avait évoqué la comète, et les mois qu'il leur restait à vivre. Non, ils avaient préféré parler de choses futiles, manger des bonbons, et faire un karaoké jusqu'à ce que les voisins cognent contre les murs. Puis ils avaient bu un peu plus que de raison en riant jusqu'aux larmes, comme pour extérioriser tous les sentiments qui se mélangeaient en eux. Jimin avait été heureux de partager cet instant avec ses amis, et il pouvait maintenant cocher sur sa liste, le fait d'avoir passé une soirée avec ses amis. Une soirée futile à regarder des films, chanter, danser et manger du pop-corn. Ce matin, il était plus heureux que la veille, parce qu'il était convaincu qu'ensemble, ils pourraient tout affronter.

MÉTRARTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant