-Chapitre 27-

645 86 37
                                    

Yoongi s'était attelé à préparer tout un tas de choses avant l'arrivée de Jimin. Ce n'était pas la première fois qu'il venait chez lui, ça non. Ses parents connaissaient déjà le jeune garçon depuis quelque temps. Mais c'était la première fois qu'il venait seul pour un repas de Noël et qu'ensuite, il dormirait chez lui. Dans sa chambre. Dans son lit.

Alors Yoongi était un peu nerveux. Il s'était levé tôt, c'est-à-dire vers dix heures trente, ce qui pour lui représentait quasiment l'aube. Toute activité entreprise avant midi n'était d'ordinaire pas envisageable durant les vacances. Cependant, il s'agissait de Jimin. Le mec sur qui il flashait depuis plus de deux ans. Alors il méritait qu'il s'extirpe un peu plus tôt du lit et qu'il se donne du mal pour l'accueillir correctement.

Yoongi avait accompagné sa mère en courses afin d'être certain de choisir des plats qui conviendraient à Jimin. Et puis, malgré l'heure tardive pour s'y prendre, il s'était laissé porter par les rues décorées et animées de Séoul pour tenter de trouver un petit cadeau à son ami, qu'il pourrait déballer le lendemain matin. Yoongi était fleur bleue malgré ses grands airs de mauvais garçon. Il se la jouait bad boy, portait une veste de cuir cloutée, ainsi que de grosses boots noires, avait des anneaux aux oreilles et les cheveux décolorés, ainsi que cette façon arrogante de mâcher son chewing-gum, mais c'était surtout pour se donner une contenance. Pour avoir l'air de quelqu'un qui savait qui il était.

La vérité, c'est que Yoongi ne savait absolument pas qui il était. Il s'était même foiré dans le choix de ses études, qu'il regrettait amèrement. Il avait opté pour un cursus de lettres. En gros, il étudiait le coréen sous toutes ses formes : textes, romans, poésie, essais, philo. Mais rien ne l'intéressait vraiment. Il s'était simplement dit en sortant du lycée qu'il adorait lire, écrire, et raconter ce qu'il pouvait bien ressentir, alors qu'il était incapable de mettre des mots sur ses sentiments. Et ça avait suffi à le convaincre qu'un essai en lettres était envisageable.

Sauf qu'il en était à sa deuxième année et qu'il ne voyait absolument pas ce qu'il aurait pu faire d'un diplôme en lettres. Il aurait aimé pouvoir vivre de ses écrits. Car Yoongi écrivait. Vous vous imaginez certainement que vu son style, il devait écrire des paroles de chanson révoltées ou des idées noires jetées sur un petit calepin à la couverture de cuir, le tout écrit en pattes de mouches quasi illisibles...

En réalité, Yoongi écrivait des romans noirs. Des histoires à faire peur, des récits à la Edgar Allan Poe, ou encore de créatures fantastiques et d'idées originales sorties de son imagination. En revanche, il laissait peu de gens lire ses histoires. En cours il s'appliquait, respectait les consignes à la lettre. Au début. Puis rapidement, le cursus scolaire l'avait ennuyé. Et si de temps en temps, on sentait un sursaut de lucidité, le faisant s'accrocher à ses examens désespérément, dès lors qu'ils étaient passés, il retombait dans l'ennui.

Seul Jungkook avait pu profiter de la plume de Yoongi. Et de nombreuses fois, il lui avait fait part de ses remarques et de ses compliments. Néanmoins, cela n'avait pas aidé Yoongi à sortir de sa coquille, et c'est en général ce que lui reprochaient ses professeurs.

Yoongi était certainement bon, mais ils n'en savaient rien, caril refusait de se livrer, de dévoiler une part de lui. Parce que si on le jugeait, alors il y aurait forcément des critiques, des avis, positifs et négatifs, des remarques. Et ça, Yoongi refusait de les entendre. Parce que s'il y avait des avis constructifs, il y aurait aussi des commentaires négatifs. Le genre de remarques qui ne faisaient que vous blesser et qui ne vous aidaient pas à progresser.

L'étudiant savait qu'en affichant ses textes, en se mettant à nu, alors il récolterait tout un tas d'avis. Mais il ne les demandait pas, et il trouvait qu'il n'y avait rien de plus désagréable que quelqu'un qui vous donnait son avis sur votre travail alors que vous n'aviez rien demandé. Finalement, rester dans l'ombre avait ses bons côtés. Il pouvait continuer d'écrire sans jamais se lasser, où se dire qu'il n'était pas fait pour ça, assez bon, ou trop ci, trop ça. Non. Il était lui, tout simplement.

MÉTRARTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant