14.

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Les servantes sont venus m'habiller. J'ai refusé, et me suis habillé seule. Une robe verte, c'est ce qu'ils m'ont donnés. Elle paraît simple en comparaison avec le palais, mais extravagante avec ce que je portais avant dans mon village. Je me suis préparée avec appréhension.

Le prince est venu plus tôt pour me prévenir que j'allais rencontrer son père pendant le dîner, le Grand roi. Et Rencontrer le Grand roi n'était pas quelque chose que je prenais à la légère, c'est la première fois que je le verrais depuis mon arrivée au palais. Les histoires terrifiantes à propos de lui que j'ai entendue se répètent dans ma tête, et je suis certaine que sa noirceur est comparable à celle de son fils.

Soudain, mes pensées ont été interrompues par un coup frappé à la porte. Je pousse un soupir de soulagement lorsque je vois que c'est l'une des servantes, qui m'a informée qu'il était temps de me rendre au dîner. Je hoche la tête, et je sors de ma chambre, la boule au ventre.

Je regarde longuement et nerveusement les escaliers, cherchant un moyen de fuite. Mais aucun. Alors j'ai suivis la servante sans un mot vers la grande salle à manger. Les gardes m'ouvrent la porte et quand je suis entrée, j'ai vu le prince Adriel et son père assis autour de la table. Adriel m'a regardée avec un sourire, mais j'ai directement baissé les yeux.

Le voir m'écœure.

- Approche, ma chère fiancée.

Je marche lentement vers les deux. Adriel s'est levé pour reculer ma chaise, et je m'assois à ses côtés. J'ose lever un regard vers son père, qui me regardait déjà. Je ne peux voir aucune once de lumière dans son regard, il est sombre... si sombre. Mais il ne semble pas malade, pas du tout même, malgré la nouvelle qui se propage dans tout le village.

- C'est donc toi qui a volé le cœur de mon fils... Dit-il en me scannant du regard.

Je n'ai pas volé son cœur, je ne le veux pas. je le méprise. Chaque battement qu'il fait est un fardeau qui s'ajoute à mes épaules. Et il n'y a rien que je désire plus que de voir son cœur face à moi, en morceaux.

- C'est elle. Dit Adriel en me regardant.

Il prend ma main de sous la table de force, et la pose sur la table afin que son père le voit. Je fixe le couteau à ses côtés, et je crois que je n'ai jamais eu autant de pensées sombres qu'à ce moment-là. Je tente de me calmer, de calmer ma respiration mais il n'y a qu'une image qui tourne dans ma tête.

Je prends le couteau, et je plante Adriel avec. Le roi se lève, surpris. Mais je ne lui laisse pas de temps, je prends le couteau à ma droite et le lance sur lui. Il atterrit en plein milieu de son torse.

Et lorsque les gardes ont entendus les cris, ils ont débarqués dans la salle à manger et sans chercher à comprendre, ils ont tirés sur moi une pluie de balles.

Je garde mon autre main sous la table, sur ma cuisse. Je serre et desserre mon poings plusieurs fois de suite, tentant de reprendre le contrôle de mon corps. Je peux survivre. Je suis forte. Je vais survivre.

- Quel bon choix, mon fils. Dit le roi. Elle est très belle et obéissante, elle a l'air d'être une femme intelligente. Enfin, assez intelligente pour une femme de son âge mais peu intelligente pour te désobéir.

- Effectivement, père. Confirme Adriel. Elle est la perle rare.

Je me déteste.

Je le déteste.

Je les déteste.

- Alors, ma belle-fille, as-tu pu t'habituer au palais ? Me demande-t-il. Tu dois sûrement être ravie de vivre dans un tel luxe.

Je lève le regard en sa direction. Puisqu'il m'a adressé la parole, je suis obligée de lui répondre.

- Pas vraiment, votre Majesté, dis-je doucement. Ce luxe semble être... trop, pour moi.

- Ah, dit-il en riant, j'aurais pensé entendre mon fils Kalean parler !

L'héritier. Je suis curieuse de savoir à quoi il ressemble. Mais il ne semble pas être au palais en ce moment. Je commence à questionner toutes les vérités que je connais, et si l'héritier n'était pas le méchant de l'histoire ? Et si, comme Adriel s'est révélé être un psychopathe, tout le monde s'est trompé sur son compte ?

- Mais lui est un soldat, un homme de la guerre. C'est compréhensible. Toi, tu es une jeune et douce femme. Dit-il, les sourcils froncés. Le luxe devrait être pour toi l'apogée de ton plaisir !

- ... Je ne suis simplement pas habituée, votre Majesté. Dis-je doucement.

Le roi ne perd pas son sourire, ni Adriel d'ailleurs, mais chez tous les deux, il y a une noirceur sur leur visage. Ce sourire est tellement faux.

- Je me répète, mais tu es bien chanceux, fils. Dit le roi à Adriel. Si elle n'était pas ma belle-fille, j'aurais sûrement fais d'elle ma concubine.

Adriel rit.

Adriel rit.

Mais je ne comprends pas pourquoi cela m'étonne. Un homme qui aime, n'aurait jamais laissé quelqu'un dire une chose pareille à la femme qui deviendra sa future épouse. Que ce soit son père ou une personne quelconque. Adriel, lui, n'aime pas.

Son père sous-entend qu'il me désire, et je suis certaine que cela plaît à son fils à l'esprit tordu et la moralité douteuse.

Cette famille est bien plus pire que ce que je pensais.

- J'ai d'ailleurs entendu dire que tu étais infirmière, je me trompe ?

Je n'ai plus de mots, alors je secoue simplement la tête.

- Très bien. Tu pourras alors être mon infirmière personnelle en cas de maladie. Dit-il en me faisant un sourire tordu. Et je pourrais te remercier d'une façon... inoubliable.

- Vous trouverez de meilleures infirmières que moi, votre Majesté.

Je jette un coup d'œil à ma gauche. Adriel n'a pas prononcé un mot. Il profitait simplement de sa nourriture, sans se préoccuper des allusions inappropriées de son père. Dans ce palais, il n'y a que lui qui peut contredire le roi, pourtant il ne dit rien. Venant d'un homme qui voulait me forcer... je ne m'attendais à rien.

Et bien heureusement, pendant le temps restant, la conservation est passé de moi à Adriel. Ils commencent peu à peu à m'oublier, et j'en suis plus que ravie.

Désormais, fuir est devenu une urgence, c'est une obligation, plus une option.

La Légende du Soleil et de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant