25.

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ELIZA

Après une journée de travail à l'hôpital, au lieu de retourner chez moi, je vais chez Aeryn. Depuis que son père a quitté son travail au palais, il ne quitte pas sa maison. Je ne pense pas qu'il me laissera entrer, mais je vais tout de même essayer et tenir ma promesse à mon amie.

Arrivée devant chez lui, je sonne. J'attends, aucune réponse. Je sonne à nouveau, j'attends à nouveau, et toujours aucune réponse. Je ne bouge pas, cependant. Je continue de sonner et de toquer à la porte, jusqu'à ce qu'enfin, je sente un mouvement.

La porte s'ouvre et le père d'Aeryn apparait devant moi.

- Quoi ?!

Je le regarde avec toute la haine que je contiens en moi. Il a changé. Il porte des vêtements assez chères, luxueux. Il ne portait jamais ce genre d'habits, auparavant.

- Je viens avec l'ordre de Son Altesse. Lui dis-je froidement.

- Son Altesse ? Dit-il d'un ton moqueur. Ne me fais pas perdre mon temps, Eliza.

- Son Altesse Aeryn. Votre fille. Ou l'avez-vous déjà oubliés ?

Il rit, ne prenant pas mes mots au sérieux.

- Et que veut donc "son Altesse" ?

- Je dois rentrer et chercher votre maison. Son Altesse a perdu quelque chose et m'a demandé de le chercher pour elle.

Son rire cesse, mon air sérieux n'a pas changé et il le comprend enfin. J'avance alors d'un pas vers l'intérieur, je dois rentrer à tout prix.

- Elle n'est pas une véritable princesse, je ne me plie pas à ses ordres. Dit-il.

- Mmh... Donc cela ne vous pose pas de problèmes que je répète vos propos au prince Adriel ? Lui demandé-je. Contester l'autorité de sa future femme...

Le père d'Aeryn se fige, son expression se durcissant. Il réalise que ses paroles pourraient avoir des conséquences qu'il n'anticipait pas. Il déglutit difficilement, essayant de cacher son malaise.

- Je ne veux pas de problèmes avec le prince Adriel, murmure-t-il d'une voix légèrement tremblante.

Je lui lance un regard perçant, sachant que j'ai touché un point sensible. Je sais qu'il est conscient des conséquences potentielles de ses actes et de ses paroles, surtout si elles arrivent aux oreilles d'Adriel. Mais je reste calme et déterminée.

- Alors je vais entrer et chercher ce dont Aeryn a besoin, dis-je d'un ton ferme. 

Il hésite un instant, mais finalement, il s'écarte et me laisse passer. Je le regarde d'un air méfiant avant de pénétrer dans la maison. Je sais que je dois être prudente, car sa coopération pourrait être de courte durée.

Je monte les escaliers jusqu'à la chambre d'Aeryn. En ouvrant la porte, mon cœur se serre à la vue du désordre qui règne dans la pièce. Il n'y a pas d'affaires qui traînent par terre, non... La chambre est vide d'affaires, mais le lit est cassé, les murs sont déchirés, des verres brisés sont partout sur le sol.

- C'est vous... C'est vous qui avez fait tout ça ? Demandé-je faiblement.

Je me tourne vers le pas de la porte où se trouve le père d'Aeryn. Il me suit du regard pour savoir ce que je fais, mais il ne dit rien. Il hoche simplement la tête, et c'est suffisant pour moi pour ressentir du dégoût.

Je ne peux imaginer ce qu'Aeryn a vécu ici, avant ses fiançailles. Je me sens si mal de ne pas avoir été là pour mon amie. Elle avait besoin de moi. Si seulement j'étais venue à elle avant le prince... tout aurait été différent, sûrement. 

Je tente de me frayer un chemin dans ce chaos en tentant de ne pas me faire mal, et cherche tout de même le carnet. Il est peut-être caché sous les débris. Je soulève chaque bout de verres, chaque bout de bois, chaque bout de métal, en vain... Il n'y a rien. Je trouve simplement une photo, que je prends et garde en poche.

Je sors alors de la chambre et cherche dans les autres pièces. Rien. Je soupire, désespérée. Aeryn sera tellement déçue. Et si le carnet tombe entre de mauvaises mains, je crains qu'elle soit en danger.

- Dis-moi ce que tu cherches, qu'on en finisse. Dit son père.

- Un carnet, lui dis-je, le carnet de dessins d'Aeryn. 

- Tout ça pour ça ? Dit-il en riant d'un ton moqueur. Il n'est pas là, tu peux lui dire. S'il était là, je l'aurais jeté dans la cheminée.

 Je me fige. Comment peut-il être si indifférent à l'égard de sa propre fille ? La colère monte en moi, mais je tente de la contenir. Pour Aeryn.

Je sors simplement la photo que j'avais ramassé plus tôt, et la lui tend. C'est une photo de lui, et d'Aeryn, enfant. Elle était dans ses bras, souriante. Il prend la photo de mes mains, et la regarde longuement.

- Vous avez le droit d'être en colère, mais ce que vous lui avez faits.. Dis-je avec dégoût. Cela dépasse tout entendement. Comment avez-vous pu lui faire autant de mal ?

- Qui es-tu pour questionner mes actions ?

- La véritable question est qui êtes-vous pour détruire mon amie de la sorte ? Êtes-vous véritablement son père ? 

Il blêmit mais ne dit rien. J'espère qu'Aeryn ne lui pardonnera jamais, jamais. Avant tout, j'espère qu'il ne sera jamais pris de remords, car une fois fait, et qu'il demandera pardon à Aeryn... Mon amie au cœur pur ne pourra pas le refouler, le rejeter, lui dire qu'il n'a rien fait pour mériter ce pardon.

- Et d'ailleurs... Combien le prince vous a payé ? Sûrement beaucoup en voyant les matières, habits et affaires luxueuses que vous avez dans la maison. 

Soudain, son visage commence à s'assombrir. Il s'approche dangereusement de moi, et je sens qu'il n'a plus aucune patience. Qu'il est sur le point d'exploser. Malgré moi, je commence à ressentir de la peur... Je commence à penser à ce qu'a ressentis Aeryn lorsqu'il la battait.

- Dehors ! S'écrie-t-il. Sors de chez moi ! Tout de suite ! 

Je me dirige alors lentement vers la sortie, les mains vides. J'ai pu le voir avant de sortir en train de jeter la photo de lui et sa fille dans les flammes de la cheminée. Et c'est sur cette vue que je me promets que je serais là pour toujours aux côtés d'Aeryn, qu'elle ait tort ou raison. 

La Légende du Soleil et de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant