KAELAN
Je m'assois sur la chaise, puis regarde mon frère fermer la porte derrière lui et s'approcher.
- Je n'arrive pas à croire que tu l'as amené là-bas ! S'écrie-t-il. Veux-tu qu'elle fasse les mêmes erreurs ?
- Ta fiancée avait besoin de respirer l'air frais. Elle allait devenir folle à force de rester dans sa chambre. Dis-je d'un ton neutre. Si tu t'occupais d'elle, je n'aurais pas à le faire à ta place.
- Elle est déjà devenue folle. Où dois-je te rappeler ce qu'il s'est passé il y a quelques minutes ?
Je le fixe longuement sans rien dire. Je sais que son éclat de rire hystérique n'était pas un coup de folie. C'était tout sauf un coup de folie. Même si je n'ai pas toutes les pièces du puzzle, je suis certain que la raison derrière cela remonte à leur première rencontre, Adriel et sa fiancée.
- Je l'ai dis maintes fois, Kaelan, et je le redirais..., me prévient-il, ne t'approche pas de ma fiancée !
- Sinon ?
Il me regarde, frustrée, sachant pertinemment qu'il ne pourra rien me faire. Et que si jamais un conflit se passe entre nous, j'aurais le soutien de nos alliés ainsi que de l'armée. Je dois avouer que l'expression sur son visage est bien plus amusante à regarder.
- N'as-tu aucune conscience ? Dit-il, la voix tremblante de colère. Tu ne peux pas te mettre entre deux personnes qui s'aiment !
Je me penche vers l'avant sur mon bureau, et croise mes doigts entre eux. Je le fixe avec un regard impassible, mes yeux plongeant dans les siens, évaluant ses paroles empreintes de frustration et de colère.
- Nous savons tous les deux que tu ne l'aimes pas, rétorqué-je. Tu n'as jamais aimé qui que ce soit d'autre que toi-même.
Son visage se crispe, je dis la vérité et il ne peut la nier.
- Qu'est-ce que t'en sait ? Dit-il d'une voix à peine audible.
- C'est évident. Tu n'as jamais aimé cette femme. Mais pourquoi l'avoir fiancé, alors ?
- Je l'aime... Dit-il doucement, je l'aime, je ne sais juste pas comment m'y prendre.
Je sors alors une arme d'un de mes tiroirs et la recharge, tout en maintenant un contact visuel avec Adriel.
- Si je tire une balle dans sa tête... tu pleureras ? Ton monde s'écroulera ? Lui demandé-je. Ton cœur se brisera ?
Il hoche la tête. Je ris d'un ton moqueur, sachant pertinemment la vérité qu'il nie, le mensonge est si flagrant. Je me lève, voulant voir jusqu'où il ira.
- Alors, testons cela.
- Quoi ? Kaelan ! S'écrie-t-il.
Sans l'attendre, je sors de mon bureau et me dirige vers sa chambre. Adriel court après moi en m'appelant, mais je ne lui accorde aucune importance.
J'entre dans la chambre de sa fiancée, tout est sombre, terriblement silencieux. L'obscurité de la chambre enveloppe mes pas, tandis que je me déplace avec assurance vers le canapé où Aeryn repose. Son visage éclairé par la lueur du soleil se couchant lui donne un air paisible, bien plus paisible qu'elle ne l'est réveillée.
- Kaelan, elle dort ! Dit-il doucement. Sors !
Je tends mon bras et pointe mon arme contre sa tempe, puis je tourne le regard vers mon frère. Il tentait de paraître inquiet, mais cela ne lui va pas du tout. Il est terrible pour le mensonge. Par contre, plus le temps passe et plus je sens que ma main devient lourde... Pour la première fois.
- Si je la tue... Dis-je d'une petite voix, que feras-tu, petit frère ? L'aimes-tu au point de brûler le monde et ce qu'il contient ? L'aimes-tu au point de la venger et tuer ton propre frère ?
- Non, je... C'est exagéré, Kaelan. Personne ne pourrait faire une chose pareille. Allez, repose ton arme. C'est assez.
- Tu te trompes, Adriel. Je le ferai. Si j'aimais cette femme, si je l'aimais réellement, je le ferai. Sans aucune hésitation.
Je serre le bout de l'arme contre sa peau, et j'attends une réaction de mon frère. Mais rien. En fait, il me regarde d'un air inquiet, mais ne fait rien, ne dit rien. Il semble s'inquiéter, non pas pour l'amour qu'il porte à sa fiancée, mais à ce qu'elle peut lui apporter. Car quand je le regarde, je ne vois pas d'amour, je ne vois rien... Ses yeux sont vides, remplis simplement d'un narcissisme sans précédent.
"Tire sur la gâchette, je t'en supplie, tue-moi. Tue-moi..."
Un sourire en coin se forme lorsque j'entends cette voix. J'en étais certain... Je retire alors mon arme et la place derrière mon dos.
- Retournons dans mon bureau, je n'ai pas finis de parler.
Puis je sors de sa chambre. Je retourne rapidement dans mon bureau, suivis de près par Adriel. Lorsqu'il rentre à son tour, je ferme la porte derrière moi et me tourne vers lui.
- Pour quel but l'utilises-tu, Adriel ? Que peut bien t'apporter la guérisseuse ? Lui demandé-je.
- Pour rien, Kaelan... Tu te fais de fausses idé-
- Ne ment plus, je déteste le mensonge. Dis-je froidement. C'est pour me prendre le trône, n'est-ce pas ?
Il secoue sa tête, niant chaque accusation.
- Tu veux mon trône, et tu utilises la guérisseuse pour cela... Dis-je, réalisant peu à peu. Mais ce trône est à moi, Adriel. Et si tu tentes de faire quoi que ce soit, abandonnes. J'ai toutes les cartes en main. Où dois-je te dire ce que j'ai sur toi ?
- Qu'as-tu sur moi ?
- Ne te rappelles-tu pas toutes les bêtises que j'ai nettoyé après tout ? Tous tes crimes que j'ai porté en mon nom ? C'est grâce à moi que le peuple pense que tu es un ange, et que je suis l'exact copie de père... S'ils savaient. S'ils savaient que le diable est si faible à tes côtés.
Puis sans lui laisser la parole, j'ouvre la porte, l'invitant indirectement à sortir et lui indiquant que j'ai finis ce que j'avais à dire. Il se dirige vers la sortie, encore sonné par les révélations.
- Si tu comptais véritablement utiliser ta fiancée contre moi, ne perds pas ton temps et renvoie-la chez son père. Lui lancé-je avant qu'il ne s'en aille.
Tout le monde saura que je suis l'héritier du trône, que j'irais aussi loin qu'il le faudra pour l'obtenir, même si cela signifie assassiner Adriel.
J'empêcherais quiconque de se mettre sur mon chemin.
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La Légende du Soleil et de la Lune
FantasyDans ce petit village, une jeune femme se retrouve confrontée au prince du Royaume de Kalsias. Aeryn, la fille d'un villageois est bien connue pour son don de guérir les maladies, bien plus efficacement que n'importe quel médecin. Ce don qu'elle ten...