114.

694 48 0
                                    

Les mains tremblantes, je les pose sur le torse du Roi. Il me regarde avec une rage intense, son visage marqué par la douleur. C'est moi qui ai causé cela. Et étrangement, je ne peux m'empêcher d'en être fière. J'ai réussi. Mais maintenant... je dois réparer mes actes.

- Je regrette... de ne pas t'avoir... tuée, dit-il difficilement. Sorcière.

- C'est moi qui le regrette, dis-je.

Il saisit mes poignets, mes mains reposant sur son torse pendant que je le soigne. Il plonge son regard dans le mien et je ne détourne pas les yeux, je le fixe profondément tandis que mes yeux changent de couleur. Je souris en le voyant commencer à se sentir mal à l'aise.

- Je vous ai guéri, dis-je froidement, mais croyez-moi, il aurait été préférable pour vous de mourir maintenant... votre Majesté.

- Que... Qu'es-tu, sorcière ? Bafouille-t-il, tentant de cacher sa peur.

Ses gardes arrivent et attachent mes mains. Je souris diaboliquement alors qu'il essaie de se redresser. Je ne vois qu'un avenir sanglant pour lui. Que ce soit de ma main ou de celle d'un autre.

- Je suis Aeryn, dis-je en souriant. Juste Aeryn.

Alors que je suis emmenée hors de la pièce, je lui dis une dernière fois :

- Les mains qui peuvent guérir peuvent aussi tuer, mon Roi.

Et chaque remède peut devenir un poison.

Et ainsi dit, on me ramène dans ma cellule. Je suis certaine de ne l'avoir guéri qu'en partie. J'ai soigné seulement la partie visible, mais j'ai essayé d'introduire un peu plus de poison dans son corps. Et j'ai réussi. Je ne savais pas que j'en étais capable, mais c'est le cas.

Et quand je mourrai (et par leurs propres mains), eh bien... malheureusement, il n'y aura plus de guérisseur. Si je dois tomber, je les entraînerai tous avec moi. Tant que Kaelan vivra.

- Alors, qu'en est-il de ta promesse ? Dis-je à Adriel.

Il était là, attendant devant la chambre de son père. Il s'approche de moi, souriant en me voyant attachée.

- Même si je déteste l'admettre, je suis le fils du Roi et le frère de Kaelan ; j'ai appris des deux, je ne suis pas un imbécile. Je sais ce qui m'attend si je libère mon frère. Il ne sera pas exécuté, ce qui signifie qu'il vivra, mais il ne sera pas libre.

Je n'attendais pas grand-chose de sa part. Au moins, j'ai obtenu quelque chose... Kaelan ne mourra pas. Il vivra. Et je lui fais confiance. Je sais qu'il réussira dans la vie, qu'il les vaincra et deviendra roi... mais je ne peux pas en dire autant de moi.

- Sois prudente, dit Adriel, ne pense pas que ton petit tour avec tes yeux me fera peur. Bien que... comment as-tu fait ?

- Tu ne t'en souviens pas ? Dis-je d'un ton moqueur. À quel point tu étais terrifié ce jour-là ? Tu étais presque prêt à pleurer pour ta maman. Maintenant, tu es confiant parce que je suis attachée...

Il fronce les sourcils, perplexe. Il ne se souvient toujours pas.

- De quoi parles-tu ?

- Souviens-toi, Adriel... Souviens-toi comment je t'ai attrapé par le cou et ai failli te tuer. Si ce n'était pas pour Kaelan. Souviens-toi.

Il fronce encore plus les sourcils. Regarder mes yeux sombres semble le faire se souvenir un peu. Et cela se confirme quand son visage devient pâle.

- Emmenez-la... dans sa cellule. Immédiatement.

Je souris alors que les gardes me tiennent par les bras.

- Me tuer ne mettra pas fin à ton cauchemar, Adriel, crié-je. Je trouverai un moyen et je te hanterai jusqu'à ce que t'en deviennes fou !

Je le vois simplement me tourner le dos, et je suis ramenée dans ma cellule. Mais au lieu d'ouvrir la mienne, ils ouvrent celle de Kaelan. Avant que je puisse poser des questions, ils me jettent au sol. Kaelan se précipite pour m'aider, tandis qu'ils ferment la porte de la cellule.

- Vous paierez tous pour votre manque de respect ! Crie-t-il, en colère, puis il me regarde, inquiet. Tu vas bien, Aeryn ? T'ont-ils fait quelque chose ?

- ... Non, mais j'ai guéri le roi, dis-je, d'une voix basse.

Il soupire.

- Et moi, je suis toujours dans ma cellule. Tu n'aurais pas dû lui faire confiance. Me dit-il.

Je sais. Mais... tu ne seras pas exécuté demain. Tu vivras. Dis-je en souriant faiblement.

Quoi ? Et toi ? Dit-il, surpris.

Je souris tristement. Je ne suis pas sauvée. Je prends simplement sa main et nous nous asseyons par terre. Devant mon absence de réponse, il comprend. Je ne vais pas y survivre. Je vis mes dernières heures.

- Je ne vivrai pas sans toi... dit-il faiblement. Tu ne peux pas me demander ça.

- Tu es plus fort que moi... tu vivras et feras tout ce que nous n'avons pas pu faire. Dis-je tristement. Je n'ai pas guéri complètement le roi, donc il mourra probablement une semaine après moi. Alors tu seras juste contre Adriel... et tu seras roi.

- Je suis plus faible que toi. Je ne peux me battre contre personne. Je ne veux plus me battre. Je te veux, seulement toi. Est-ce trop demander ?

Je pose simplement ma tête sur son épaule. Je sais que je suis égoïste de vouloir qu'il vive quand je ne le ferai pas... mais je ne peux pas le laisser mourir volontairement. C'est difficile à accepter. Si j'avais le choix, nous serions tous les deux libres et heureux. C'est tout ce que je veux. Rien d'autre.

- J'ai peur, dis-je faiblement. Oh, comme j'aurais souhaité mourir avant toi... mais maintenant... maintenant, j'ai tellement peur.

Il ne peut rien dire. Il cherche quelque chose dans sa poche, puis après l'avoir pris, il le regarde. C'est une bague.

- Tous les membres de la famille royale ont cette bague, explique-t-il, au cas où nous serions capturés par l'ennemi. Il y a du poison dedans... et il tue paisiblement.

Je redresse la tête, le regardant dans les yeux.

- Dis-moi que tu n'en as pas pris. Dis-je, ma voix tremblante d'inquiétude.

Je n"en ai pas pris, soupire-t-il. Mais je vais le faire. Un garde est venu me la donner... il a dit que ce serait mieux pour nous que l'exécution. Mais... je ne peux pas te la donner.

- Si tu la prends, je la prendrai aussi. Dis-je fermement. Si je dois mourir, je préférerais mourir dans tes bras.

Il la regarde plus longtemps et je vois des larmes couler sur ses joues. Il baisse profondément la tête, honteux.

- Je ne me le pardonnerais jamais, dit-il les larmes aux yeux, de ne pas t'avoir sauvé.

J'élève son visage avec ma main et l'embrasse sur la joue. Je souris tout en pleurant, essayant de le réconforter et de me réconforter en même temps.

- Tu m'as déjà assez sauvée... dis-je faiblement. Je sais qu'il y a une vie après la mort, et nous aurons une vie bien meilleure ensemble... Je t'aime, Kaelan.

Il rapproche l'anneau empoisonné de sa bouche, mon cœur bat la chamade à cette vue.

- Je t'aime aussi, Aeryn. Plus que tout.

Et il le prend. Il prend le poison et l'avale. Je prends le reste sans hésiter, mais je ne ressens rien. Nous pleurons tous les deux. C'est la fin. Je serre ses mains de plus en plus fort.

- Aujourd'hui, la lune s'éteindra auprès de son soleil, sussuré-je tristement.

Car aujourd'hui, c'est le jour où tout prend fin

La Légende du Soleil et de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant