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Je me sens plaquée contre un mur, pressée contre un corps. Je ne panique pas, car je sais que c'est lui. Je le reconnais à son touché, à son odeur.

Il a posé ses mains sur ma taille, exactement là où se trouvaient celles d'Adriel. Il me regarde, droit dans les yeux, comme si je pouvais y voir du feu.

- Kaelan, qu'est-ce que tu fais ? Murmuré-je.

Son toucher est plus possessif, plus exigeant. Je ne peux pas mentir, j'aime comment il est maintenant. Il approche son visage du mien, me faisant sentir son souffle chaud sur ma peau tremblante.

- Comment ose-t-il t'appeler sienne, quand je suis celui qui t'a fait mienne... Dit-il d'une voix basse et rauque.

J'essaie de regarder autour de nous, enfin... autant que je peux le faire puisque son corps me couvre entièrement la vue. Mais il m'a attrapé le menton, et m'a fait lever la tête pour le regarder dans les yeux.

- Garde tes yeux sur moi, princesse.

- Nous allons nous faire prendre, Kaelan... Soufflé-je. Nous...

Il se penche et écrase ses lèvres sur les miennes. Il m'embrasse, et je ne peux pas le rejeter... Je lui rends son baiser, avec autant d'ardeur que lui. Il prend mes deux mains avec une seule, et les coince au-dessus de ma tête. Il met une de ses jambes entre mes cuisses, et approfondit encore plus notre baiser.

Au bout d'un moment, il s'éloigne, à ma grande frustration.

- J'aime beaucoup ta voix, ma jolie lune, mais parfois tu parles trop. Dit-il en souriant.

- Parce que j'ai littéralement une liaison avec mon soi-disant beau-frère, nous devons être prudents.

Il me regarde avec une telle tendresse que j'ai l'impression que le monde entier se fige, et il me caresse la joue, ce qui me met encore plus dans tous mes états. Il garde son front sur le mien, et de temps en temps, nos nez se touchent.

- J'espère que tu ne regrettes rien, murmure-t-il, parce que moi, je ne regrette rien.

Mes yeux s'emplissent de quelque chose de différent... ce n'est pas du désir, ce n'est pas de l'amitié, c'est... quelque chose que les mots ne peuvent pas décrire. Je ne peux pas mettre un nom dessus. Mais cette chose touche tout mon cœur, tout mon corps...

- Moi non plus. Dis-je en souriant. Tu me fais faire des choses que je ne pensais pas pouvoir faire...

- Je sais... Si mon ancien moi m'avait vu, il m'aurait battu pour mon imprudence. Dit-il en riant. Ce n'était pas une bonne idée de courir après la fiancée de mon frère, mais enfin... ce n'est pas moi qui l'ai décidé.

Je pose ma main sur sa joue, et la caresse doucement. Sa peau est à la fois rugueuse et douce. Sa petite barbe me chatouille la peau, mais la sensation de la toucher m'apporte un grand réconfort.

- Ton rire est si beau, dis-je d'une voix douce. Mon Dieu, c'est une telle bénédiction pour mon oreille.

Kaelan s'éloigne d'un pas, surpris. Ses joues commencent à prendre une couleur... rouge. Il rougit. Et c'est moi qui suis surprise maintenant. Ce grand homme, ce combattant, ce prince, cet homme qui peut tout détruire, cet homme que le monde craint depuis sa naissance, cet homme rougit... à cause de mon compliment ?

Il détourne légèrement le regard, clairement gêné. Sa réaction m'arrache un petit sourire discret. Il prend ensuite la paume de ma main qui était sur sa joue et l'embrasse longuement en fermant les yeux.

- Je n'ai pas l'habitude de... recevoir des compliments. Dit-il d'une voix timide.

J'ai passé mes mains autour de son cou, et je l'ai approché davantage.

- Tu dois t'y habituer, car tu recevras beaucoup plus de compliments à partir de maintenant. Dis-je en souriant.

Kaelan sourit doucement, ses yeux fixés sur les miens. La tension entre nous semble s'intensifier, comme si chaque moment passé ensemble renforçait ce lien inexplicable qui grandit entre nous.

- Je suppose que je devrai m'y faire, alors, dit-il avec un petit rire.

Sa voix, légèrement rauque, vibre dans l'air entre nous. Je sens mon cœur battre plus fort, et je suis submergée par une vague de chaleur. Chaque petit geste, chaque sourire échangé, tout cela semble si naturel, comme si nous étions faits l'un pour l'autre. Je me sens en sécurité avec lui, comme si je pouvais être moi-même sans aucune peur ni retenue.

- Aeryn... La princesse veut me rejoindre ce soir dans mon bureau, me prévient-il, et je veux que tu sois là.

- Mais qu'allons-nous lui dire ? Dis-je, les sourcils froncés. Elle nous soupçonnera.

- Tu viendras après elle, et je ferais mine de t'avoir appelé. Me dit-il. 

Je hoche lentement la tête. Kaelan ne s'éloigne pas de moi, cependant. Il se penche à nouveau pour m'embrasser une seconde fois, mais une voix l'arrête. Je sens tous mes muscles se figer en entendant la voix de la princesse. Kaelan me couvre la bouche avec sa main, tentant de garder son sang-froid.

- Dame Aeryn n'est pas dans sa chambre ? Demande la princesse à je-ne-sais-qui.

- Non, votre Altesse. Elle disait vouloir parler avec une de ses amies, elle reviendra bientôt.

Safiya. Elle est ici, et je me sens un petit peu rassurée.

- Oh, c'est dommage. Je désirais discuter avec elle, mais ce n'est pas grave. Une prochaine fois.

Je fronce les sourcils. De quoi voulait-elle discuter ? Elle a une aura qui ne m'inspire pas confiance. Je ne pense pas vouloir créer des liens avec elle, même pour une alliance.

Mon coeur se met à battre rapidement lorsque j'entends des pas se rapprocher de nous. Le couloir où nous nous trouvons est assez sombre, même s'il y a une certaine et faible luminosité.

- Votre Altesse, ma Dame, vous pouvez sortir, entendis-je Safiya parler, la voie est claire.

Kaelan s'éloigne de moi, gardant son calme. Il regarde Safiya, comme si nous n'étions pas pris en flagrant délit. Comme si nous n'étions pas en train de commettre un crime mortel.

- Merci, Safiya. Répond-il.

Elle nous sourit, puis nous laisse un passage pour que nous puissions passer. Kaelan me tient la main, et nous fait sortir sous les yeux de Safiya. Je n'ose pas la regarder. Elle doit être certaine désormais de ce qui se passe entre nous.

- On se revoit au dîner, dit-il en souriant.

Puis il s'en va, me laissant toujours sous l'effet de la panique. Je n'arrive pas à croire qu'il est aussi calme, alors que si ce n'était pas Safiya, nous aurions eu de sérieux problèmes...

Je suppose qu'il s'agissait d'un avertissement pour que nous soyons plus prudents. Mais c'est sa tête obstinée que je dois convaincre, et c'est sur moi-même que je dois garder le contrôle. 

La Légende du Soleil et de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant