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Durant les jours suivants, j'ai toujours dû prétendre aimer Adriel. Je sais que c'est inutile, puisque le prince Kaelan sait que c'est un mensonge. Et à vrai dire, je n'essaie pas de paraître convaincante. Je fais seulement ce que je dois faire pour la survie d'Eliza... et de mon père.

- Père ? Dit Adriel, avec surprise.

Le roi fait son entré dans la salle à manger pour le dîner et nous nous levons. Depuis la dernière fois où je lui ai répondu pour Eliza, il ne nous a pas rejoint. Adriel me le reproche à chaque fois, d'ailleurs. 

- Vous pouvez vous asseoir, dit-il avant de s'asseoir.

Il ne dit rien et se contente de prendre ses couverts. La pièce est terriblement silencieuse, laissant mes pensées vagabonder librement dans mon esprit. Ces derniers jours, je n'ai cessé de penser au prince... Je crois que le pire n'est pas de penser à lui, le pire c'est que je ne regrette rien. Littéralement rien.

J'aurais fait la même chose à chaque fois, si j'avais pu.

- Père...

Je lève la tête, surprise d'entendre le prince parler. Il ne parle à son père seulement si celui-ci lui adresse la parole en premier.  Le prince Kaelan prend une grande respiration, puis pose ses couvercles alors que l'attention de son père se tourne sur lui.

- Je voudrais vous demander la permission, dit-il doucement, je viens d'avoir la nouvelle, l'état de nos soldats se dégrade et j'aimerais les visiter.

Je sens mon cœur battre à toute vitesse. Il se passe quelque chose en moi, j'ai peur. Je ne veux pas qu'il s'en aille. Vérifier l'état des soldats signifie qu'il doit retourner à la guerre. Je ne veux pas qu'il y retourne. Mon seul espoir est que le roi refuse de le laisser partir.

- Je n'y vois aucun inconvénient, cependant, n'avais-tu pas un mariage à préparer ? Demande le roi.

- Je ne pense pas que ce soit si grave de faire une pause de quelques jours, j'ai besoin de respirer un peu. Lui répond le prince. Dès que je retourne, nous pourrons reprendre la recherche d'une femme.

- ... Et bien, ce sont tes soldats, Kaelan. Lui dit le roi. Si c'est ce que tu veux, alors soit.

Mon cœur se serre. J'ai l'impression que tout est en train de s'effondrer. Retourner à la guerre signifie qu'il y a une chance qu'il ne revienne pas. Non seulement parce qu'il pourrait être pris pour cible par l'ennemi et tué, mais aussi pour échapper à son destin d'épouser une femme qu'il n'aime pas. 

S'il part à la guerre, je ne pourrai pas me marier car il est toujours officiel que l'héritier cherche une épouse... Et en même temps, il n'aura pas à la chercher, car il n'aura pas le temps à la guerre. Cela nous aidera tous les deux, lui et moi... mais je n'arrive pas à le digérer. Pourquoi est-ce que je me sens ainsi ?

- Dans ce cas, faites-nous une exception, permettez-nous de nous marier, dit Adriel à son père. Puisque le prince héritier sera à la guerre, tous nous excuserons.

- Nous en avons déjà parlés, Adriel. Rétorque le roi. Sois patient.

Adriel soupire discrètement, craignant être entendu par le roi. Son regard croise ensuite celui de son frère, livide. Les deux se défient longuement du regard pendant un moment, puis Adriel finit par prendre ma main dans la sienne et en embrasser le dos tout en gardant ses yeux fixés dans ceux de son frère.

- Ne t'inquiète pas, mon amour. Me dit-il doucement. Nous allons bientôt nous marier... Je sais que tu meurs d'impatience.

Je ne dis rien, tout ce que j'ai en tête, c'est le départ de Kaelan et s'il reviendra. Je veux lui parler, lui demander de me promettre qu'il reviendra... Qu'il me reviendra. Mais au nom de qui vais-je lui demander cette promesse ? Je ne suis personne pour lui. Simplement une habitante temporaire dans son palais.

Un pion.

Et peut-être même une inconvénience.

Je garde la tête baissée pendant tout le long du dîner, et lorsque le roi s'en va, nous pouvions nous lever. Adriel ne me laisse pas seul, il prend ma main et nous sort tous les deux de la pièce. Je n'ose pas lancer un regard au prince, alors je continue de marcher la tête baissée.

- Je crois que je te préfère silencieuse ainsi, commente Adriel avec un sourire narquois, tu me causes nettement moins d'ennuis.

- Crois-moi, Adriel, le jour où je n'aurais plus rien à perdre... je prendrais le risque de me faire bannir du paradis.

Il rit légèrement, ne me prenant pas au sérieux. Si je reste plus longtemps avec cet homme, je crains que je vais me perdre dans les ténèbres. Damnée sera mon âme, et à jamais mon nom sera maudit. Je crains que ma douleur ne devienne qu'une rage incontrôlable.

Adriel m'accompagne jusqu'à ma chambre, cependant, je n'ouvre pas la porte. Je lui demande de partir, car je ne lui fais pas confiance. Je n'ai aucune certitude qu'il ne s'enfermera pas avec moi, alors j'attends. Il rit encore, mais finis par s'en aller et je soupire de soulagement.

Je vérifie encore une fois qu'il soit partie, puis j'ouvre la porte de ma chambre. J'entre à l'intérieur, puis j'allais fermer la porte derrière moi mais sans que je ne le vois venir, quelqu'un empêche la porte de se fermer. 

Tout se passe si rapidement, je n'ai pas le temps de voir la personne qui me pousse à l'intérieur puis ferme la porte brusquement derrière nous, ni qui me plaque contre le mur en posant sa main sur ma bouche. Je pensais que c'était Adriel, et la panique me prend. L'obscurité de la pièce ne me permet pas de l'identifier.

Mais je ne me débats pas, malgré une peur passagère, ma respiration se calme et je baisse ma garde. Cette odeur intoxicante... Je ne la reconnais que trop bien. Son bras entoure mon dos, la pression de son corps contre le mien... Mon souffle se coupe, alors qu'il ouvre la lumière. 

- Surprise de me voir ?

Prince Kaelan...

La Légende du Soleil et de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant