35.

937 84 0
                                    

- Tu t'en vas ? Me demande le petit garçon.

- Non, je vais réveiller ton corps maintenant. Lui répondis-je.

Il me sourit alors, heureux. Je me lève, m'apprêtant à quitter son esprit mais il m'arrête.

- J'ai peur dans le noir, Aeryn. Il n'y aura plus de noir, hein ?

- Non, petit Adam. Dis-je en souriant. Il fera toujours beau, ici. Tu seras heureux à jamais.

Il me prend alors dans ses bras, me permettant de ressentir tout l'espoir qu'il a mis en moi. Je ne le décevrais pas. S'il faut que j'aille chercher son père personnellement au champ de bataille, je le ferais.

Puis petit à petit, je sors de son esprit et reviens à moi-même. Je retire mes mains pour permettre à Adam de se réveiller, et c'est ce qui se passe dans les secondes qui suivent. Il cligne des yeux plusieurs fois, et regarde autour de lui.

J'appelle à voix haute sa mère, et sa grand-mère, qui entrent rapidement à l'intérieur de la chambre. Elles ne réagissent pas puisqu'elles ne savent pas ce que j'ai réellement fais.

- Avez-vous finis de l'examiner ? Me demande sa mère.

Avant que je ne puisse répondre, la petite voix du garçon résonne dans toute la chambre.

- Ma... Maman...

Immédiatement, sa mère s'approche de lui et le prend dans ses bras. Cette vue m'arrache un sourire et me réchauffe le cœur.

- Je n'ai plus froid, maman.

La mère tourne sa tête vers moi, surprise.

- Comment... Comment avez-vous fait ?

- Je l'ai guéris, dis-je en souriant, totalement.

Safiya s'approche, elle aussi est confuse. Je sais que la question arrive, et je sais qu'il n'y a d'autres explications à donner qu'avec la vérité. Alors je prends une grande inspiration, et me prépare à révéler ce que je suis véritablement.

- Comment... ?

- Promettez-moi de ne jamais le dire à qui que ce soit... Ma vie en dépend. Leur dis-je doucement.

Les deux femmes se regardent, et je me doute qu'elles ont dû deviner mais elles ont besoin d'une confirmation. D'une sincérité visible, elles promettent de taire mon secret à jamais, me donnant enfin assez de confiance pour parler.

- ... Je suis la guérisseuse, celle que le roi cherchait.

Les regards des deux femmes passent de la confusion à la surprise et à l'étonnement. Elles semblent prendre un moment pour assimiler cette révélation.

- Mais ma Dame... Vous êtes en danger, dans ce cas. Vous...

Et elle s'arrête un instant, réalisant petit à petit ce qui se trame.

- Il le sait déjà, dit-elle doucement, prince Adriel le sait déjà.

Je hoche la tête. Je ne sais pas ce qu'elle fera de cette information, mais je vais éviter d'en dire encore plus pour ne pas lui faire des problèmes, et m'en faire également si jamais Adriel découvre que j'ai parlée. J'en ai déjà trop dit, à mon avis.

- Je pense qu'il est temps pour moi de rentrer. Leur dis-je. Je ne voudrais pas que le prince remarque mon absence.

- Votre Altesse, merci. Mille mercis. Me dit la mère de l'enfant. Vous avez sauvés mon fils, et moi. Je prierais pour que votre vie soit remplie de bonheur.

Je lui souris doucement. Ce sentiment de sauver une vie me manquait tant. J'en avais besoin, simplement pour que je puisse continuer de me battre. Juste pour me rappeler que la partie n'est pas encore terminé.

Adriel est peut-être gagnant pour le moment, mais la fin n'est jamais certaine.

- Si jamais vous avez besoin de moi, n'hésitez pas à m'appeler. Je viendrais avec joie. Assuré-je. Cela a été un véritable plaisir de vous rencontrer.

La mère d'Adam acquiesce en souriant, je la salue, elle et Safiya, puis m'en vais. En me voyant à l'extérieur, le chauffeur de la voiture sort et m'ouvre la portière. J'entre à l'intérieur et il prend sa place, puis démarre. Adriel n'a pas intérêt à avoir pris connaissance de ma sortie.

J'arrive enfin au palais après quelques minutes. Aujourd'hui, je me sens si bien que rien ne peut gâcher cela. Pas même Adriel.

Je finis alors par rentrer dans ma chambre. Le seul endroit où je me sens quelque peu en sécurité. Je retire mon manteau et m'affale sur le canapé. Même si ce n'est pas mon intention première, je commence à me faire des alliés au sein du palais. Safiya est la première.

Avoir des alliés m'est primordiale si je veux avoir plus de chances de survivre, et d'exécuter ma vengeance. En fait, je n'ai pas réellement besoin d'alliés. Je dois juste révéler aux gens la véritable nature d'Adriel, pour que le moment venu, ils puissent se ranger d'eux-mêmes sur le bon côté.

Le mien.

- Aeryn !

Je me relève en entendant Adriel crier mon nom. Sa voix est menaçante, suivis par sa gesture qui ne présage rien de bon.

J'allais lui faire face, enterrant ma peur au plus profond de mon être... enfin, jusqu'à ce que je le vois fermer la porte de ma chambre à clé. Et il n'y a que nous deux. Lui et moi. Moi et lui. Nous deux. Seuls.

Je respire. Rapidement. Personne... personne ne viendra. Personne ne m'entendra.

Je prends en main le vase posé sur la table de chevet et le lève en l'air, les mains tremblantes.

- Sors ! M'écrié-je. Sors !

Adriel rit.

- Toujours aussi peur ? Dit-il en souriant. Bien. Très bien. J'en suis satisfais.

- Sors !

Il s'approche d'un coup, et pose ses lèvres sur les miennes.

- J'en ai marre que tu me rejettes, dit-il d'une petite voix.

...

- Très bien, prenez-la. Je ne veux plus d'une... de quelqu'un comme elle sous mon toit. Dit mon père en me regardant de travers. Si vous ne la prenez pas, je vais la jeter dehors. Ou si Dieu ne m'en préserve pas, j'aurais son sang sur les mains.

Tout devien flou. Il a fermé la porte à clé. Il nous a enfermé. Tous les deux. Seuls. Mon Dieu. Mon Dieu. Mon Dieu. Je n'arrive pas à respirer. Je n'arrive plus à voir. Les voix et les images se mélangent, et j'en tombe sur le sol.

Puis enfin, comme une corde me tirant vers le haut, une seule voix réussit à me faire sortir de cette transe.

La Légende du Soleil et de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant