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Nous arrivons chez Safiya. Sa demeure est assez modeste, elle ressemble beaucoup à mon ancien chez moi. Ce sentiment de familiarité me rend directement à l'aise.

- Ma Dame, êtes-vous sûre de vouloir le voir ? Me demande Safiya, hésitante. Il est malade, et... et je ne voudrais pas vous causer de problèmes.

- S'ils veulent me causer des problèmes, qu'ils le fassent. Mais je vous ai fais une promesse, à vous et votre petit-fils, et je tiendrais cette promesse.

Safiya me regarde avec gratitude dans les yeux. Je lui fais un petit sourire, avant qu'elle ne me guide jusqu'à la chambre de son petit-fils. Elle m'ouvre la porte qui grince légèrement et j'entre avec précaution. La pièce est emplie d'une atmosphère lourde et silencieuse. 

Je vois le petit garçon se reposer sur un lit avec une femme à ses côtés, qui je suppose est sa mère. La respiration du petit est faible et irrégulière. Ses yeux sont vitreux, et ses joues sont creuses, témoignant de la lutte qu'il mène contre sa maladie. Je tourne ma tête vers Safiya, comprenant que la situation est encore plus grave que je le pensais. Elle me fait seulement un sourire triste.

La mère du petit garçon me regarde, je peux comprendre à son regard qu'elle ne me reconnait pas, et tant mieux. Elle se demande simplement ce que je fais ici, elle et son fils me suivent du regard, alors que je me pose au côté du petit garçon et je m'abaisse à sa hauteur.

- Comment tu t'appelles ? Demandé-je tendrement.

- A... Adam... Répond-il d'une petite voix faible.

Je lui fais un petit sourire puis lui caresse les cheveux. Je m'assois près de lui, prenant délicatement sa main dans la mienne. La chaleur de sa paume me frappe, contrastant avec la fragilité de son corps. Je peux sentir la tension et la peur dans la pièce, l'angoisse palpable de sa mère.

- Salut, Adam. Moi, je m'appelle Aeryn. Dis-je d'une voix douce. Je suis une infirmière.

A l'entente de mon nom, sa mère allait se lever, m'ayant sûrement reconnue mais je lui fais un signe de main pour qu'elle reste assise. Nous ne sommes pas au palais, ces formalités sont inutiles.

Adam me regarde avec curiosité, ses grands yeux remplis d'espoir fixés sur moi. Je sais qu'il ne comprend peut-être pas complètement qui je suis, mais je veux lui offrir un peu de réconfort dans ces moments difficiles. Je tourne alors ma tête vers sa mère.

- J'aimerais vous parler pendant un instant, lui demandé-je.

Elle hoche la tête puis se lève, laissant derrière elle un petit garçon au regard effrayé, ne comprenant pas ce qu'il se passe. Je me mets de côté avec sa mère, et Safiya, pour que nous puissions discuter.

- Je sais que c'est très soudain, mais j'ai besoin que vous me faites confiance. Leur dis-je doucement. Je peux trouver une solution pour Adam, je dois d'abord l'examiner seule.

- Votre Altesse... Vous... Que pouvez-vous bien faire ? Les médecins n'ont rien pu faire, alors... dit la mère les larmes aux yeux. 

Je prends ses mains dans les miennes, comprenant sa tristesse.

- Faites-moi confiance, dis-je tendrement, votre fils ira bien. Tout ira bien, je vous le promets.

- Si ma Dame le promet... Alors je ne peux que vous faire confiance. Me dit Safiya. Allez, viens ma fille.

Je remercie Safiya en la gratifiant d'un sourire, puis elle et la mère d'Adam sortent de la chambre. Une fois seule, je m'approche et me concentre sur Adam. Il a toujours cet air confus.

- Où est ma maman ? dit-il d'une petite voix.

- Maman est dehors, elle attend pendant que je vais te guérir. 

Je prends une grande inspiration, sachant que je n'ai pas le droit à l'erreur. Je donne doucement les indications à Adam, lui demandant de s'allonger en fermant les yeux, et de soulever son haut.

Je pose mes mains sur son torse, et ferme à mon tour mes yeux. Pour la première fois depuis des jours, je sens une montée de force dans mon corps parcourir chacune de mes veines. C'est plaisant... si plaisant.

Alors que je me concentre sur la guérison d'Adam, l'énergie commence à se déverser de mes mains dans son corps. Je sens une chaleur douce se répandre à travers mes paumes, pénétrant sa peau et se mêlant à sa propre énergie vitale. Une vague de calme et de confiance m'envahit alors que je me connecte avec son âme.

Puis enfin, j'arrive à parvenir à son âme. Je suis à présent à l'intérieur de son esprit, cherchant un signe de vie. Son esprit est divisé en deux côtés, l'un coloré et plein de vie, l'autre sombre et désert.

L'âme d'Adam est du côté sombre, il est assis près de la frontière, amenant ses jambes contre son torse. Je m'approche lentement de lui et m'abaisse à sa hauteur, il ne semble pas me remarquer jusqu'à ce que je pose ma main sur son épaule.

- Adam ?

Il sursaute, surpris de me voir ici. 

- C'est toi...

- Oui, c'est moi, Aeryn. Dis-je en souriant tendrement.

Je tente de le distraire, pendant que mon don se faufile dans son corps, détruisant chaque cellule causant sa maladie et ne lui permettant pas de guérir. Cet enfant n'a pas seulement besoin d'être guéris physiquement...

- Est-ce que mon papa est avec toi ? Demande-t-il doucement.

Et je viens de comprendre sa source de détresse.

- Où est donc partis ton papa ? Lui demandé-je.

- A la guerre.

Adam baisse la tête, les larmes commençant à couler le long de ses joues. Je ressens la douleur dans son cœur, la peur et l'incertitude qui l'assaillent. Je lui prends doucement les mains dans les miennes, cherchant à lui offrir un peu de réconfort.

- Je connais le roi et les princes, Adam, je vais leur dire de demander à ton papa de revenir. D'accord ?

- Tu feras ça ?

J'acquiesce, et immédiatement son visage s'illumine. Pourtant, je me demande à qui je pourrais bien demander cette faveur. Le roi, je ne le vois plus. Adriel, il enverra l'homme dans un endroit encore plus dangereux pour qu'il ne revienne pas... Et le prince Kaelan, pourquoi m'écouterait-il ?

- Aeryn... regarde. Me dit-il en pointant du doigt une place en face de lui.

Je me tourne et vois que sur l'herbe sèche de nouvelles fleurs se mettent à pousser. Des couleurs apparaissent, et la froideur de ce lieu diminue progressivement laissant place à une chaleur particulière.

Je souris, comprenant le sens de ce changement. Adam est en train de guérir, mon don a fonctionné... 

J'ai réussis.

La Légende du Soleil et de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant