Chapitre 6 - Samrata (2/2)

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Le lendemain, aux premiers rayons du soleil, le navire loeknohrien n'était plus qu'à quelques centaines de pas du port

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Le lendemain, aux premiers rayons du soleil, le navire loeknohrien n'était plus qu'à quelques centaines de pas du port. Le général Tenzin patientait déjà sur le quai. Plusieurs dizaines de soldats l'entouraient, tous arborant fièrement le blason de la brigade portuaire sur leur uniforme. Le jeune officier qui, la veille, avait porté le message à l'Empereur, se trouvait au premier rang. Du haut de ses vingt-deux ans, Dao n'en menait pas large. Cela faisait à peine deux ans qu'il avait terminé son instruction à l'Académie, et il n'était qu'officier. Mais au-delà de ça, c'était surtout ses liens de sang qui lui avaient valu cette place aux premières loges. Dao était en effet le neveu du général Tenzin.

Derrière, ou plutôt au-dessus d'eux, la cité impériale commençait à sortir de sa torpeur. Les marchands s'affairaient à ouvrir leur échoppe, installant quelques étalages sur le côté des routes pavées, les boulangers sortaient leur première fournée et les charrons coupaient, ponçaient et clouaient déjà, au rythme des coups de marteau des forgerons. Les centaines de rues qui s'élevaient des bords de quais jusqu'aux hauteurs du château foisonnaient de vie.

Aussitôt le navire amarré, Dao tenta une approche vers le capitaine, suivant les ordres de son oncle. Mais il n'eut pas posé le pied sur la passerelle qu'un puissant guerrier s'interposa devant lui. Le jeune officier leva la tête vers lui et se risqua à affronter son regard féroce. Il se serait très certainement replié de lui-même si le capitaine n'était pas intervenu à cet instant.

Les deux Loeknohriens s'échangèrent quelques paroles en narroek, puis le guerrier se poussa sur le côté, laissant son capitaine descendre la passerelle.

– Veuillez décliner votre identité, la raison de votre venue et ce que vous transportez, enjoignit Dao, feignant une autorité bien assumée qui tranchait singulièrement avec sa physionomie juvénile.

Il avait délibérément accentué les inflexions de sa voix, la rendant aussi grave que possible, d'une manière si exagérée que c'en était presque risible.

– Taegnor, je suis là pour le commerce. Vous pouvez bien fouiller mon navire, vous n'y trouverez que des guerriers affamés par la traversée et des esclaves sans grand intérêt. C'est bien la première fois que je reçois un accueil si pointilleux à Samrata, que se passe-t-il ? demanda-t-il en jetant un coup d'œil aux gardes.

Il s'était exprimé dans un parfait samra, d'une voix à peine marquée par l'accent si abrupt et dissonant de son peuple. Pourtant, nombre de ses traits en attestait l'affiliation. De ses longs cheveux blonds qui encadraient avec fierté son visage endurci de guerrier, au magnétisme qui se dégageait de son regard, aussi froid que l'acier d'une épée.

Les yeux du capitaine s'arrêtèrent quelques instants sur le général Tenzin, avant de se transformer en deux aigues-marines.

– Eh ! s'exclama un autre garde, quelques pas derrière eux. Vous n'avez pas le droit d'utiliser votre don sur des soldats de l'armée impériale ! Arrêtez immédiatement !

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant