Chapitre 10 - Kungmaa (1/2)

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Était-ce l'odeur pestilentielle, la soif qui lui tiraillait la gorge ou la douleur lancinante l'avait réveillé ? Tashi reprit connaissance dans une pièce froide et très sombre

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Était-ce l'odeur pestilentielle, la soif qui lui tiraillait la gorge ou la douleur lancinante l'avait réveillé ? Tashi reprit connaissance dans une pièce froide et très sombre. Il était suspendu au mur par des cordes qui serraient ses poignets à les écorcher. Le prisonnier s'efforça de se redresser pour soulager ses articulations meurtries, mais réalisa aussitôt que ses jambes avaient à peine la force de le supporter. Il n'eut d'autre choix que de s'adosser contre les pierres humides du mur auquel on l'avait attaché.

Il avait le vague souvenir de s'être vaillamment battu, mais la plaie à peine cautérisée qui lui entaillait le bras et ses multiples contusions ne manquaient pas de lui rappeler sa défaite. Depuis combien de temps gisait-il dans cette geôle putride ? Il n'en avait pas la moindre idée. La salle baignait dans une profonde obscurité. Seules quelques lueurs parvenant de derrière l'unique porte de la cellule en éclairaient le sol. Reprenant tout juste connaissance, sa vision n'eut aucun mal à s'adapter à cette pénombre.

Il distinguait les quatre murs de la pièce, ainsi que des outils qui ne le rassurèrent pas. Entreposés sur une table à quelques pas de lui, ceux-ci étaient sans nul doute des objets de torture. S'il avait hésité jusqu'à présent à crier pour signaler son réveil, cette idée l'avait aussitôt quitté. Mourir de soif était certainement une meilleure option. Mais pourquoi tant d'acharnement ? Le seul tort qu'on pouvait lui reprocher, celui qui justifiait son arrestation, c'était celui d'avoir usurpé l'identité de Jigme Bhagya. Il aurait compris qu'on l'exécute sur le champ, ou qu'on le fasse prisonnier pour le monnayer ensuite, bien que sa valeur lui parût tout à fait dérisoire. Mais pourquoi le torturer ? Les Loeknohriens étaient-ils pervers au point de persécuter leurs détenus pour le plaisir ? Ou croyaient-ils réellement obtenir un quelconque renseignement de lui ? S'ils avaient deviné qu'on l'avait envoyé à la place de Jigme, ils auraient dû se douter que c'était parce que sa vie était de moindre importance, tout comme le peu d'informations qu'il détenait.

Après avoir fait le tour de toutes les hypothèses plausibles, il repensa à elle. Jusqu'alors, il avait réussi à la chasser de son esprit, il aurait juré que c'était cela qui l'aurait trahi. Pourtant, il s'était montré intransigeant envers lui-même, renonçant à ses sentiments, à ce qu'il était. Mais alors, quoi ? Le jeune Dongārien écarta cette question, il n'avait pas le temps de se perdre dans de futiles investigations. Il devait trouver un moyen de s'évader. La simple évocation de son souvenir si doux avait réveillé ses espoirs les plus fous, une énergie nouvelle animait son corps, le désir ardent de la revoir, ne serait-ce qu'une dernière fois, rien qu'une fois. Mourir de soif dans cette cave fétide n'était plus une option. Il devait s'échapper, mais comment ? Il baissa la tête pour constater l'absence de son pendentif autour du cou. Le contraire l'aurait surpris. Il avait à peine la force de tenir debout et les liens qui lui enserraient les poignets semblaient très résistants. Son principal atout avait toujours été sa capacité à réfléchir et trouver des solutions, même dans les situations les plus désespérées. Mais cette fois-ci, il n'y en avait pas.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant