Au commencement, le Pi, force mystérieuse, se fragmenta en douze gemmes. Chacune incarnant sa puissance. Chacune assignée à un Héritier.
La disparition de la fille du Chef des Clans menace de semer la discorde entre les quatre peuples d'elfes. À tr...
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Sigraed se leva sans rechigner, il avait l'habitude d'obéir sans faire d'histoires. Il était de ces êtres qui se sentaient reconnaissants d'être seulement en vie.
Il s'adressa à sa mère dans leur langue natale.
Si Tashi n'en comprit pas le moindre mot, il n'eut toutefois aucun mal à percevoir sa surprise, son inquiétude et sa méfiance.
L'humaine lui répondit aussitôt. Tashi fut touché par la dureté de sa voix, si différente de quand elle s'exprimait en samra, hésitante et craintive. Il les entendit s'échanger plusieurs paroles et finit par sentir le regard du fils tourné vers lui, empli d'une amertume dévorante.
Le gamin lui en voulait d'avoir croisé leur chemin, et de lui imposer maintenant cette possibilité de le suivre, d'abandonner les siens à leur terrible sort. Il n'en voulait pas. Jamais. Il n'était pas un lâche.
– Je refuse de fuir. Tu crois que je suis trop jeune pour comprendre ? Tu veux me protéger, mais qui te protégera, toi ? Qui te guérira quand tu rentreras, presque morte ?
Une indicible répulsion se dessina sur son visage, sans que Tashi ne puisse savoir si son dégoût lui était destiné. Il fut tenté de s'introduire dans son esprit, mais se l'interdit, pressentant qu'il s'agissait là d'un simple conflit entre une mère et son fils.
– Je t'abandonnerai pas ! Tu dois me croire. Un jour, t'auras plus à avoir peur. Regarde, déclara-t-il en sortant de sa poche quatre pièces dorées qui étincelaient à la lueur du feu. J'ai gagné ces dards seul ! J'attendais d'en avoir plus pour te faire une surprise, mais...
Sous le regard interdit de Tashi, l'humaine avait empoigné les deux épaules de son fils, et le secouait maintenant avec une violence qu'il ne lui aurait pas cru capable. Il devina que les quelques pièces étaient à l'origine de son visage blême et de la terreur que ses yeux témoignaient.
– Es-tu devenu fou ? Comment est-ce que tu as eu ça ! s'écria-t-elle d'une voix démente. Ne sais-tu pas ce que l'on risquerait si l'on nous découvrait en possession de ces pièces ?
– Aïe, tu me fais mal ! protesta-t-il en cherchant à se débattre. Des larmes commençaient à couler le long de ses joues.
La mère sembla retrouver ses esprits en voyant son fils sangloter et cessa de le secouer pour le serrer fort dans ses bras. Elle se mit à son tour à pleurer sur son épaule.
– Je suis désolée, gémit-elle.
– J'ai fait tout ça pour nous, sanglota-t-il. J'suis plus un enfant. Pourquoi est-ce que tu le vois pas ?
Elle relâcha son emprise sur son fils et se redressa lentement, sous le regard apeuré de la fillette qui venait d'être réveillée par leurs cris.
– Qui te les a données ? demanda-t-elle avec autant de douceur que de fermeté.
